Conditionnement artificiel de l'huître Crassostrea gigas

Autre(s) titre(s) Artificial conditioning of Crasssotrea gigas
Type Thèse
Date 2001-11-26
Langue(s) Français
Auteur(s) Jorge Eduardo Chávez Villalba
Université Université de Bretagne Occidentale
Discipline Océanologie Biologique
Directeur de thèse Marcel LE PENNEC
Financement Ifremer
Résumé En France, 90 % de la production annuelle de l'huître creuse, Crassostrea gigas, provient des larves captées dans les bassins de Marennes-Oléron et d'Arcachon. Cependant, la collecte du naissain présente de fortes irrégularités inter-annuelles et les ostréiculteurs expriment de plus en plus souvent un besoin de naissains en dehors de la période de reproduction. Ainsi le rôle des écloseries dans la production de naissains de l'huître japonaise en France devient de plus en plus évident. Cependant, l'état actuel des connaissances sur la reproduction de l'huître creuse en conditions contrôlées est limité, et les professionnels des écloseries doivent affronter divers problèmes pour optimiser le conditionnement de géniteurs de manière à obtenir des élevages larvaires en bonne santé et un allongement de la saison de reproduction. Pour y répondre, nous avons réalisé une étude sur trois aspects qui nous paraissent essentiels; i) l'incapacité de produire des gamètes et des larves viables pendant une période réfractaire, dite de « repos sexuel » qui se déroule en automne sous nos latitudes ; ii) le manque de connaissance de l'effet de paramètres environnementaux sur le développement gamétique de C. gigas en laboratoire, dont la température et la photopériode ; iii) l'influence du site d'origine des reproducteurs (quel est leur état physiologique ?) utilisés pour la production de gamètes et l'impact de la saison à laquelle sont faites les expérimentations. Ces études nous ont permis d'établir que l'horloge interne qui régule la gamétogenèse chez C. gigas peut être modifiée par l'influence des facteurs du milieu, en particulier par la température. De cette façon, la production d'ovocytes et de larves viables est possible pendant la période de « repos sexuel » de cette espèce. La reprise de la gamétogenèse se produit lorsque la température se trouve encore dans une phase décroissante, approximativement à 12 °C, et nous avons observé que la photopériode n'exerce pas un rôle majeur sur la reprise de l'activité gamétique. Le fait d'étudier différents lots d'animaux de la côte atlantique (baie des Veys, Aber Benoît, Baden, Bouin, La Tremblade et Arcachon) nous a permis d'observer que les huîtres présentent une adaptation très significative aux conditions environnementales particulières à chaque site de culture, et que cette adaptation n'est pas d'origine génétique puisque les huîtres utilisées dans nos recherches ont toutes été captées dans la même localité (bassin d'Arcachon). Cette adaptation se traduit également par une réponse différente des huîtres de chaque région aux expériences de conditionnements en laboratoire. Les individus des régions les plus nordiques, baie des Veys et Aber Benoît, possèdent un stock plus important de réserves et présentent les meilleures performances en laboratoire : une proportion plus élevée d'ovocytes matures à la fin des conditionnements et une production plus importante d'ovocytes après la scarification de la gonade. L'étude biochimique a montré que les huîtres de la baie des Veys utilisent les glucides comme support de la gamétogenèse tandis que ceux du sud (La Tremblade), à part les glucides, utilisent leurs protéines comme source principale pour le développement des ovocytes. Les huîtres de la baie des Veys et de l'Aber Benoît maintenues sans nourriture, présentent une évolution de la gamétogenèse identique à celle des animaux nourris. Toutefois, les huîtres nourries produisent significativement plus d'ovocytes que celles non nourries. Il semble que la quantité d'ovocytes produits en conditions artificielles dépende directement de la nourriture offerte pendant le conditionnement. Cependant, pour l'élevage larvaire, il n'existe pas de différences significatives des taux de rendement larvaire (larves « D ») entre les lots d'huîtres nourries et non nourries. Ainsi, la qualité des ovocytes semble liée non seulement à la quantité et à la qualité de la nourriture fournie pendant le conditionnement, mais également à la quantité et à la qualité de réserves accumulées par les huîtres durant leur séjour en mer. La reprise de la gamétogenèse de C. gigas semble répondre à deux facteurs ; la disponibilité de nourriture et une température minimale spécifique pour chaque lot d'huîtres qui peut varier selon la situation géographique. Les résultats de notre étude indiquent que C. gigas en France présente un cycle de reproduction flexible qui s'adapte aux différentes conditions environnementales rencontrées dans chaque site d'élevage et que sont ces conditions qui régulent l'entrée et la durée de la gamétogenèse de chaque lot.
Keyword(s) Water temperature, Biochemical studies, Gametogenesis, Breeder conditioning, Larval rearing
Résumé en anglais In France, 90% of the annual cup oyster (Crassostrea gigas) production comes from larvae caught in the Arcachon and Marennes-Oléron basins. However, the spat catch shows many interannual irregularities and oyster farmers increasingly say they need spat outside of the reproductive period. Thus, the role of hatcheries in Japanese oyster spat production in France is becoming increasingly evident. However, the current state of knowledge about cup oyster reproduction in controlled conditions is limited, and hatchery professionals must confront various problems to optimise treatment of genitors so as to obtain larval breeds in good health and a lengthening of the reproductive season. To respond to this, we have carried out a study on three aspects that seem fundamental: i) the inability to produce viable gametes and larvae during a refractory period, known as "sexual repose", that takes place in the fall in our part of the world; ii) the lack of knowledge of the effect of environmental parameters on the gametic development of C. gigas in the laboratory, among which are temperature and the circadian light cycle; iii) the influence of the reproducer's place of origin (what is their physiological state?) used for the gamete production and the impact of the season during which the experiments are performed. These studies have made it possible for us to establish that the internal clock that regulates gametogenesis in C. gigas can be modified by the influence of environmental factors, in particular by temperature. In this way, the production of viable ovocytes and larvae is possible during this species' period of "sexual repose". The resumption of gametogenesis occurs when the temperature is again in a decreasing phase, approximately at 12o C, and we have observed that the circadian light cycle does not play a major role in the resumption of gametic activity. Studying several different batches of animals from the Atlantic coast (Bay of Les Veys, Aber Benoît, Baden, Bouin, La Tremblade and Arcachon) enabled us to observe that oysters display a very significant adaptation to the environmental conditions peculiar to each farming site, and that this adaptation is not of genetic origin since the oysters used in our research were all caught in the same locality (Arcachon basin). This adaptation is expressed as well by a different response from the oysters of each region to treatment experiments in the laboratory. The individuals from the most northerly regions, Bay of Les Veys and Aber Benoît, have a greater stock of reserves and show the best performance in the laboratory: A higher proportion of mature ovocytes at the end of the treatments and a greater production of ovocytes after scarification of the gonad. The biochemical study showed that the oysters from the Bay of Les Veys use glucides as gametogenesis support, while those from the south (La Tremblade), besides the glucides, use their proteins as the main source for the development of the ovocytes. The oysters from the Bay of Les Veys and Aber Benoît kept without food show a gametogenetic evolution identical to that of the animals that were fed. Nonetheless, the oysters that were fed produce significantly more ovocytes than the ones that were not fed. It seems that the quantity of ovocytes produced in artificial conditions depends directly on the food offered during treatment. However, for larval breeding, there are no significant differences in the larval yield rates ("D" larvae) between the batches of fed and the non-fed oysters. Thus, the quality of the ovocytes seems linked not only to the quantity and the quality of the food provided during the treatment, but also to the quantity and quality of reserves accumulated by the oysters during their stay at sea. The resumption of C. gigas' gametogenesis seems to respond to two factors: the availability of food and a minimal temperature specific to each batch of oysters that can vary according to the geographical location. The results of our study indicate that C. gigas in France shows a flexible reproductive cycle that adapts to the various environmental conditions found in each farming site and that it is these conditions that regulate the onset and duration of each batch's gametogenesis.
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