Campagne d'évaluation du stock de palourdes du bassin d'Arcachon - Année 2006

Autre(s) titre(s) Clams stock assessment study in Arcachon bay (France)
Type Rapport
Date 2006-08
Langue(s) Français
Auteur(s) Caill-Milly NathalieORCID, Duclercq Benoit, Morandeau GillesORCID
Mot-Clé(s) Arcachon Bassin, Veneridae, Ruditapes Philippinarum, Bivalvia, Mollusca, Structure Population, Biomasse, Abondance, Evaluation Stock
Résumé Entre 1980 et 1986, des ostréiculteurs arcachonnais se sont lancés dans l'élevage de la palourde japonaise sur estran (Robert et Deltreil, 1990). Cette production a été de courte durée. La forte chute des cours due à la concurrence économique de l'Espagne, du Portugal, de l'Italie et de la Tunisie, l'action des prédateurs tels que le baliste (Popovsky et al., 1999), ajoutées à des mortalités importantes survenues en été et en automne 1992 affectant les 2/3 des parcs, ont conduit à l'abandon de la vénériculture à la fin des années 80.

Dans le bassin d'Arcachon, la population néonaturelle de palourde japonaise (Ruditapes philippinarum) trouve des conditions favorables à un bon développement et s'y répand rapidement. Cette espèce supplante l'espèce locale (palourde européenne, Ruditapes decussatus) dès le début des années 1990 (Auby, 1993). Sur un secteur de 24 km², Bertignac et al. (2001) montre que 94 % des effectifs et plus de 97 % de la biomasse sont occupés par la palourde japonaise en 2000. Sur une zone de 46 km², Caill-Milly et al. (2003) estime à respectivement 98 % et 99 % ces grandeurs1.

Ce développement génère une activité de pêche importante (essentiellement par des pêcheurs à pied). Les premières statistiques officielles de captures datent de 1992. Elles mettent en évidence d'abord une augmentation des apports jusqu'en 1997 (455 tonnes déclarées), puis une diminution pour s'établir autour de 300 tonnes déclarées en 2002 et enfin une remontée des prélèvements ces dernières années (figure 1). En 2004 (dernières données disponibles), le total des débarquements déclarés s'élève à 520 tonnes. Elles ne concernent que les pêcheurs professionnels et les Conchyliculteurs Petite Pêche (CPP). Par ailleurs, les captures des ostréiculteurs sont estimées par Bobo (1996) à 25 tonnes en 1995. Pour la pêche plaisancière, nous ne disposons pas d'informations.

Par crainte de surexploitation, des mesures de gestion de la ressource sont prises à partir de 1996. Ces mesures consistent en l'instauration de licences (36 en 1996, 70 délivrées en 2006) et la fermeture à la pêche de certaines zones (arrêtés préfectoraux de la région Aquitaine n°170 du 30 juin 2000, du 28 juin 2002, du 13 décembre 2002 et du 22 mars 2006).

Dans ce contexte, deux campagnes d'évaluation du stock de palourdes ont été entreprises par l'Ifremer (2000 et 2003). La première couvrait plus d'un tiers de l'aire de répartition (24 km²), la deuxième, l'ensemble de l'aire de répartition pouvant être investigué avec une benne Hamon (46 km²). Ces deux campagnes ont principalement mis en évidence :

- la prépondérance de la palourde japonaise par rapport aux autres espèces (98 % des effectifs et 99 % de la biomasse) ;
- une biomasse totale élevée puisqu'elle est estimée à 8 095 tonnes (+/- 1 046 tonnes) début juillet 2003. Pour la palourde, le bassin d'Arcachon se place ainsi au premier rang des zones françaises exploitées bénéficiant d'une évaluation de stock devant le golfe du Morbihan et l'étang de Thau ;
- une biomasse exploitable également élevée car évaluée à 2 730 tonnes en 2003, dont 2 210 tonnes accessibles puisque situées en dehors des trois zones de réserves cette année-là. La fraction exploitable en biomasse est voisine de celles obtenues lors des dernières évaluations menées dans le golfe du Morbihan.
- une distribution en taille caractérisée par des longueurs inférieures à celles observées sur les autres sites, une faible proportion de juvéniles et une forte proportion d'individus de taille comprise entre 25 et 37 mm2.

Ces éléments sont des informations instantanées qui s'avèrent insuffisantes en matière de gestion. En l'absence d'explication sur l'existence de ses structures déséquilibrées, il a donc été décidé en parallèle à ces travaux de démarrer des investigations sur la variabilité de la croissance de la palourde intra-bassin. Financées par le Fond commun de coopération Aquitaine/Euskadi et le Conseil Général de Gironde sur 3 ans, elles doivent permettre d'estimer les paramètres de dynamique de population pour l'espèce sur deux sites d'étude : bassin d'Arcachon et estuaire de Mundaka en Espagne. Les principaux collaborateurs de cette opération3 sont l'Ifremer (LRHA Bidart et LER Arcachon), le LOB d'Arcachon (Université de Bordeaux I), le LMA (Université de Pau et des Pays de l'Adour), la Cellule Cereca/Adera et l'AZTI.

C'est dans ce contexte qu'une 3ème campagne a été organisée à la demande du CLPM d'Arcachon qui a porté le dossier. Les participants étaient l'Ifremer, le CLPM et la Cellule/Adera. Les professionnels se sont fortement associés, notamment au travers du comité de pilotage de l'étude. Ils ont également participé activement aux prélèvements.

Le présent rapport fournit les résultats de l'évaluation de stock de palourdes 2006. Pour les informations concernant la biologie des espèces, on se reportera au rapport de la campagne 2003 (Caill-Milly et al., 2003).
Keyword(s) Ruditapes philippinarum, Veneridae, Popluation structure, Biomass, Stock assessment
Résumé en anglais Between 1980 and 1986, some Arcachon oyster farmers took up breeding the Japanese clam on the foreshore (Robert et Deltreil, 1990). This production was short lived. The steep fall in prices due to economic competition from Spain, Portugal, Italy and Tunisia, predator action such as the trigger fish (Popovsky et al., 1999), added to the significant amount of mortality that occurred in the summer and autumn of 1992 that affected two-thirds of the total stock, led to clam farming being abandoned at the end of the 1980s.

In the Arcachon basin, the Japanese clam (Ruditapes philippinarum) population, now natural to the area, has found favourable conditions for development and is expanding rapidly there. This species has been supplanting the local species (European clam, Ruditapes decussates) since the beginning of the 1990s (Auby, 1993). Out of a sector of 24km2, Bertignac et al. (2001) has shown that 94% of the size and more than 97% of the biomass are occupied by the Japanese clam in 2000. Out of an area of 46km2, Caill-Milly et al. (2003) estimated these sizes1 at, respectively, 98% and 99%.

This development generates significant fishing economic activity (mainly by shellfish gatherers). The first official catch statistics date from 1992. They highlight first of all an increase in yields up to 1997 (455 tons declared), then a reduction, which sets it at about 300 tons declared in 2002 and finally a rise in the take these last few years (figure 1). In 2004 (latest available data), the total declared landings rose to 520 tons. They only apply to professional fishermen and coast-fishing shellfish farmers (CPP). In addition, oyster farmers' catches are estimated by Bobo (1996) at 25 tons in 1995. For leisure fishing, we do not have any information available.

For fear of overexploitation, measures for managing the resource were taken starting in 1996. These measures consisted of establishing licenses (36 in 1996, 70 issued in 2006) and closing certain zones to fishing (prefectorial order of the Aquitaine region no. 170 of 30 June 2000, of 28 June 2002, of 13 December 2002 and of 22 March 2006).

Within this context, two clam stock assessment campaigns were undertaken by IFREMER (2000 and 2003). The first covered more than a third of the distribution area (24km2), the second, all of the distribution area that could be investigated with a Hamon basket (46km2). These two campaigns mainly highlighted:

- the predominance of the Japanese clam in relation to other species (98% of the total size and 99% of the biomass);
- a high total biomass, since it is estimated at 8,095 tons (+/- 1,046 tons) at the beginning of July 2003. For the clam, the Arcachon basin is therefore at the head of exploited French zones having the advantage of a stock assessment ahead of the Gulf of Morbihan and the Thau pond;
- an equally high exploitable biomass, assessed at 2,730 tons in 2003, of which 2,210 tons are accessible because they are located outside the three reserve zones that year. The exploitable portion in biomass is akin to those obtained at the time of the last assessments conducted in the Gulf of Morbihan.
- a size distribution characterised by lower lengths than those observed at other sites, a small proportion of juveniles and a large proportion of individuals of sizes between 25 and 37mm2.

These items are merely a snapshot and are insufficient for guiding management. In the absence of any explanation for the existence of these imbalances, it was therefore decided in parallel with these studies to launch investigations on the variability of clam's growth intra-basin. Financed by the Common Fund of Aquitaine/Euskadi and the Regional Council of Gironde over 3 years, they should make it possible to estimate the parameters of population dynamics for the species on two study sites: Arcachon basin and Mundaka estuary in Spain. The principle collaborators of this operation3 are IFREMER (LRHA Bidart and LER Arcachon), the LOB of Arcachon (University of Bordeaux I), the LMA (University of Pau and Pays de l'Adour), the Cellule Cereca/Adera and AZTI.

It is within this context that a third campaign was organised at the request of the CLPM of Arcachon, who brought the case. The participants were IFREMER, the CLPM and the Cellule/Adera. The professionals formed strong partnerships, particularly through the study's steering committee. They also participated actively in the samplings.

This report furnishes the results of the 2006 clam stock assessment. For the information on the biology of the species, see the report of the 2003 campaign (Caill-Milly et al., 2003).
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