TY - JOUR T1 - Etude de sédiments et fragments de roches dragués sur le banc Porcupine et à ses abords (atlantique du nord-est) A1 - Berthois,Léopold A1 - Guilcher,André UR - https://archimer.ifremer.fr/doc/00000/4263/ N2 - Presque tous les types lithologiques que nous avons dragués ont pu être identifiés d'après les roches récoltées en Irlande ou en Grande-Bretagne. Les roches immergées dont les caractères microscopiques ne correspondent à aucun des échantillons récoltés à terre sont les suivantes: STATION 18. Micaschiste différent du micaschiste dalradien récolté à terre. Cette disparité n'est pas très surprenante étant donné les variations habituellement observées entre des micaschistes d'une même série cristallophyllienne. Calcaire à ostracodes, par la structure microcristalline de sa pâte, ce calcaire s'apparente à ceux du Crétacé récoltés à terre; il en diffère par sa faune. Gneiss à feldspaths calco-alcalins. Bien que nous n'ayons pas récolté cette roche à terre, elle y existe probablement car elle ne constitue pas une rareté lithologique. STATION 24. Micropegmatite potassique. Cette roche, assez peu commune, ne correspond à aucun échantillon récolté à terre. STATION 38. Quartzite, différent de ceux récoltés à terre mais on sait combien des roches peuvent présenter de variétés dans un gisement quelque peu étendu, tant dans la répartition granulométrique des constituants que dans leur nature minéralogique. Amphibolite, Cette roche n'a pas été récoltée à terre mais elle y existe. Il en est de même pour la Syénite qui provient du même dragage. Ces deux roches sont déjà signalées par P. N. PEACH à la station de dragage du « Michael Sars ». En définitive, exception faite de la micropegmatite potassique de la station 24, toutes les roches récoltées au cours de nos dragages existent en Irlande ou dans le sud-ouest de la Grande-Bretagne. Il est fort probable que la micropegmatite y existe également mais, même dans le cas contraire, il nous paraît impossible d'envisager, pour un seul échantillon, un apport particulier. Que doit-on conclure de cette analogie? Doit-on en inférer que le banc Porcupine et le bord oriental de la baie Porcupine sont constitués des roches qu'on y a draguées et qu'ils ressemblent aux Iles Britanniques qu'ils prolongent? Ou bien, que les roches draguées sont des apports en provenance des Iles Britanniques? Ou encore, la solution doit-elle être intermédiaire? Un fait qui doit être bien souligné est que, de même que nos prédécesseurs, nous n'avons pas ramené d'éléments de roches paraissant en place, mais seulement de petits blocs libres, dont au moins un certain nombre ont reçu un façonnement que nous avons discuté, et qui sont accompagnés de sédiments sableux ou limoneux dont nous avons caractérisé les types granulométriques. Au sommet du banc, les résultats de COLE et CROOK ont fait ressortir, aux quatre prélèvements qu'ils ont décrits, un très fort pourcentage, voire parfois une prédominance absolue, d'éléments de gabbros à olivine. Aux environs immédiats, le dragage du « Pourquoi-Pas? » a ramené, d'autre part, exclusivement ou essentiellement du basalte, Or, dans l'interprétation de formations de ce genre, on peut se dire que, plus les roches draguées en un point sont homogènes et moins il y a de chances d'apports extérieurs. Tout bien considéré. il paraît donc vraisemblable ou probable qu'il y a, à cet endroit, un affleurement de gabbro et de basalte. Mais, en sens inverse, nos trois prélèvements 362, 371 et 373, dans des régions voisines du sommet du banc, nous ont fourni une large gamme de roches de types irlandais, sans gabbro ni basalte. Là, la variété est favorable à l'idée d'un apport. allogène et probablement irlandais. Quelles sont les roches que recouvre cet apport, nous n'en savons rien. Nous ne savons pas davantage, là et ailleurs dans l'aire considérée dans ce travail, à quelle profondeur se trouve la roche en place sous les sédiments ramenés dans les dragues. Les dépôts du sommet du banc peuvent avoir eu une histoire complexe. Ils peuvent dériver en partie d'apports par glaces lors de régressions glacio-eustatiques n'asséchant pas le banc, et, en partie, de remaniements périglaciaires de ces apports et de roches locales lors de régressions plus importantes asséchant certaines parties du banc. D'autre part, les sédiments sont ici les mieux classés de tous (type 1 et 2) ce qui implique encore une autre action: le classement par l'eau, probablement aussi à un moment où le niveau marin était assez bas. Ainsi, on ne peut pas dire quelle est la nature de la roche en place dans l'ensemble du sommet du banc Porcupine. On ne peut le préciser que pour la région des dragages décrits par COLE et CROOK et par DANGEARD. Dans la partie S du banc et sur les flancs SO et SE l'incertitude est encore plus grande. En effet, la profondeur est ici nettement plus forte, les chances d'émersion glacio-eustatique au Quarternaire deviennent très faibles ou nulles, et par conséquent, la représentativité des roches draguées diminue puisque la probabilité de leur origine glacio-marine s'accroît. Dans la mesure où les roches seraient représentatives, elles ne parleraient d'ailleurs pas en faveur d'un banc à prédominance basaltique puisque le basalte n'apparaît qu'à trois de nos stations (18, 24 et 40). La variété lithologique des fragments de roches est généralement très grande, C'est un cas analogue à celui du banc Lousy, situé entre les îles Faroë et le banc de Rockall, et dont on a ramené un échantillonnage de roches représentées dans le nord de l'Irlande (CARRUTHERS, COLE et SOLLAS, 1923). D'autre part, le classement granulométrique est beaucoup plus mauvais dans ces régions plus profondes (types 4 et 5 et même 3, fig. 9) ce qui nous paraît témoigner aussi d'une origine glacio-marine avec intervention ultérieure et subsidiaire de courants marins de fond. Ces courants pourraient fort bien être dus aux phénomènes de cascading et de capsizing dont COOPER et VAUX (1949) (voir aussi GUILCHER et BEAUJEU-GARNIER, 1958, p. 47) admettent l'existence sur la pente continentale de la Mer celte. Il semble que l'on puisse espérer connaître, plus tard, la nature de la roche en place, car celle ci doit affleurer sur le fond, par endroits, sans couverture meuble: c'est ce que font penser les coups de drague infructueux aux stations 36, 46 et 51 (voir plus haut). Il se peut que l'on ramène, ultérieurement, de ces hard-grounds, des blocs à cassure fraîche qui apporteraient une solution. La considération des minéraux du groupe des Serpentines dans les sédiments complexes récoltés en de nombreuses stations est~elle de nature à faire avancer le problème? La présence de ces minéraux implique des matériaux issus de l'altération de roches éruptives basiques, Si la source en était le gabbro révélé par le mémoire de COLE et CROOK, la teneur des vases en minéraux des serpentines devrait diminuer en s'écartant du gisement. Or, en fait, l'examen des courbes d'analyses thermiques ne montre pas de décroissance nette de ce genre. Et si le sédiment est glacio-marin comme il semble d'après sa variété lithologique et le mauvais classement granulométrique des types 4 et 5, sa nature ne donne pas d'indications sur ce qui le supporte. Un problème qui peut être considéré à part est celui du Crétacé. Il a déjà été invoqué dans l'introduction, puisque la description de COLE et CROOK et celle de PEACH dont nous avons parlé, avaient révélé l'existence de cette roche en divers dragages à l'ouest du Mayo et à l'ouest et au sud-ouest du Kerry. Nos propres prélèvements ont montré qu'il existe aussi, dans le sud du banc Porcupine, aux stations 39, 40 et peut-être 38; en outre, à la station 55 à l'ouest du Kerry, très proche de plusieurs dragages de COLE et CROOK qui incluent du Crétacé, nous avons ramené du silex, L'importance des échantillons de Crétacé recueillis à la station 40 serait assez favorable à l'idée d'un gisement local. Tout dépend de l'épaisseur des sédiments à cet endroit. En tout cas, si ce Crétacé a été transporté, il ne vient pas, nous l'avons déjà dit, d'Irlande: les glaces l'auraient amené de lieux situés entre l'Irlande et le banc et il en serait de même pour la craie et les silex dragués à l'ouest du Kerry. La probabilité de Crétacé in situ en plusieurs endroits à l'ouest de l'Irlande est un résultat intéressant qui découle des travaux de COLE et CROOK, de ceux de PEACH et des nôtres. Elle vient à l'appui de l'idée d'une couverture crétacée ayant revêtu autrefois l'ensemble des Iles Britanniques, idée qui a été acceptée par de nombreux morphologues pour expliquer l'évolution du réseau hydrographique de Grande-Bretagne et d'Irlande. C'est un cas où la géologie marine apporte une contribution à la compréhension de la morphogenèse des terres émergées, ATTENTION : Ce texte a été extrait du document par un processus automatique, non contrôlé, de reconnaissance optique de caractères (OCR). Il est donc susceptible de comporter des erreurs. En cas de doute, consultez le fichier PDF. Y1 - 1961/09 PB - ISTPM JF - Revue des Travaux de l'Institut des Pêches Maritimes SN - 0035-2276 VL - 25 IS - 3 SP - 355 EP - 385 ID - 4263 ER -