| Résumé |
J'ai donné sur ce sujet, à plusieurs reprises et notamment en 1922, plusieurs indications, que j'ai tenté de compléter dernièrement par des recherches nouvelles, effectuées au cours de la présente année 1923, pendant la période de migration reproductrice de l'espèce intéressée. Il résulte de ces recherches que l'on doit accorder une grande importance en ce sens à l'éthologie des migrateurs génétiques, et à la façon dont ils procèdent à la ponte. L'esturgeon femelle installe sa frayère fluviale dans une dépression, ou une fosse du lit, ou à l'abri d'un relief, sous la plus grande profondeur d'eau qu'elle puisse trouver; son poids, considérable à l'époque de la maturité sexuelle, l'écarte, dans le fleuve, des courants trop rapides. Chacune d'elles, entourée d'un certain nombre de mâles plus petits, recherche, pendant sa montée reproductrice, un lieu capable de servir de fosse à ponte, s'y installe à demeure pour achever sa maturation sexuelle (1), et y procède à la fraie. Cette dernière ne saurait donc s'effectuer convenablement dans un fleuve à fond aplani, sablonneux ou vaseux; ou à courant violent; elle est plus avantagée dans les cours d'eau à fond irrégulier, résistant, et à courant assez ralenti. C'est pour ce motif que la reproduction de l'Esturgeon peut s'effectuer encore, à notre époque, dans la Garonne, dont le lit est profond et accidenté, alors que les autres fleuves atlantiques, modifiés davantage par les exigences de la navigation et de l'industrie, s'y prêtent moins bien qu'autrefois. Telle est, à mon avis, la raison de la persistance actuelle d'une importante colonie Girondine d'Acipenser sturio, malgré le déchet entraîné par la pêche abusive des alevins et des jeunes sur notre littoral. |
