| Résumé |
Depuis une quinzaine d'années, des mortalités massives d'huîtres creuses Crassostrea gigas, sont observées sur le littoral français durant la période estivale. Des études ont démontré que les mortalités sont plurifactorielles et qu'elles sont la résultante d'interactions entre l'environnement, l'huître (physiologie et génétique) et certains agents infectieux. Durant ce stage, les interactions entre l'huître creuse et deux bactéries de genre Vibrio (Vibrio splendidus et Vibrio aestuarianus), fréquemment associées aux mortalités, ont été étudiées, afin de tenter de comprendre le lien entre les facteurs de l'hôte (origine génétique et physiologie de la reproduction) et les vibrions (production d'un facteur de virulence), pouvant impacter la sensibilité de l'huître creuse, diploïde et triploïde, soumise à une infection expérimentale par des Vibrio. Des infections expérimentales ont été effectuées par injection dans le muscle adducteur d'un mélange de Vibrio splendidus et Vibrio aestuarianus, sur des huîtres de ploïdie différente (diploïdes et triploïdes) et à différentes périodes de l'année correspondant chacune à un stade de reproduction distincts. Des animaux aux réponses contrastées à ces infections expérimentales (morts et survivants) ont été obtenus et caractérisés: mesure d'occupation gonadique par histologie, calcul de l'indice de condition par pesées et déterminisme de la contribution de géniteurs mâles sur la descendance diploïde et triploïde par génotypage. De plus, des expériences sur les deux pathogènes ont été menées afin d'étudier leur croissance et ainsi que leur capacité de production de métalloprotéase in vitro (seul facteur de virulence connu à ce jour chez ces deux vibrio). Dans un premier temps, nous avons pu voir que la croissance des deux pathogènes est différentes au cours du temps et que l'expression de métalloprotéases semble être moduler par un phénomène de quorum-sensing. Dans un second temps, nous avons pu démontrer que les huîtres diploïdes présentent une sensibilité plus importante durant la période de reproduction, alors que durant la période hivernale, les huîtres triploïdes sont plus sensibles que les diploïdes. Il est néanmoins probable que l'état de santé insuffisant des animaux triploïdes explique ce phénomène. Enfin une composante génétique à la résistance de l'huître a été mise en évidence, celle-ci paraissant s'exprimer différemment en fonction de la ploïdie. Pour conclure sur la problématique de ce stage, cette étude a permis de montrer qu'il n'existe probablement pas un seul facteur susceptible d'expliquer à lui seul la sensibilité de l'huître à une vibriose, même si chacun l'influence. Reproduction, état de santé, ploïdie et composante génétique semblent agir en interaction, ce qui conforte l'idée d'un phénomène plurifactoriel. |
