Conséquences de l'invasion de l'étang de Thau par des algues japonaises. Résultats scientifiques 1984-1985

Type Rapport de contrat
Date 1985
Langue(s) Français
Référence Ifremer-Secrétariat d'Etat à la Mer, contrat n° 83/7326
Auteur(s) Belsher Thomas, Boudouresque Charles-François, Ben Maiz Naceur, Dubois Alain, Gerbal Maryse, Lauret Michel, Riouall Raoul
Résumé L'algue d'origine japonaise Sargassum muticum (Phaeophyceae, Fucales) est maintenant bien établie dans l'Etang de Thau, à la suite de l'importation de naissain de l'huitre japonaise Crassostrea gigas. S. muticum vit fixé sur des substrats durs (roche, pierres, coquilles, cordes). Malgré les apparences, la biomasse de S. muticum est relativement modérée, si on la compare avec celle de certaines grandes Phaeophyceae méditerranéennes ou atlantiques. Des individus libres, la ramification du tronc (chez des individus âgés) la formation de nouvelles tiges dressées (à aspect de germinations) à partir de proliférations des crampons, et des thalles cespiteux, sont des caractères originaux qui caractérisent peut-être les populations de l'Etang de Thau. Les relations poids sec - poids frais (12-20% en moyenne), poids sec - taille (de type exponentiel), poids humide - taille et les changements saisonniers qui les affectent, sont établis. L'analyse de Bhattacharya de la distribution des longueurs des thalles et des troncs semble indiquer, pour S. muticum, une longévité maximale de 4 années. Bien que des juvéniles puissent être trouvés toute l'année, le recrutement se produit surtout à l'automne (jusqu'à 1563 germinations de moins de 12 mm de long/400cm2) sur substrat dur, en liaison avec la fertilité estivale des adultes. Certains juvéniles pourraient survivre, apparemment sans croissance appréciable, pendant au moins 6 mois. Sur les cordes le processus semble identique, le nombre de plantules augmente jusqu'en mars. La croissance est maximale au printemps. Les vieux individus sont arrachés en été; à la même époque, les aérocystes tombent, et les rameaux primaires perdent leur flottabilité, puis commencent à se détacher. En automne, et au début de l'hiver, de nouveaux rameaux primaires commencent leur croissance avant que les vieux rameaux ne se soient tous détachés. Dans une station où les substrats durs sont séparés par des chenaux et des taches de sable, S. muticum et l'espèce indigène Cystoseira barbata coexistent, ainsi qu'une riche flore accompagnatrice. Au contraire, sur substrat rocheux homogène, le peuplement à S. muticum est extrêmement dense, et élimine pratiquement toute la flore associée, sans doute en raison de la quasi obscurité qui règne en sous-strate (jusqu'à 2 µE/m2/s). L'inventaire bibliographique de la flore met en évidence 85 taxons et un rapport Rhodophyta sur Phaeophyceae de 1,43. D'autre part, de nombreuses espèces sont signalées, en particulier Grateloupia doryphora, nouvelle pour la flore française, Sphaerotrichia divaricara et Chorda filum, nouvelles pour la Méditerranée. S. muticum est installé dans le Golfe du Lion : 11 nouvelles stations de mer ouverte sont signalées. Undaria pinnatifida, constitue également un peuplement dense en mer ouverte, à Port-la-Nouvelle. Ces espèces confirment leurs capacités d'expansion en Méditerranée. Les implications pratiques de nos résultats, sur le plan de la gestion de l'Etang de Thau (ostréiculture) et des espaces littoraux envahis, sont précisées.
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Comment citer 

Belsher Thomas, Boudouresque Charles-François, Ben Maiz Naceur, Dubois Alain, Gerbal Maryse, Lauret Michel, Riouall Raoul (1985). Conséquences de l'invasion de l'étang de Thau par des algues japonaises. Résultats scientifiques 1984-1985. Ifremer-Secrétariat d'Etat à la Mer, contrat n° 83/7326. https://archimer.ifremer.fr/doc/00058/16913/