| Résumé |
AVANT-PROPOS (Extraits) - Ce travail s'inscrit dans le cadre du Programme National Coordonné "SARGASSES". Ce programme, défini en 1984, est financé par le Secrétariat d'État à la mer et l'IFREMER (Institut Français de Recherches pour l'Exploitation de la Mer) et placé, sur le plan national, sous la responsabilité scientifique de Monsieur Thomas Belsher. INTRODUCTION - Sargassum muticum est une Phéophycée originaire du Japon (mer du Japon et Pacifique) où sa taille n'excède guère 1,20 m de longueur. Ces dernières décennies, cette espèce a considérablement agrandi son aire de distribution géographique. D'abord, sur les côtes Nord américaines du Pacifique, où elle a été introduite accidentellement dans les années 40 aux environs de Seattle (Etat de Washington) (Scagel, 1956). Elle a depuis surtout progressé vers le Sud, et sa répartition actuelle s'étend sur environ 3000 kms de la Colombie Britannique (Canada) jusqu'au Mexique (Lewey &. Farnham, 1981 ; Norton, 1981 ; Critchley, 1983). Plus récemment, l"'histoire" s'est répétée sur nos côtes d'Europe occidentale, où des thalles de S. muticum ont émigré clandestinement, probablement en liaison avec des importations de naissain d'huîtres japonaises. En effet, dès 1973, S. muticum est signalée à l'Ile de Wight (G-B) par Farnham et al. (1973) d'où elle ne tarde pas à envahir les côtes sud de l'Angleterre. Cette espèce est observée pour la première fois de ce côté-ci de la Manche en 1975 dans des parcs ostréicoles de St Vaast la Hague et dans les environs de Grandcamp (Cosson et al., 1977 ; Cruet, 1976). Elle a ensuite progressivement envahi les côtes ouest-européennes des Pays-Bas à la Gironde (Critchley et al., 1983) et même plus ponctuellement la Méditerranée (Etang de Thau) (Belsher &. Boyen, 1983 ; Belsher et al., 1985 ; Gerbal, 1985). Bien entendu, la région de Roscoff n'a pas échappé à cette invasion et depuis la première observation d'un pied de Sargasse en place en 1981 (Cabioch, 1981), la baie de Morlaix subit une colonisation croissante de S. muticum. Cette algue s'y développe très rapidement, atteint de grandes tailles dépassant fréquemment 4 mètres (des exemplaires de plus de 10 mètres ont été observés) (Piriou, comm. pers.) et constitue, à certaines périodes de l'année une véritable nuisance tout particulièrement au niveau des parcs à huîtres (Nagain, 1984.). Elle peut provoquer, en outre, une gène pour la navigation (ex. île de Bréhat...). Une analyse récente de la composition chimique des S. muticum de l'île de Wight par Gorham et Lewey (1984) a abouti à la conclusion selon laquelle la teneur en réserves amylacées de l'algue était insuffisante pour expliquer sa croissance prodigieuse. Ces auteurs ont également remarqué que la teneur en réserves augmentait au fur et à mesure de la période de croissance. Par ailleurs, Hatcher et al. (1977), Chapman et Craigie (1978) ont montré que la croissance de Laminaria longicruris au printemps était indépendante des réserves mais tributaire de l'activité photosynthétique. Sur Ulva et Palmaria, une relation étroite entre le contenu pigmentaire et la capacité photosynthétique a été établie (Levavasseur, 1980, 1986). Or une des variations les plus remarquables parmi celles observées pendant la croissance de Sargassum muticum semble être une modification de l'équipement pigmentaire qui se traduit par un changement de couleur du thalle: brun foncé au printemps, brun clair en plein été. Dans le cadre du Programme National coordonné "Sargasses", nous nous sommes proposé, par un suivi régulier portant sur plus d'un cycle annuel, d'évaluer la teneur en pigments chlorophylliens des Sargasses de la zone intertidale de Roscoff, de quantifier leur capacité photosynthétique et d'établir un bilan des variations saisonnières. Bien entendu, il nous est apparu nécessaire, dans la mesure du possible de mettre en corrélation les résultats concernant ces expériences aux mesures de croissance et d'évaluation des stocks (réalisés et fournis par d'autres membres du programme: Bailly du Bois, …). Tel était l'objectif du travail faisant l'objet de ce rapport. |
