Etude des causes de prolifération de microalgues toxiques en mer: Cas d'Alexandrium

Type Rapport
Date 2000
Langue(s) Français
Auteur(s) Morin Pascal, Erad-Le Denn E., Maguer Ff, Madec C., Videau C., Le Grand J, Mace E.
Résumé Différentes espèces phytoplanctoniques ont été à l'origine d'efflorescences toxiques sur l'ensemble du littoral français ces dernières années. Parmi celles-ci, les efflorescences de l'espèce Alexandrium minutum s'avèrent comme particulièrement dangereuses. Cette espèce produit des toxines paralysantes responsables chez l'homme du syndrome PSP ("Paralytic Shellfish Poisoning"). Les incidences des eaux colorées pour les activités économiques se traduisent par des interdictions préfectorales de commercialisation et de ramassage des mollusques filtreurs pouvant entraîner des pertes financières non négligeables pour les professionnels (ostréiculteurs, mytiliculteurs, ... ) ainsi qu'un préjudice sur l'image de marque des zones contaminées pour la fréquentation touristique. La présence en France d'Alexandrium minutum dans les eaux côtières n'a été signalée que très récemment : elle a été observée pour la première fois en rivière de Penzé en juin 1988 puis dans les abers (Aber Wrac'h et Aber Benoit) en août 1988. L'espèce tend à se disséminer et sa présence a été relevée ces dernières années en Baie de Lannion, dans la Rance et en Baie de Vilaine. Récemment, sa présence a également été signalée dans le bassin de Marennes-Oléron et dans la Rade de Toulon. Les conditions de prolifération de l'espèce demeurent encore très mal connues. Son développement sur les côtes bretonnes semble restreint aux estuaires et aux baies aquacoles soumis à des apports anthropiques accentués ; l'enrichissement des eaux côtières en éléments nutritifs (azote, phosphore) voire en d'autres espèces chimiques (métaux, matières organiques, ... ) pourraient favoriser son développement jusqu'au stade d'eaux colorées toxiques. Cependant, l'incidence exacte de ces apports sur le développement de cette algue n'est qu'imparfaitement connue : ainsi dans l'Étang de Thau, malgré une politique de réduction importante des apports anthropiques, une espèce « analogue » (Alexandrium tamarense) est apparue en fortes concentrations en 1998. La Baie de Morlaix, réceptacle de rejets agricoles et urbains importants, apparaît actuellement comme un site fortement colonisé par Alexandrium minutum. Des efflorescences sont relevées régulièrement chaque année dans l'estuaire de la Penzé et de la Rivière de Morlaix. La présence de formes de résistance de l'espèce dans le sédiment a été établie ; si la répartition des kystes et leur confinement dans l'estuaire sont bien documentés (Érard-Le Denn et al., 1993), les facteurs qui déclenchent leur germination in situ restent par contre pour le moment mal définis. La prolifération de l'espèce dans la colonne d'eau suppose l'établissement de conditions favorables qu'il est nécessaire de cerner avant d'envisager une prévention et une meilleure gestion des épisodes toxiques. Le développement d'Alexandrium minutum (comme pour toute espèce phytoplanctonique) est lié à des facteurs physiques (température, salinité, lumière) et à des facteurs nutritionnels (azote, phosphore, métaux traces, matière organique, ... ). L'accumulation des cellules créant des eaux colorées en surface (figure 1) dépend également de la croissance nette de la population et du comportement des cellules. Cette algue croît dans un contexte biologique qu'il est aussi nécessaire d'étudier, en particulier en ce qui concerne les espèces accompagnatrices. Comme le développement de l'espèce est restreint à des systèmes nettement perturbés par les apports anthropiques, l'hypothèse d'une modification des facteurs nutritionnels favorisant la floraison d'Alexandrium minutum doit être examinée.
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Comment citer 

Morin Pascal, Erad-Le Denn E., Maguer Ff, Madec C., Videau C., Le Grand J, Mace E. (2000). Etude des causes de prolifération de microalgues toxiques en mer: Cas d'Alexandrium. https://archimer.ifremer.fr/doc/00132/24306/