Définition d'un modèle d'élevage larvaire intensif pour la daurade Sparus auratus
Au cours de cette étude, nous avons précisé plusieurs aspects de la biologie et de la physiologie de la larve de Sparus auratus qui nous permettent de proposer un certain nombre de conditions d'élevage pour la production en système intensif de post-larves âgées de 30 jours. Le modèle est établi pour des bassins cylindroconiques de 500 litres et des densités initiales de 100 larves par litre. L'élevage est réalisé dans une eau thermorégulée à 20° C, d'une salinité de 35 °/oo et recyclée sur filtre biologique. Nous avons mis en évidence que : - Un renouvellement d'eau et d'air arrivant par le fond, respectivement de 20 % et 50 ml. mn"1, associé à un éclairage continu de 600 lux permet d'optimiser l'activité de prédation au cours de l'entrée dans la vie txophique. - L'activité de chasse est perturbée en dessous de 100-150 lux. - Le rythme alimentaire , imposé par l'alternance lumière - obscurité , disparaît sous éclairement continu. - La prise de nourriture est ralentie chez des larves de 4 à 5 mm (15 jours) si la concentration de proies dans le milieu est inférieure à 5 rotifères par millilitre. Ce seuil n'existe pas chez les larves de 6 à 7 mm de longueur (22 jours). - La couleur noire des bassins facilite le repérage des proies et double les taux de survie, le fond pouvant être indiféremment blanc ou noir. - Le rotifère Brachionus plicatilis, d'une taille comprise entre 100 et 200 um, constitue une proie initiale adéquate. - La composition en acides aminés libres de la proie joue un rôle prépondérant dans la croissance de la larve et celle en acides gTas essentiels est importante pour la croissance et la survie. Pour ce dernier paramètre, le taux d'acide docosahexaenoïque (C22 : 6 n -3) serait déterminant. - L'apport de ces composés peut s'obtenir par simple enrichissement du rotifère en lipides et protéines. De plus, la qualité nutritive de celui-ci est altérée par le jeûne. -Lorsque le rotifère n'a été enrichi qu'en protéines, sa subsùtution par Anémia salina ne peut s'effectuer que chez des larves atteignants 7 à 8 mm (30 jours). - 181- - Le développement de la vessie natatoire de la larve nécessite une prise d'air en surface qui est facilitée par l'élimination en continu, grâce à une rampe à air combinée à un piège flottant, du film gras superficiel se développant à partir des apports de nourriture. - L'apparition systématique, chez les larves de 4 mm (5 jours), du "syndrome de paroi" n'altère pas l'activité de prédation, n'est pas liée à la présence de proies dans le milieu et n'apparaît jamais à l'obscurité totale ou sous 40 lux mais immédiatement sous 150 ou 600 lux. L'ensemble de ces conditions permet d'obtenir, pour les 30 premiers jours d'élevage, une croissance d'environ 0,2 mm par jour et un taux de survie moyen de 20 %.
Mot-clé(s)
Syndrome de paroi, Nutrition, Alimentation, Lumière, Inflation primaire de la vessie natatoire, Sparus auratus, Elevage larvaire intensif, Poisson
This study defines rearing parameters for mass products of 30-day old post larvae. Continuous lighting (600 lux) optimizes the predatory activity and suppresses the feeding rhythm. For 4-5 mm larvae (15 days), food ingestion slows down if the prey concentration in the tank is below 5 rotifers/ml, while there is no such threshold for 6-7 mm larvae (22 days). The rotifer Brachionus plicatilis , between 100 and 200 mu m, is an adequate initial prey, it can be replaced by Artemia salina for 7-8 mm larvae (30 days). It is observed that free amino acids and essential fatty acids contents have a prominent role in larvae growth; docosahexaenoic acid (C22:6n-3) content could be determined. Finally, the development of the swim bladder is facilitated by the renewal of water and air, and by continuous elimination of the superficial oily film through a blower combined with a floating trap.