Les peuplements benthiques des fonds à pénéides (Penaeus notialis) au large de Grand-Bassam (Côte-d'Ivoire) présentent de nettes variations directement liées à celles de l'hydroclimat, caractérisé par la succession de saisons chaudes et froides (upwellings). De nombreuses espèces benthiques, à courte durée de vie, ont en effet des périodes de reproduction bien définies qui se traduisent par des pics d'abondance dans les récoltes, à différentes époques de l'année selon les espèces mais, le plus souvent, en fin de saison froide-début de saison chaude (septembre–novembre). De nombreuses espèces benthiques ont des rythmes nycthéméraux très accusés ; leur activité est diurne (la plupart des pagures, certains brachyoures) ou nocturne (de nombreux macroures et brachyoures, quelques mollusques). De ce fait, les récoltes de jour se différencient nettement des récoltes de nuit (observations au cours de la campagne de février 1970). Il arrive cependant (campagne de mai 1969) que les rythmes jour/nuit soient perturbés, vraisemblablement par le passage de lentilles d'eau turbide sur les fonds en début de saison des pluies. Ces eaux sont chargées de matériel particulaire, minéral et organique, provenant de la lagune Ébrié dont le débouché est proche du site d'étude, et où se produit alors un bloom de phytoplancton ; la différence entre les éclairements régnant près du fond durant le jour et la nuit serait ainsi très atténuée. Le cycle nycthéméral de certaines espèces apparaît complètement altéré (stomatopodes), tandis qu'il demeure pratiquement inchangé chez d'autres (certains pagures et brachyoures), moins affectées par les variations d'intensité lumineuse : leurs rythmes vitaux seraient plutôt réglés par des processus internes ou leur maintien ne nécessiterait que très peu de lumière. Ce phénomène est sensible quand on considère l'ensemble du peuplement, les différences entre récoltes de jour et de nuit se réduisant de façon notable, comme le mettent en évidence les résultats des analyses factorielles.

Benthic communities of the shrimp (Penaeus notialis) grounds off Grand-Bassam, Cote-d'Ivoire, exhibit distinct variations, correlated to annual changes in hydroclimate, characterized by warm and cold (upwelling) seasons. These changes appear to be the result of the well-defined reproduction periods of many short-living benthic species, as clearly shown by the peaks of abundance in the samples, at different times of the year, but quite often at the end of the cold and the beginning of the warm seasons (September-November). Many species show marked diel rhythms, either diurnal (pagurids, brachyurans) or nocturnal (macrurans, brachyurans, molluscs), so that the species composition displays distinct differences between day and night samples (February 1970 survey). This diel rhythm can be disturbed at the beginning of the rainy season (May 1969 survey) by the passing of turbid water lenses over the bottom, drifted from the Ebrie lagoon mouth, close to the study site. The diel cycles of some species (stomatopods) appear to be completely altered by the reduced light intensity near the bottom whereas others (some pagurids and brachyurans) are practically unaffected: they seem to be governed by internal physiological mechanisms or they need only a very low threshold of light to maintain their rhythms. So the differences between day and night samples are appreciably reduced, as shown by Correspondence Analysis.