Mortalités de moules bleues dans les secteurs mytilicoles charentais et vendéens : description et facteurs liés – MORBLEU

Depuis 2014, des épisodes de mortalité anormale affectent les cheptels mytilicoles tant adultes que juvéniles. Dès l’année 2015, une première année d’étude a été réalisée au travers de l’action MORBLEU (Mortalité des moules Bleues). Elle a été menée dans les Pertuis charentais et la baie de Bourgneuf. Dans ce même contexte, elle a été reconduite en 2016 afin de poursuivre l’analyse des données collectées en 2015, renouveler une campagne d’étude et d’observation in situ, formuler des hypothèses autour de facteurs favorisants ces épisodes de mortalité de moules, développer des essais permettant de tester ces hypothèses dans le futur et produire des lots de moules pour ces essais et pour caractériser le potentiel adaptatif des animaux face aux épisodes de mortalité. Au terme de cette deuxième année d’étude un état des connaissances acquises et des questions à approfondir sont ici abordés.

1. Décrire le phénomène : observation de la dynamique des épisodes de mortalité 2015 et 2016. Pour l’année 2016, les mortalités de moules observées dans les Pertuis charentais et en Vendée présentent des niveaux « exceptionnels » au regard des données historiques. Ils sont supérieurs (50% à 85%) à ceux constatés en 2015 et proches de l’année 2014 avec une tendance à l’expansion du phénomène vers le Sud (Pertuis d’Antioche) et le Nord (nord Baie de Bourgneuf).
2. Dans quel contexte environnemental les épisodes de mortalité de moules sont-elles survenues en 2016 ? Trois années se détachent de l’analyse hydrobiologique et climatique établie sur les 16 dernières années. 2014, 2015, 2016 présentent des conditions climatiques hivernales et printanières plutôt chaudes et pluvieuses, bien que 2015 se distingue par un hiver plus froid et moins pluvieux et de moindre mortalités.           3. Peut-on mettre en évidence une fragilisation des moules selon les sites en lien avec des substances dissoutes ? Les analyses menées sur les données 2015, seules complètes, ne permettent pas d’établir une relation entre les épisodes de mortalité de moules et le matériel dissous, qu’il s’agisse des éléments traces métalliques, des contaminants hydrophiles ou des sels nutritifs.
4. Evolution à moyen terme et dynamique saisonnière des équilibres microbiens : y aurait-il un lien avec les épisodes de mortalité de moules ? Les données sur la dynamique des communautés bactériennes planctoniques obtenues en 2015 (approche NGS, métabarcoding) montrent que des déséquilibres importants apparaissent au moment où les premières mortalités sont observées. Pour les secteurs étudiés, il semble qu'il pourrait exister un lien entre la dynamique microbienne printanière et l'initiation des épisodes de mortalité de moules.
5. Une part génétique ? Les animaux affectés en 2015 et 2016 : une espèce, une population particulière touchée ? La composition génétique de moules provenant des sites ateliers de MORBLEU/Mytilobs en 2015 et 2016 montre que ces animaux étaient des animaux appartenant à l’espèce M. edulis du Golfe de Gascogne, avec détection de rares hybrides edulis/galloprovincialis. Par ailleurs, sur ces échantillons 2015 et 2016, la recherche d’un processus néoplasique a été recherché néoplasie. Les résultats ont permis d’observer des chimères génétiques edulis/edulis pouvant laisser être interprétés comme un processus néoplasique transmissible.
6. Une qualité cytogénétique variable dans les cheptels mytilicoles en relation avec les épisodes de mortalité 2015 et 2016 ? En 2016 comme en 2015, les analyses de cytométrie en flux réalisées sur l’hémolymphe révèlent une grande variabilité des lots de moules pour le critère « qualité cytogénétique ». La qualité cytogénétique initiale est aussi significativement corrélée avec les performances de survie des moules. La qualité cytogénétique des cheptels mytilicoles est un facteur important qui pourrait conditionner leur fragilité face aux divers épisodes de mortalité.
7. Un état physiologique particulier des moules faisant face aux mortalités ? L’étude de l’expression des gènes a été initiée. Les données permettent de voir des tendances différentielles au niveau de la régulation de l’expression des gènes en fonction des conditions testées. L’annotation du transcriptome de novo est en cours.
8. Caractériser le potentiel adaptatif de populations de moules face aux épisodes de mortalité : des niveaux de survie différents selon l’historique et l’origine de lots ? Sur la base de résultats préliminaires obtenus en 2015, des productions de lots de moules contrastés en termes de survie ont été réalisées à l’écloserie du LGPMM pour permettre un testage élargi avec un lot Sélectionné et un lot Témoin dans huit sites différents. Ce suivi réalisé vise à étudier les interactions entre les génotypes et les environnements.
Les résultats de l’action MORBLEU acquis au cours de l’année 2016 confortent et renforcent les données et les pistes établies en 2015. Ils permettent de percevoir des liens entre les processus et d’identifier plusieurs facteurs susceptibles de moduler ou favoriser l’expression des épisodes de mortalité de moules décrites depuis l’hiver 2014 dans les Pertuis Charentais.

Mot-clé(s)

Moules, Mytilus edulis, Facteurs environnementaux, Mortalité, Equilibre microbien, Populations, Qualité cytogénétique, Anomalies hémocytaires, Expression de gènes, Physiologie

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Version officielle éditeur
937 Mo
Comment citer
Pepin Jean-Francois, Benabdelmouna Abdellah, Degremont Lionel, Guesdon Stephane, Le Moine Olivier, Morga Benjamin, Bierne Nicolas, Travers Marie-Agnes, Robert Stephane, Soletchnik Patrick (2017). Mortalités de moules bleues dans les secteurs mytilicoles charentais et vendéens : description et facteurs liés – MORBLEU. Ref. R.INT.RBE/SG2M-LGPMM. Ifremer. https://doi.org/10.13155/50288

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