Etude comparative des caractéristiques écophysiologiques et des performances de croissance de l'huître creuse Crassostrea gigas diploïde et triploïde en milieu contrôlé

Introduction : Les cultures marines en France sont actuellement très largement dominées par l'ostréiculture. La production française d'huître s'élève à 148 467 tonnes, pour un chiffre d'affaires de près de 280 millions d'euros, faisant de la France le premier producteur européen. Les deux principales espèces concernées sont l'huître creuse Crassostrea gigas (140 000 tonnes) et l'huître plate Ostrea edulis (2 000 tonnes) dont la production s'est effondrée depuis 1970 suite aux épizooties successives de Marteilia refringens et de Bonamia ostreae. L'ostréiculture française est ainsi dans une situation de quasi monoculture, avec plus de 90 % des tonnages concernant l'huître creuse (données FAO de 1993). Cette situation de quasi monoculture amène à la constatation pessimiste qu'une hypothétique crise sur les stocks français, comparable à celle de 1970, ne laisserait a priori pas d'alternative de remplacement. Actuellement, il n'existerait aucune espèce de substitution présentant les caractéristiques d'acclimatation et de résistance comparables à celles de C. gigas, dans le cas de mortalité importante (Boudry, com pers.). Pourtant, la diversification des espèces élevées en ostréiculture est indispensable pour élargir le marché et minimiser les risques pathologiques qui peuvent mettre en péril cette activité professionnelle. Ainsi, des recherches ont été menées sur la réintroduction d'espèces connues comme Crassostrea angulata (Huvet, 2000 ; Haure, 2001) ou l'optimisation de la production existante de l'huître plate O. edulis (Haure, 1999). Ces travaux récents, bien que prometteurs, ne sont pas actuellement transférables à la profession. Afin de pérenniser l'activité ostréicole, d'autres voies de recherche sont explorées pour améliorer les performances de croissance, la survie et la qualité de l'huître creuse C. gigas. Des études récentes basées sur la sélection de géniteurs ont montré qu'il existait une base génétique de la croissance et de la survie de C. gigas (Ernande et al., 2000) mais l'héritabilité de ces caractères doit être encore validée avant d'adopter des schémas de sélection. D'autres études visant également à optimiser les performances de C. gigas se sont orientées vers la polyploïdie. Ces recherches ont permis d'obtenir des huîtres creuses triploïdes, stériles dont la réduction gonadique permet un meilleur taux de croissance et une commercialisation étalée sur toute l'année. Il a été démontré que l'huître triploïde présentait des performances de croissance constantes toute l'année (Allen and Downing, 1986), ainsi qu'une qualité de chair et une résistance aux pathogènes tel que Vibrio parahaemolyticus beaucoup plus développées que l'huître diploïde commune (Peyre et al., 1999). L'intérêt aquacole de l'utilisation d'individus triploïdes a conduit, ces dernières années, au développement de cette production en France (Hirsh, 2001). Différentes techniques permettent l'obtention d'individus triploïdes . Bien que le succès de la triploïdisation soit élevé grâce à l'application d'un traitement à la cytochalasine B (Downing and Allen, 1987) ou encore au 6-diméthylaminopurine (6-DMAP) (Desrosiers et al, 1993), les résultats obtenus sont très rarement de 100 %. Des équipes de recherche ont développé une stratégie plus efficace pour produire des huîtres triploïdes en croisant des individus tétraploïdes et des individus diploïdes. Cependant, très peu de données bibliographiques sont disponibles sur ce sujet (Hirsch, 2001) et les techniques d'obtention des huîtres tétraploïdes sont peu dévoilées. Cette étude propose de comparer en milieu contrôlé, les performances de croissance et de survie des huîtres creuses C. gigas (de même filiation) diploïdes et triploïdes obtenues d'une part, par l'action d'un inhibiteur (CB) et d'autre part, par croisement tétraploïde / diploïde. Elle propose également de comparer les activités écophysiologiques de ces trois populations, afin de dresser un bilan énergétique (Scope for growth) et de déterminer la part d'énergie disponible pour la croissance (soma et coquille) et pour la reproduction.

Mot-clé(s)

Milieu Controle, Croissance, Triploide, Diploide, Ostreidae, Huitre, Crassostrea Gigas, Ecophysiologie, Reproduction

Introduction: Marine farming in France is currently very widely dominated by oyster farming. French oyster production totals 148,467 tons, for a turnover of close to 280 million euros, making France the leading European producer. The two main species concerned are the cup oyster, Crassostrea gigas (140,000 tons) and the flat oyster, Ostrea edulis (2,000 tons), the production of which has collapsed since 1970 following successive epizootics of Marteilia refringens and Bonamia ostreae. French oyster farming is thus in a situation of quasi single-crop farming, with more than 90% of tonnage pertaining to the cup oyster (FAO data from 1993). This situation of quasi single-crop farming leads to the pessimistic observation that one hypothetical crisis in the French stocks, comparable to the one in 1970, would, a priori, leave no replacement alternative. Currently, there would be no substitute species with the characteristics of acclimatisation and resistance comparable to those of C. gigas in the event of high mortality (Boudry, pers. comm.). However, the diversification of species bred in oyster farming is indispensable in order to diversify the market and minimise the pathological risks that may put this occupational activity in danger. Thus, research has been done on the reintroduction of known species such as Crassostrea angulata (Huvet, 2000; Haure, 2001) or the optimisation of existing production of the flat oyster, O. edulis (Haure, 1999). This recent research, although promising, is not currently transferable to this occupation. In order to make the occupation of oyster farming durable, other avenues of research are being explored to improve the growth performance, survival and quality of the cup oyster, C. gigas. Recent studies based on the selection of genitors showed that there existed a genetic basis for the growth and survival of C. gigas (Ernande et al., 2000) but the inheritability of these characteristics must still be validated before adopting selection outlines. Other studies also aiming to optimise C. gigas' performance have focused on polyploidy. This research has made it possible to obtain sterile triploid cup oysters, the gonadic reduction of which allows for a better growth rate and marketing spread out over the entire year. It has been demonstrated that the triploid oyster shows constant growth performance throughout the year (Allen and Downing, 1986), as well as a much more developed skin quality and resistance to pathogens such as Vibrio parahaemolyticus than the common diploidic oyster (Peyre et al, 1999). Aquafarming's interest in the use of triploid individuals has, in the last few years, led to the development of this production in France (Hirsh, 2001). Various techniques make it possible to obtain triploid individuals. Although the success of triploidisation is high thanks to the application of a treatment using cytochalasin B (Downing and Allen, 1987) or even using 6-dimethylaminopurine (6-DMAP) (Desrosiers et al, 1993), the results obtained are very rarely 100%. Research teams developed a more effective strategy for producing triploid oysters by interbreeding tetraploid individuals and diploid individuals. However, very little bibliographical data are available on this subject (Hirsch, 2001) and the techniques for obtaining tetraploid oysters are barely divulged. This study proposes to compare in a monitored environment the growth and survival performance of diploid and triploid C. gigas cup oysters (of the same filiation) obtained on the one hand by the action of an inhibitor (CB) and on the other hand, by tetraploid and diploid interbreeding. It proposes as well to compare the ecophysiological activities of these three populations in order to establish a scope for growth and determine the share of energy available for growth (soma and shell) and for reproduction.

Keyword(s)

Growth, Ecophysiology, Oyster, Crassostrea Gigas, Eeproduction

Texte intégral

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Comment citer
Haure Joel, Fortin Adeline, Dupuy Beatrice, Nourry Max, Palvadeau Hubert, Papin Mathias, Penisson Christian, Martin Jean-Louis (2003). Etude comparative des caractéristiques écophysiologiques et des performances de croissance de l'huître creuse Crassostrea gigas diploïde et triploïde en milieu contrôlé. https://archimer.ifremer.fr/doc/00000/1509/

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