Estimation et amélioration des performances zootechniques de l'élevage larvaire de Dicentrarchus labrax et de Sparus auratus
Réunissant une sélection de critères de mesure et une analyse objective des méthodes "de terrain', ce travail a eu pour vocation essentielle de fournir une aide à l'estimation des performances de cheptels larvaires de loup [Dicentrarchus labrax) et de daurade {Sparus auratus), élevés en conditions intensives. Il constitue, à ce titre, un guide méthodologique à l'usage des zootechniciens, journellement confrontés aux problèmes de quantification et d'évaluation qualitative de leurs stocks. La première partie de ce travail est consacrée à la définition de la précision des méthodes de dénombrement existantes et à l'établissement de leurs limites d'utilisation. Les méthodes de quantification analysées, de même que les méthodes nouvelles proposées, concernent les phases principales de l'élevage larvaire, de la ponte jusqu'au stade postlarvaire. Trois méthodes de terrain couramment utilisées en aquaculture pour quantifier une population d'oeufs sont ainsi étudiées. Ce sont : l'échantillonnage de la ponte, sa pesée globale et la mesure de son volume total. Chaque technique possède des avantages et des inconvénients pratiques que l'utilisateur connaît bien. Leur précision n'avait cependant jamais été évaluée pour les espèces de poissons marins qui nous intéressent De notre analyse et de nos améliorations, il ressort que la technique d'échantillonnage semble la mieux adaptée pour effectuer une estimation sommaire et rapide du nombre d'oeufs contenus dans une ponte. Elle est cependant trop variable, en relatif comme en absolu, pour être utilisée à d'autres fins. La technique de pesée peut lui être substituée avec avantage, car il s'agit de la méthode la plus rapide. Dans les conditions d'utilisation préconisées, elle est reproductible et donne une très bonne estimation de la quantité réelle d'oeufs. Il est cependant risqué de vouloir l'employer en dehors des limites étudiées. Enfin, la technique volumétrique est peut être la méthode la moins rapide, mais elle est la plus fiable, en relatif et en absolu. C'est, à notre avis, la meilleure des trois méthodes. L'étude effectuée sur le dénombrement des stades larvaires les plus jeunes révèle qu'en l'état actuel des connaissances et dans les conditions d'élevage intensif, il est possible de dénombrer des larves à l'éclosion lorsqu'elles sont concentrées dans une cuve de collecte. Il est toutefois pratiquement impossible d'estimer correctement une population de larves âgées de quelques jours dans un bassin d'élevage. Le problème provient du fait que la seule méthode utilisable est une méthode d'échantillonnage qui nécessite l'homogénéisation des larves et que cette dernière est impossible à réaliser dans un grand volume d'élevage du fait de leur fragilité et de leur comportement grégaire. Pour avoir une estimation précise du taux de survie larvaire, il est donc conseillé de rapporter le nombre de survivants, en fin d'élevage, au nombre d'oeufs introduit directement dans les bassins qui lui, peut être estimé de façon très précise. Une telle pratique présente cependant l'inconvénient majeur de ne pas permettre l'évaluation du taux d'éclosion et de ne plus pouvoir distinguer la part de la mortalité liée à la qualité intrinsèque de la ponte de celle provoquée par les techniques d'élevage elles-mêmes. Enfin, nous avons estimé la précision et l'efficacité, inconnue jusqu'à ce jour, des deux seules méthodes de dénombrement employées, en écloserie, pour dénombrer les postlarves et les juvéniles en fin d'élevage larvaire. Il s'agit de la pesée ou du comptage visuel total. La première méthode concerne les poissons de quelques grammes pouvant être manipulés à l'épuisette, ce qui permet d'estimer le cheptel en pesant un échantillon dénombré et la population toute entière. La seconde s'applique aux postlarves de quelques dizaines de milligrammes qui ne peuvent être exondées sans provoquer d'importantes mortalités; elles sont donc dénombrées une à une, manuellement, lors de leur transfert dans les bassins de prégrossissement. Cette méthode, fastidieuse, est la seule connue et utilisée à ce jour pour l'estimation d'une population de postlarves de cette taille. Nous lui avons donc proposé un substitut : une méthode qui nécessite la photographie (en un ou plusieurs clichés) de toute la population et son dénombrement, par pointage des postlarves sur chaque cliché ou sur une fraction de chaque cliché.
By gathering specific measurement criteria and an objective analysis
of field methods, the main purpose of this work is to help estimate
larval Sea Bass (Dicentrarchus labrax) and Sea Bream {Sparus auratus)
stock performance raised under intensive conditions. As such, it is a
methodology guide zootechnicians can use, in their daily quantitative and
qualitative evaluation stock issues.
The first part of this work covers defining the precision of current counting
methods and establishing their limitations. The quantification methods
analysed, as well as the new proposed methods, relate to the major phases
of larval farming, from laying to postlarval stage.
Three field methods commonly used in aquaculture to quantify egg population
are therefore studied. They are: taking laying samples, measuring their
global weight and total volume.
The second part of this work provides precise morphological and behavioural
clues partially filling the lack of or inaccurate definition of reference names
necessary in evaluating raising quality. The notion of quality can be brought
on globally or individually, whether it describes stocks or one larva. Therefore, survival, growth, stock homogeneity, and its behaviour are population descriptors linked to a positive raising progression. Morphological criteria, for their part, describe fish intrinsic quality. Criteria taken into account here are those which are directly visible to the farmer in his hatchery. They are divided into three categories and relate to morpho-anatomy, ethology, and morphometry of both species.
Lastly, our work ends with the study of two other criteria categories selected
as potential estimators of stock quality:
¿ Ethological criteria based on precise descriptions of what spatial
distribution, natatorial and trophical larva behaviour must be throughout
the different raising phases. They allow instant stock estimation or of its
immediate future. The knowledge of larvae's sensorial equipment evolution
allows, for its part, to better understand some of their behaviour and to direct
research towards some of the raising conditions harmful to larva development..
¿ Morphometrical criteria, corresponding to length growth standards, weight growth,
dispersion and high populations' structure according to intensive techniques
standards. The performance and variability levels observed represent the current
intensive larval zootechnology's "savoir faire" status for Sea Bass and Sea Bream.
Chatain Beatrice (1994). Estimation et amélioration des performances zootechniques de l'élevage larvaire de Dicentrarchus labrax et de Sparus auratus. PhD Thesis, Aix-Marseille 2. https://archimer.ifremer.fr/doc/00000/1750/