(OCR non controlé) 1. Bien éclairé celui qui peut prétendre connaître les captures en Afrique avec précision. La précision voisine 50% ou moins dans la plupart des cas, dans des statistiques élaborées par les meilleures équipes de spécialistes notamment de la FAC. Ce qui est vrai stock par stock ne saurait l'être moins è l'échelle du continent africain. Si les statistiques de la pêche maritime sont sujettes à caution, que dire de celles de pêches continentales! Ainsi le Zaïre, avec son immense réseau hydrologique, est censé posséder 200 pirogues, moins que le Rwanda. Nous prions donc instamment le lecteur de ne pas consid4rer que les chiffres fournis dans le présent texte auraient urge valeur statistique indiscutable; ils ont été soigneusement compilés à partir de sources existantes, résultant elles-mêmes bien souvent de compilations, d'extrapolations, d'interpolations. IT ne faut pas chercher dans ces chiffres la preuve de ce que nous avançons, mais la preuve éventuelle' que nous nous serions trompés : "à moins que les données disponible ne soient suffisamment complètes et exactes, le biologiste se trouve devant l'inconfortable alternative de devoir soit effectuer des opérations douteuses, prenant ainsi le risque de donner un avis inapproprié, soit de donner un avis tellement imprécis qu'il devient inutilisable' (FAO Circ.Pêches 1985:3). Ce qui est vrai pour le biologiste ne saurait l'être moins pour un économiste!
2. Les grands nombres voilent les particularités nationales et locales. L'Afrique est un continent de diversités accusées, ce que des statistiques globales risquent de faire oublier. Ce ne serait pas trop grave si les décisions s'appliquant localement ne résultaient pas trop souvent de visions d'ensemble trop large pour être localement pertinentes. A titre d'exemple, la notion de « pirogue" embrasse de très nombreuses réalités: quoi de commun entre la pirogue de 25 mètres et de 25 tonnes de capacité des sennes tournantes du Sénégal, l'embarcation de papyrus du lac Tchad, les radeaux du Sud soudanais, le sommaire tronc d'arbre creusé des rivières du Sud-Cameroun et les barques de pêche de Méditerranée? Toute synthèse est vouée à gommer les différences; il faut se garder d'en tirer autre chose qu'une vision synthétique, un repérage des questions communes à tout le continent ou à des groupes de pays.
3. Si nous tentons de résumer ce qui n'est déjà qu'un résumé, les traits suivant s'imposent à l'observateur
- des pêches artisanales dominant la production du continent, et secondaires quant aux investissements et à l'assistance étrangère;
- Une place déterminante des femmes dans les "systèmes-pêche" du continent;
- un besoin considérable de financements et dans le même temps des surcapacités de production localement;
- une attention réelle portée aux exportations, et des systèmes nationaux de commercialisation largement livrés à eux mêmes;
- des ressources naturelles considérables et des handicaps matériels et humains difficilement surmontables.
- une très inégale répartition des ressources, des atouts et des handicaps: les pays à ressources abondantes ne sont pas ceux qui ont de fortes populations.
Ainsi nous apparaît une situation très contrastée, appelant à se méfier des généralisations.
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1. Enlightened indeed is the person who can claim to have precise knowledge of catches in Africa. Accuracy is in the neighbourhood of 50% or less in most cases, in statistics developed by the best teams of specialists, particularly the FAC. What is true, stock by stock, cannot be less so on the African continent as a whole. If marine fishing statistics are questionable, then what can be said of fishing throughout the continent! Thus, Zaire, with its huge hydrological network, is supposed to have 200 dugouts, less than Rwanda. We therefore earnestly beg the reader not to think that the numbers provided in this text have indisputable statistical value; they have been carefully compiled from existing sources, coming themselves very often from compilations, extrapolations, and interpolations. One must not look in these numbers for proof of what we are suggesting, but for the possible proof that we are mistaken: "unless the available data are sufficiently complete and exact, the biologist finds himself confronted with the uncomfortable alternative of having either to perform questionable operations, thereby taking the risk of giving an inappropriate opinion, or to give an opinion so imprecise that it becomes unusable". (FAO, Fishing Circular 1985:3). What is true for the biologist cannot be less so for an economist!
2. The large numbers obscure the national and local particularities. Africa is a continent of known diversity, which the overall statistics are likely to make us forget. It would not be too serious if the decisions that are implemented locally did not result all too often in big-picture views too broad to be locally pertinent. As an example, the notion of "dugout" encompasses many realities: what is there in common between the 25-metre dugout and Senegal's purse seine with a 25-tonne capacity, Lake Chad's papyrus craft, the rafts of the Sudanese south, the basic dug-out tree trunk of the southern rivers of Cameroon and the fishing barks of the Mediterranean? Any summary must erase the differences; one must refrain from drawing from them anything other than a summary view, a tracking of the questions common to the entire continent or group of countries.
3. If we try to summarise what is already only a summary, the following features stand out:
- small-scale fishing commanding the continent's production, and secondary as far as investments and foreign aid;
- the crucial position of women in the continent's "fishing systems";
- a considerable need for financing and at the same time instances of production overcapacity locally;
- real attention to exports, and national systems of marketing widely left to themselves;
- considerable natural resources and material and human handicaps not easily overcome.
- a very unequal distribution of resources, assets and handicaps; the countries with abundant resources are not the ones that have the large populations.
Thus it appears to us to be a very contrasting situation, which calls for distrusting generalisations.