Le risque trophique : caractéristiques trophique et hétérogénéité des ressources alimentaires en lien avec les mortalités ostréicoles

Le "risque trophique" est mis en évidence dans le modèle de bioénergétique développé in vivo à partir de plusieurs conditions alimentaires visant à reproduire différents types de bassins ostréicoles (eutrophes, hétérotrophes et oligotrophes) [22, 23]. La relation ressource trophique - mortalité fluctue d'un bassin à l'autre, probablement en fonction de l'abondance de cette ressource. Les analyses multi variées (ACP) traitant d'un ensemble de 11 sites ostréicoles au sein d'une base de données couplant mortalité et données environnementales, montrent bien que l'indicateur trophique "chlorophylle a" (souvent couplé avec la température), est impliqué dans une corrélation positive avec la mortalité des deux classes d'âge (1 et 2 ans). Les expérimentations de transfert de cheptels de la Baie des Veys vers la Côte Ouest du Cotentin durant la période printanière montrent sans conteste que l'"évitement" de la Baie des Veys au printemps épargne les cheptels [24]. Une année atypique comme 2004 montre qu'une forte ressource trophique sur la Côte Ouest du cotentin ne suffit pas, seule, à induire des mortalités (absence d'un facteur "x"), mais que par contre, la faiblesse en ressource trophique en Baie des Veys en 2004 épargne les huîtres qui y sont demeurées, malgré la présence probable du facteur "x" ! Ainsi, le facteur trophique est bien mis en évidence dans le bassin eutrophe de la Baie des Veys. Son implication dans le bassin "oligotrophe" de Marennes Oléron, où la ressource trophique est globalement limitante est moins évidente. L'alternance qualitative possible de la ressource trophique, plus organo-détritique au printemps, et évoluant vers une ressource plus benthique en fin de printemps et été [5] reste une vie de réflexion à approfondir. A plus large échelle, les analyses multivariées [13] font systématiquement apparaître les phéopigments comme un indicateur corrélé positivement aux mortalités dans le cas des mortalités "printanières" des 2 ans, laissant penser qu'un excès de phéopigments au printemps serait préjudiciable à la survie. Les mortalités des 1 ans seraient, quant à elles, corrélées négativement à l'abondance de phéopigments en été, montrant ainsi (1) que les besoins nutritifs entre 1 et 2 ans ne doivent pas être strictement équivalents, et (2) que cette différence de réponse est à rechercher dans la bivalence de la présence des phéopigments soit comme apports des bassins versants, soit comme conséquence de la dégénérescence des blooms phytoplanctoniques.

Mot-clé(s)

MOREST, Crassostrea gigas, Physiologie, Phéopigments, Ressources trophiques, Modèle bioénergétique, Mortalités, Huîtres

The "trophic risk" has been demonstrated in the bioenergetic model developed in vivo and based on various diet conditions similar to those of different types of oyster culture basins (eutrophic, heterotrophic and oligotrophic) [22, 23]. The trophic resource – mortality relationship differs from one basin to another, according to the quantity of this resource. Multy-varied analysis (ACP) conducted on a total of 11 oyster culture sites and handled in a database matching mortality and environmental data, show that the trophic indicator "chlorophyll a" (often coupled with temperature) is involved in a positive correlation with the mortality of both age classes (1 and 2 years old). The stock transfer from the Bay of Veys to the west coast of Cotentin in spring shows that the "avoidance" of the Bay of Veys in spring saves the stocks [24]. An atypical year like 2004 shows that an important trophic resource on the west coast of Cotentin alone is not enough to cause high mortality rates (absence of an "x" factor), but, on the other hand, a low trophic resource in the Bay of Veys in 2004 saves the oysters that have been kept there, despite the probable presence of the "x" factor! As a consequence, the trophic factor is demonstrated in the eutrophic basin of the Bay of Veys. Its presence in the "oligotrophic" Marennes Oléron Bay, where the trophic resource is globally limiting, is less obvious. The changes in the quality of the trophic resource, more organo-detritic in spring, and turning into a more benthic resource at the end of spring and in summer [5]. On a larger scale, multivaried analysis [13] systematically show pheopigments as an indicator which is positively linked to mortality in the case of spring mortality of 2-year-old oysters. This made us think that an excess of pheopigments in spring could affect the survival of the species. The mortality of the 1-year-old oysters could be linked negatively to the large amount of pheopigments in summer, showing that (1) nutritional requirements between 1 and 2 year olds are not strictly the same, and that (2) the difference in their results is to be found in the bivalent presence of the pheopigments either coming from the catchment areas or being the consequence of the degeneration of the phytoplanktonic blooms.

Texte intégral

FichierPagesTailleAccès
2962.pdf
181 Mo
Comment citer
Ropert Michel, Lefebvre Sebastien, Soletchnik Patrick, Blin J. L., Faury Nicole, Struski Caroline (2004). Le risque trophique : caractéristiques trophique et hétérogénéité des ressources alimentaires en lien avec les mortalités ostréicoles. Présentation Séminaire MOREST, Caen, 14-26 novembre 2004. https://archimer.ifremer.fr/doc/00000/3410/

Copier ce texte