Tenter de maîtriser les maladies infectieuses chez les mollusques : une clé pour une aquaculture durable
La production halieutique mondiale a atteint 133 millions de tonnes en 2002. La part de la production halieutique mondiale attribuable à l'aquaculture a progressé de 25,8% à 29,9% entre 1998 et 2002. Durant la même période, si la production des pêches a augmenté de 6,3%, la production aquacole a réalisé une progression de 30%. Selon les projections de la FAO, la consommation mondiale de poissons, mollusques et crustacés pourrait s'établir à 179 millions de tonnes d'ici à 2015. L'essentiel de cette nouvelle demande devra être satisfait par l'aquaculture, qui pourrait assurer 39% de la production halieutique totale en 2015.
Les maladies infectieuses peuvent avoir une influence sur la survie, mais également sur la croissance et les performances zootechniques des animaux en élevage. Elles sont de ce fait des aléas qu'il est indispensable de prendre en compte et qu'il faut tenter de maîtriser. L'aquaculture comme toutes les autres activités d'élevage doit y faire face. La forte croissance, ces dernières décennies, des productions aquacoles, des espèces exploitées et de leurs échanges à des fins commerciales s'est accompagnée d'une augmentation du nombre et de la répartition des maladies infectieuses. Dans ce contexte, les maladies infectieuses en aquaculture restent une préoccupation de tout premier plan.
Différentes approches et/ou outils peuvent être mis en place afin de tenter de réduire l'impact économique que peuvent avoir les maladies infectieuses sur les élevages aquacoles. Elles passent par : (1) l'identification et la connaissance des agents infectieux, (2) la surveillance des cheptels et le contrôle des transferts des animaux et de leurs produits dans un cadre réglementaire, (3) la compréhension des interactions entre l'hôte (en particulier les mécanismes de défense), l'agent infectieux et l'environnement, (4) la modélisation de l'apparition et de la persistance des maladies infectieuses et (5) la mise en place de mesures de lutte et de protection adaptées incluant la sélection d'animaux résistants ou tolérants aux maladies infectieuses.
Cependant, dans le domaine de l'aquaculture et tout particulièrement en conchyliculture, un certain nombre de difficultés majeures existe. La première de ces difficultés réside dans un manque de connaissances de base sur les agents infectieux eux-mêmes, les mécanismes de défense mis en jeu par les animaux pour lutter contre ces agents infectieux et les divers facteurs environnementaux favorisant ou conditionnant l'apparition d'une maladie. Le nombre restreint d'outils d'investigation (outils de diagnostic) peut aussi être un frein à la lutte contre les maladies infectieuses. Par ailleurs, le milieu aquatique et ses caractéristiques (diffusion facilitée des agents infectieux dans et par l'eau, difficulté de mettre en place des traitements dans certains cas et difficulté, voir impossibilité d'agir sur les conditions de milieu, ...) induisent des contraintes particulières.
Dans ce contexte particulier, l'objectif du pathologiste est de pouvoir fournir des outils et de proposer des stratégies adaptées permettant de réduire les effets néfastes des maladies infectieuses sur les exploitations tout en préservant l'environnement. Ainsi, sont rapportés dans ce document, des travaux réalisés autour de trois axes principaux en terme de pathologie aquacole : l'identification du danger, la caractérisation du risque et sa gestion. Il a été choisi de développer ces trois points autour de publications et de maladies ciblées (infections virales en particulier).
The world halieutic production reached 133 million tons in 2002. The part of aquaculture in the world halieutic production grew from 25.8% to 29.9% between 1998 and 2002. Over the same period, if the fishing production increased by 6.3%, the aquacultural production progressed by 30%. According to the FAO, the world fish, mollusc and crustacea consumption could be around 179 million tons by 2015. Most of this new demand will have to be satisfied by aquaculture. By 2015, aquaculture could represent 39% of the world halieutic production.
Infectious diseases may influence the survival, but also the growth and zootechnical performances of cultivated animals. As a matter of fact, they are hazards that have to be taken into account and mastered. Aquaculture, as any other breeding activity has to face this hazard. For the past decades, the strong increase in aquacultural production, in exploited species and in their trade for commercial purposes has come hand in hand with an increase in the number and distribution of infectious diseases. In this context, infectious diseases in aquaculture are a priority.
Different types of approaches and/or tools can be used in order to try and lessen the economical impact of the infectious diseases on aquaculture. They include: (1) the identification and knowledge of infectious agents, (2) the surveillance of stocks and a strong control of the transfers of the animals and their products within a legal framework, (3) the understanding of the interactions between the host (especially the defence mechanisms), the infectious agent and the environment, (4) the modelisation of the appearance and persistence of infectious diseases (5) the introduction of appropriate fighting and protection measures, including the selection of animals who can resist or tolerate infectious diseases.
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Renault Tristan (2007). Tenter de maîtriser les maladies infectieuses chez les mollusques : une clé pour une aquaculture durable. HDR. https://archimer.ifremer.fr/doc/00000/3486/