Le statut taxonomique des huîtres creuses Crassostrea angulata et C. gigas a fait l'objet de nombreuses études ces dernières décennies. Se basant sur la morphologie des coquilles des larves, des croisements expérimentaux ou des marqueurs allozymiques ou des marqueurs ADN, plusieurs auteurs ont conclu que ces deux taxons appartenaient à la même espèce. Cependant, des données mitochondriales montrent de nettes différences entre ces deux taxons. De plus, des études basées sur des marqueurs microsatellites, et dans le domaine de la cytogénétique, montrent une différentiation significative. De plus, des différences phénotypiques ont également été observées en terme de croissance et de paramètres écophysiologiques. Dans notre étude, des huîtres C. angulata de l'estuaire du Sado (Portugal) et C. gigas de l'estuaire de la Seudre (France) ont été croisées selon un plan factoriel. Leurs descendants ont été élevés dans la «Ria Formosa » (Portugal) puis comparés pour la forme de leur coquille et la pigmentation de l'empreinte du muscle adducteur. Des différences morphologiques significatives entre descendants C. angulata et C. gigas sont mises en évidence par analyses uni- et multivariées. Après ajustement en ce qui concerne la taille des coquilles, l'analyse multivariée montre des différences entre les deux taxons au niveau de la profondeur de la valve inférieure, la hauteur de l'empreinte du muscle et la longueur du ligament de la charnière. Les deux hybrides réciproques présentent des valeurs intermédiaires à celles des lignées parentales pour ces caractères. De plus, des différences significatives entre descendants sont également observées pour la couleur de la coquille au niveau de l'empreinte du muscle adducteur ; les descendants C. angulata et les deux hybrides présentant des taches plus foncées que celles des descendants C. gigas. Les différences de forme de coquille et de pigmentation de l'empreinte du muscle adducteur, observées dans cette étude, contribuent à la distinction entre les deux taxons étudiés.

The taxonomic status of the cupped oysters Crassostrea angulata and C. gigas has received considerable attention in the last decades. Based on larval shell morphology, experimental hybridization, allozymes and nuclear DNA studies several authors have considered these two taxa as being synonymous. However, mitochondrial data showed clear genetic differences between the two taxa. In addition, microsatellite-based studies and cytogenetic studies have also provided evidence that supports their differentiation. Considerable differences have also been observed at the phenotypic level in terms of growth rate and ecophysiological parameters. In the present study, C. angulata from Sado estuary (Portugal) and C. gigas from Seudre estuary (France) were collected and factorial crosses were performed. Juveniles of the different progenies were reared in Ria Formosa (Portugal) under common conditions to determine if they exhibited differences in shell shape and in pigmentation of the adductor muscle scar. Significant morphometric differences between C. angulata and C. gigas progenies were indicated by univariate and multivariate analyses. Univariate analysis of size-adjusted shell measurements revealed significant differences between the two taxa for shell depth, muscle scar height, and length of ligamental area. Both reciprocal hybrids showed intermediate morphometric characters between parental lines. In addition, significant differences were also observed between C. angulata and C. gigas progenies in terms of pigmentation of adductor muscle scar. C. angulata and both reciprocal hybrid progenies showed highly pigmented adductor muscle scars whereas in C. gigas progeny the pigmentation was lighter. The differences in shell shape and muscle scar pigmentation observed in the present study support the distinction of the two taxa.