Saisonnalité de ponte de Crassostrea gigas et Crassostrea angulata dans le bassin de Marennes-Oléron. Un demi siècle de résultats : 1950-2000. La différence dans la saison de ponte reflète-t-elle une différence entre taxons ou l'évolution climatique ?

Le bassin de Marennes-Oléron sur la cote atlantique est un haut lieu de l'ostréiculture française. 40 000 tonnes d'huîtres creuses y sont produites chaque année. Les deux taxons Crassostrea angulata et Crassostrea gigas s'y sont succédés au cours du siècle dernier. Depuis 1950 des pêches de larves sont effectuées entre juin et septembre au sud du bassin, à l'embouchure de la rivière Seudre, zone traditionnelle de captage du naissain d'huîtres. Cette base de données historiques montre que les fréquences de captures de larves s'articule autour de 3-4 pics d'émission pour Crassostrea angulata et seulement 2 pics d'émissions pour Crassostrea gigas au cours d'une saison. 17 années de données sur Crassostrea angulata entre 1950 et 1969 et 27 années sur Crassostrea gigas entre 1972 et 2000 permettent de constater que le début de saison de ponte a lieu en moyenne en mi juin pour Crassostrea angulata et en fin juin pour Crassostrea gigas. 50 % des émissions sont atteinte durant la première quinzaine de juillet pour Crassostrea angulata et durant la deuxième quinzaine de juillet pour Crassostrea gigas. Si la différence dans la fréquence des émissions peut être de nature phénotypique, le décalage de 15 jours dans la saison de ponte des 2 taxons, ne va pas dans le sens des différences de patrons de maturation mis en évidence entre les deux taxons. A la lumière de l'évolution climatique de cette fin du 20ème siècle, cette étude montre que l'"avance" de 15 jours dans la saison de ponte moyenne n'est sans doute pas liée au changement de taxon. Une étude conduite en 2000 avec les deux taxons montre au contraire une ponte plus tardive pour C.angulata comparé à C.gigas. La hausse sensible de température de plus de 1° C en 25 ans, la diminution de 10-15% de l'insolation moyenne sur le bassin, ainsi que l'augmentation significative de la pluviométrie printanière, agissent sur la chaîne trophique alimentaire de l'écosystème estuarien et sur la saisonnalité d'abondance de la ressource alimentaire disponible pour l'huître. Le retard dans l'avènement des blooms phytoplanctoniques peut induire le retard de ponte observé depuis les 3 dernières décades. [OCR NON CONTRÔLE]

Mot-clé(s)

Crassostrea angulata, Crassostrea gigas, Marennes Oléron bassin, Pertuis Charentais, Environnement, Huître creuse, Reproduction

The Marennes-Oléron Bay on the Atlantic coast is a major oyster culture centre in France. 40 000 tonnes of cupped oysters are produced there each year. The two taxa C. angulata and C. gigas have been cultured in turn over the last century. Since 1950, larvae have been captured between June and September in the southern part of the Bay, near the mouth of the Seudre River, the traditional oyster spat capture zone. This historical database shows that the frequency of larvae capture is defined by three to four peaks in larvae emission in C. angulata and only two peaks for C. gigas during a single season. Seventeen years of data on C. angulata between 1950 and 1969 and 27 years for C. gigas between 1972 and 2000 demonstrate that the beginning of the spawning season occurs, on average, in mid-June for C. angulata and late June for C. gigas. Fifty percent of spawning events have occurred by mid-July for C. angulata and by the last two weeks in July for C. gigas. While the difference in spawning intensity can be phenotypic, the 15 day shift in the season between the two taxa does not correspond to the patterns of maturation demonstrated in the two taxa. In light of climate change of the end of the 20th century, this study shows that the 15 day "advance" in the mean spawning season is not likely to be due to the change in taxon. A study conducted in 2000 on both taxa showed that C. angulata spawned later compared to C. gigas. The increase in temperature of more than 1°C in 25 years, the 10-15% decrease in mean insolation (average daily irradiance) in the Bay as well as the significant increase in spring rainfall all act on the food chain of the estuarine ecosystem and on the seasonal variability in abundance of food sources available for oysters. The delay in the onset of phytoplankton blooms may induce the delay in spawning that has been observed for the last three decades.

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Comment citer
Soletchnik Patrick (2001). Saisonnalité de ponte de Crassostrea gigas et Crassostrea angulata dans le bassin de Marennes-Oléron. Un demi siècle de résultats : 1950-2000. La différence dans la saison de ponte reflète-t-elle une différence entre taxons ou l'évolution climatique ?. Ref. CONTRAT DE PLANT ETAT-RÉGION 2008-2013 DEVELOPPEMENT DURABLE DES PERTUIS CHARENTAIS. https://archimer.ifremer.fr/doc/00000/4126/

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