Thau, étang de 7500 hectares, communiquait autrefois avec la mer par des graus, fermés actuellement. Au XVII siècle, ont été creusés les canaux de Sète qui le relient à la Méditerranée. Leur largeur et leur profondeur, plusieurs fois modifiées atteignent respectivement 60 m et 9 m.
Ces modifications ont entraîné, dans l'hydrologie de l'étang de Thau, des changements qu'il importait de connaître.
Au terme de cette étude, il apparaît que l'étang subit des influences diverses: climat et apports marins donnant à tous les phénomènes observés une certaine variabilité qui est la caractéristique même des nappes lagunaires. Néanmoins, sous ces variations diverses, dans le lieu et dans le temps, des facteurs hydrologiques essentiels: température et salinité, se dégagent des traits généraux qui ont été exprimés à la fin de chacun des précédents chapitres mais qu'il est utile de rappeler.
1° Les facteurs météorologiques ont un rôle marqué sur J'hydrologie de l'étang, Les principaux sont: a) la température de l'air qui, minimale en février, maximale en juillet. a une valeur moyenne de 13° 70 :
b) les précipitations dont le volume, très variable d'une année à l'autre, est en moyenne de 568 mm par an, le nombre de jours pluvieux étant généralement faible (60 jours par an, en moyenne) ;
c) les vents: la tramontane, le grec, le levant, le labech, l'argade et surtout le mistral qui est le plus violent et entraîne surtout en été une évaporation intense.
2° La marée est. à Sète, d'un type mixte caractérisé par une inégalité diurne variant au cours d'un mois, En mer, son amplitude est de 14 cm, Dans l'étang, elle peut atteindre 1 à 4 cm. La durée du flux et du reflux est variable mais généralement le flot est plus court que le jusant (en moyenne 5 h 35 pour le premier et 6 h 41 pour le second). A chaque marée, soit deux fois par jour, Je volume d'eau échangé entre la mer et l'étang est compris entre 750 000 et 3 750 000 m3.
3° Le vent et la pression atmosphérique influent sur les variations du niveau de la mer et favorisent les échanges entre la mer et l'étang. Le mistral provoque un abaissement des niveaux de la mer et de l'étang. qui se stabilisent entre 30 et 40 cm. Les vents d'est et les basses pressions entraînent une élévation de ces niveaux qui dans ces conditions sont parfois supérieurs à 80 cm. Le niveau de la mer est généralement inférieur de quelques centimètres à celui de l'étang, qu'il détermine.
4° Les courants,
a) Les courants des canaux de Sète ont, au cours du flux et du reflux, une vitesse généralement proportionnelle à l'amplitude de la marée qui les provoque, La vitesse maximum peut dépasser 50 cm/s, mais elle est le plus souvent comprise entre 30 et 50 cm/s,
b) Au cours du flux, l'étang des Eaux Blanches est parcouru par des courants de même direction générale (SE-NO) que ceux qui intéressent la partie des canaux de Sète comprise entre le pont Sadi-Carnot et l'étang: leur vitesse varie entre 0.20 m et 0,10 m à la seconde, Dans la partie orientale du Grand Etang, le courant de flot s'infléchit vers l'ouest et sa vitesse diminue: elle est généralement inférieure à 0,10 m/s.
c) Pendant plusieurs heures parfois, des courants de sens inverse s'établissent en surface et sur le fond dans les canaux de Sète: ils s'accompagnent d'une diminution de vitesse.
5° En été, les températures minimales des eaux des canaux de Sète correspondent généralement aux salinités maximales.
En hiver, les maximum de température et salinité sont concomitants, ainsi que les minimum, pour une même couche. Ces variations sont en relation directe avec les courants de marée qui sont à l'origine de fluctuations journalières dont le rôle dans l'hydrologie de l'étang est prépondérant.
L'amplitude de ces variations peut dépasser pour la température 3° et pour la salinité 3 0/00
6° Dans une même journée, par le jeu du flux et du reflux, des eaux de natures différentes s'affrontent dans l'étang des Eaux Blanches: ce sont, soit des eaux d'origine marine récente, soit des eaux d'origine limnique, soit des eaux de mélange. Tantôt elles se remplacent, tantôt par suite des différences de densité, les couches superficielles glissent simplement sur celles du fond en prenant des directions opposées.
7° Dans un cycle hydrologique annuel. deux périodes principales ont été mises en évidence.
a) Une période hivernale de novembre à mars au cours de laquelle la température des eaux de l'étang est in férieure à 13°.
Les Eaux Blanches sont moins froides que le Grand Etang avec des différences le plus souvent inférieures à 1n mais pouvant atteindre 1°46.
Les eaux du fond ont une température inférieure à celle des eaux superficielles avec des différences ne dépassant pas, généralement, 0° 50. Les écarts thermiques entre surface et fond sont plus accentués clans les Eaux Blanches que dans le Grand Etang (écart maximum observé pour le premier: 0° 97, et pour le second: 0° 31) , En effet, les eaux du fond présentent des caractéristiques qu'elles tiennent de leur origine marine et qui les différencient plus nettement des eaux limniques de surface. Ces différences nettes dans les Eaux Blanches, tendent à s'atténuer dans le Grand Etang.
Les rives peu profondes sont plus froides que le centre (différences de l'ordre de quelques dixièmes de degré) car les couches d'eau qui sont directement en contact avec l'air froid se refroidissent plus rapidement sous faible épaisseur.
Une courte période de transition située généralement en avril et caractérisée par une isothermie entre la mer, l'air et l'étang sépare les périodes hivernale et estivale. La température est alors voisine de 13°
b) Une période estivale de mai à septembre au cours de laquelle la température des eaux de l'étang est supérieure à 13° .
Les Eaux Blanches sont moins chaudes que le Grand Etang avec des différences dépassant parfois 2°.
Les eaux du fond ont une température inférieure de 1° à 2° à celles de la surface. Les écarts thermiques entre surface et fond sont plus accentués dans les Eaux Blanches que dans le Grand Etang (écart maximum observé pour le premier: 3°85, et pour le second: 1°07). Ces différences, déjà observées en hiver, sont plus nettes en cette saison.
Les rives peu profondes sont plus chaudes que le centre (les différences sont comprises entre quelques dixièmes de degré et plusieurs degrés) car l'insolation exerce une influence d'autant plus considérable que la couche d'eau est plus mince.
8° La température moyenne de Thau est généralement maximale en juillet (au plus 25°) et minimale en février (moins de 0° dans les cas extrêmes). Elle suit les fluctuations de celle de l'air et ne s'en écarte localement que sous l'influence marine et dans de faibles limites.
En dehors de l'évolution normale, consécutive aux changements de saisons, des variations plus rapides peuvent se produire: elles sont dues, le plus souvent: aux vents et parmi ceux-ci plus particulièrement au mistral qui agit sur la température de l'air; en toutes saisons, il tend à refroidir les points de l'étang les moins abrités, le long du cordon littoral; aux pluies qui par J'intermédiaire des cours d'eau sont aussi la cause de variations localisées à leur embouchure.
9° La salinité moyenne de Thau est généralement plus élevée en été et en automne qu'au printemps et en hiver. Elle suit les fluctuations de la zone marine côtière qui est fortement influencée en surface par le courant du Rhône et les fleuves tributaires du golfe d'Aigues-Mortes.
La salinité de Thau varie entre 31 et 39 0/00. Elle est presque toujours inférieure à celle de la mer (34 à 38 0/00). Les cours d'eau qui se jettent dans l'étang de Thau, auxquels il faut ajouter la Bise, sont à l'origine de ces différences et l'on constate dans ce cas que les Eaux Blanches sont plus salées que le Grand Etang.
Il arrive cependant accidentellement que la salinité de Thau soit supérieure à celle de la mer par suite de la dilution brutale des eaux marines côtières, qui peut intervenir en toutes saisons mais ne dure généralement que quelques jours, ou par suite de l'évaporation intense qui se produit en Pté dans l'étang. Les Eaux Blanches sont alors moins salées que le Grand Etang.
10° On observe des différences de salinité entre la surface et le fond, celui-ci étant généralement plus salé. Pour les Eaux Blanches, la moyenne de nos mesures donne 35,04 en surface et 35,73 sur le fond.
11° L'étang des Eaux Blanches est plus salé que le Grand Etang. On observe aussi des variations d'un point à un autre: les stations voisines des cours d'eau ont une salinité moyenne moindre; la côte nord est, pour cette raison, moins salée que celle du cordon littoral.
Sur un plan général l'étang de Thau présente une salinité qui diffère peu de celle de la Mer Méditerranée, toutefois les fluctuations de sa température, plus étendues à mesure que l'influence marine s'estompe, lui confèrent des caractères limniques.
Il constitue une étape vers Je milieu lagunaire dont quelques-uns de ses points, éloignés de la mer. ont déjà nettement L'aspect bien différent des autres étangs du littoral méditerranéen français, à l'exception de l'étang de Berre, il reste cependant un milieu submarin caractéristique.
(OCR non contrôlé)
The Thau Lagoon, a lagoon that stretches over 7 500 ha, used to be connected to the sea via "graus" (channels) that are now closed. During the 17th century, the canals were dug that provide access to the Mediterranean Sea at Sète. Their width and depth, modified several times, reach 60 m and 9 m, respectively. It is important to understand how these modifications changed the hydrology of the Thau Lagoon....
Audouin Jacques (1962). Hydrologie de l'étang de Thau. Revue des Travaux de l'Institut des Pêches Maritimes. 26 (2). 5-104. https://archimer.ifremer.fr/doc/00000/4244/