La sardine du golfe du lion (Sardina pilchardus sardina REGAN)

Nous venons d'analyser un •groupement de sardines méditerranéennes, celui du golfe du Lion, qui n'avait encore fait l'objet d'aucune étude d'ensemble. Utilisant à cette fin diverses méthodes dont la biométrie, et, fait nouveau dans les recherches de ce genre, l'hématologie, ce travail poursuivi pendant trois années consécutives nous a permis de préciser, et dans certains cas de décrire, les caractéristiques morphologiques, biologiques et écologiques de ce groupement et d'en tirer quelques conclusions pratiques pour la pêche. 1°) Sur le plan général de la systématique, cette analyse de la sardine du golfe du Lion nous permet, croyons-nous, de vérifier et de confirmer que la sardine méditerranéenne est, pour le moins, une sous-espèce différente de la sardine atlantique; elle doit par conséquent figurer dans la nomenclature sous un nom propre, celui de Sardina pilchardus sardina que REGAN lui a donné en reprenant le nom d'espèce de RISSO et que plusieurs auteurs, niant de manière un peu trop systématique la valeur de certains caractères variables, contestaient. Du point de vue anatomique, c'est surtout par le nombre de branchiospines que cette sardine se sépare de l'espèce atlantique. Ce caractère, variable avec la taille, mais néanmoins excellent, a pour les spécimens de 12 à 16 cm du golfe du Lion une valeur de 56 à 60; en Atlantique, à la même latitude, sa valeur, à taille égale, est de 60 à 70. Autre caractère important qui conduit à isoler la sardine méditerranéenne: ses propriétés hématologiques, différentes de celles des sardines atlantiques du golfe de Gascogne. Citons en particulier le fait que les hématies de sardine du golfe du Lion sont agglutinées dans une proportion élevée par le sérum de thon alors que cette agglutination ne s'est pas produite pour les sardines de St. Jean-de-Luz. A ces différences essentielles s'en ajoutent d'autres moins caractéristiques mais réelles que nous avons mises en évidence en ce qui concerne notamment l'indice céphalique et prédorsal, la formule vertébrale et la croissance. 2°) A ce propos, nous espérons avoir démontré aussi par des analyses comparatives portant sur la morphologie des larves et la température de l'eau de mer, que la formule vertébrale, d'une grande utilité dans les recherches ichthyologiques pour distinguer les groupements raciaux, est un caractère excellent, rejeté par certains d'une manière trop hâtive, car il n'est pas influencé par les variations d'une certaine amplitude, de la température en particulier. A plus forte raison des résultats obtenus en aquarium pour d'autres familles de poissons, en créant des variations du milieu brusques et de forte amplitude, qui ne se rencontrent pas dans la nature, ne permettent pas d'infirmer la valeur de ce caractère. 3° Les sardines du golfe du Lion ne forment pas un groupement homogène. Si pour elles les variations sont beaucoup moins fortes que dans l'Atlantique, les caractères étudiés ici sur les sardines du golfe de Marseille, de Sète et du Roussillon présentent un ensemble de variations légères mais concordantes. On peut donc considérer ces sardines comme appartenant à trois formes : catalane, languedocienne, provençale. 4°) Les sardines languedociennes se reproduisent en hiver, d'octobre à mars, principalement dans la zone des profondeurs de 40 à 80 m, c'est-à-dire à une certaine distance de la côte. La température optima pour la ponte se situe entre 12° et 13°7 cependant la marge thermique qui permet l'émission des oeufs est plus large: 11 à 21°. Pour la salinité l'optimum se place entre 37.4 et 38.1 0/00 mais on trouve des oeufs à partir de 36 0/00. C'est au cours de la deuxième année, à la taille de 13-14 cm que cette sardine se reproduit pour la première fois. Ensuite, comme partout ailleurs, son cycle est annuel. Le stock languedocien est constitué en quasi-totalité par des poissons de tous les âges jusqu'à 6 ans. Les spécimens de plus de 6 ans sont rares; la longévité du groupe atteint 10 ans. Ces sardines passent toute leur vie dans le golfe du Lion. Leurs migrations ont une amplitude moindre qu'en Atlantique. Suivant leur âge elles se déplacent du large vers la côte entre avril et juin et retournent vers le large entre septembre et novembre. De plus, une autre migration parallèle au rivage affecte les adultes. Elle s'effectue d'est en ouest au début de l'été. Elle est d'autant plus marquée que les conditions hydrologiques sont défavorables dans la région de Sète. Les déplacements verticaux journaliers et les migrations plus amples ont été analysés en fonction des conditions de milieu: température, salinité, turbidité, plancton et des phases de la lune. Ils nous ont permis de saisir certains rapports existant entre la biologie de la sardine et la pêche et de définir en particulier ce que sont les « eaux à sardines ». De ces données pourront être tirés des enseignements utiles aux pêcheurs. Par ailleurs, notre étude sur les oeufs de sardines et la fécondité des groupements du golfe du Lion ainsi que les prospections que nous avons faites au moyen du sondeur à ultra~sons sur l'importance des bancs rassemblés en cette région nous permettent de conclure que la pêche à la sardine peut connaître, sans risque de surexploitation un développement à l'échelle de la pêche atlantique. ATTENTION : Ce texte a été extrait du document par un processus automatique, non contrôlé, de reconnaissance optique de caractères (OCR). Il est donc susceptible de comporter des erreurs. En cas de doute, consultez le fichier PDF.
We recently analysed a population of Mediterranean sardines in the Gulf of Lion that had never before been studied in its entirety. The analysis drew on biometry and haematology, a novel approach for this type of study. The study was carried out over three consecutive years and the morphological, biological and ecological characteristics of this population were described, sometimes in great detail. Some practical conclusions were drawn for the Mediterranean sardine fishery....

Texte intégral

FichierPagesTailleAccès
3784.pdf
953 Mo
Comment citer
Lee Jean Yongchul (1961). La sardine du golfe du lion (Sardina pilchardus sardina REGAN). Revue des Travaux de l'Institut des Pêches Maritimes. 25 (4). 418-513. https://archimer.ifremer.fr/doc/00000/4266/

Copier ce texte