Recherche d'effets biologiques de l'atrazine sur hémocytes d'huître creuse, Crassostrea gigas, in vivo et in vitro
La conchyliculture et notamment l'ostréiculture se sont beaucoup développées en France dans les dernières décennies. Le bassin de Marennes-Oléron (Charente-Maritime) est le premier bassin français producteur d'huîtres. Mais cette zone est également soumise à de nombreuses pollutions récurrentes, apportées principalement par la Charente. La recrudescence de l'utilisation d'herbicides en agriculture implique le transfert vers le milieu aquatique de nouveaux polluants dans les zones d'estuaires. L'atrazine fait partie de ces herbicides récemment introduits. Il convient de s'interroger sur ses effets néfastes sur les animaux vivant dans ces zones, tout particulièrement les huîtres. De plus, le développement de techniques permettant d'analyser l'impact d'un tel composé sur la biologie d'un bivalve pourrait aboutir à la mise en place d'outils diagnostiques adaptés au suivi du transfert de produits phytosanitaires vers les zones estuariennes. Dans ce contexte, l'influence de l'atrazine sur les mécanismes de défense développés par l'huître japonaise, Crassostrea gigas, espèce essentiellement élevée dans le bassin de Marennes-Oléron, a été testée. Le polluant a été testé d'une part in vitro sur des hémocytes, cellules du système immunitaire, en utilisant plusieurs concentrations (2, 20 et 200 mg.L-1) et différents temps de contact (4 et 24 heures). D'autre part, le même composé a également été utilisé dans des expériences in vivo : dans ce cas, des huîtres ont été mises en contact avec deux concentrations d'atrazine (0,01 et 0,1 mg.L-1) pendant deux mois. Dans les deux types d'expériences, les hémocytes ont été analysés en cytométrie de flux ; la viabilité ainsi que différentes activités cellulaires (activité phagocytaire, recherche d'enzymes hydrolytiques, cycle cellulaire) ont été déterminées. Les résultats montrent que l'atrazine n'induit pas de mortalité chez les hémocytes dans les conditions testées in vitro. En revanche, les expériences menées in vivo ont permis de mettre en évidence un possible effet génotoxique de ce polluant (apparition de nombreuses cellules en division)
Mot-clé(s)
Atrazine, Cytométrie de flux, Hémocytes, Crassostrea gigas
In the last decades, shellfish farming and in particular ostreiculture have developed in a significant way in France. Marennes-Oleron (Charente-Maritime) basin is the first French producer of oysters. But this area is also subjected to many recurring pollution, brought mainly by the Charente river. The recrudescence using of herbicides in agriculture including atrazine implies the transfer towards the aquatic environment of new pollutants in estuarine areas. Moreover industrial rejections bring many heavy metals in these same estuarine areas. It is appropriate of wondering on harmful effects of all these pollutants on the animals living in these areas, particularly oysters. Bivalve molluscs have been postulated as ideal indicator organisms because of their way of life. They filter large volumes of seawater and may therefore concentrate contaminants within their tissues. Moreover, the development of techniques allowing the analysis of the impact of such compounds on bivalve biology could lead to the installation of diagnostic tools adapted to the follow-up of the transfer of pollutants towards the estuarine areas. In this context, the influence of atrazine on the mechanisms of defence developed by Japanese oyster, Crassostrea gigas, species primarily high in the basin of Marennes-Oléron, was tested. Atrazine was tested in vitro on the defence cells of the organism, haemocytes, with several concentrations (2,20 and 200 mg.L-1) and several times of contact (4 and 24 hours). Atrazine was also tested in in vivo experiments : oysters have been in contact with atrazine (0.01 and 0.1 mg.L-1) for two months. In both experiments types, haemocytes were analyzed by flow cytometry; viability and cellular activities (phagocytosis activity, hydrolytic enzymes, cell cycle) were monitored. The results show that atrazine induce no mortality on the haemocytes under the conditions tested in vitro. But experiments carried out in vivo allowed us to shiw a possible genotoxic effect of this pollutant (increase of number of dividing cells).
Gagnaire Beatrice, Thomas-Guyon Hélène, Lapegue Sylvie, Bouilly Karine, Renault Tristan (2001). Recherche d'effets biologiques de l'atrazine sur hémocytes d'huître creuse, Crassostrea gigas, in vivo et in vitro. Actes du 31° congrès du Groupe français des pesticides; Lyon 15-17 Mai 2001, pp 390-398. https://archimer.ifremer.fr/doc/00000/834/