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Qualité du Milieu Marin Littoral. Synthèse Nationale de la Surveillance. Edition 2009
Ce document constitue une synthèse nationale proposée en complément des bulletins de la surveillance publiés chaque année par les Laboratoires Environnement Ressources (LER) de l’Ifremer. Elle présente les principaux résultats obtenus jusqu’en 2008 par les différents réseaux de surveillance, réseau de contrôle microbiologique (REMI), réseau de surveillance phytoplancton et phycotoxines (REPHY), réseau d’observation de la contamination chimique (ROCCH) et réseau mollusques des ressources aquacoles (REMORA). Le réseau de contrôle microbiologique (REMI) permet d’évaluer les niveaux de contamination microbiologique dans les coquillages et de détecter les épisodes de contamination. Les données de surveillance permettent également d’estimer la qualité microbiologique d’une zone et son adéquation avec le classement de l’Administration. Le traitement des données acquises sur les 10 dernières années permet de suivre l’évolution des niveaux de contamination. Il apparaît que la contamination est stable pour 66% des sites disposant d’un nombre suffisant de données sur une période décennale, c’est le cas notamment dans le Finistère ou les étangs languedociens. Une dégradation est observée pour 20% des sites que l’on peut localiser, notamment en Normandie et sur les départements d’Ille-et-Vilaine et des Côtes d’Armor. Enfin, l’amélioration de la qualité microbiologique est relevée sur 14% des sites, notamment dans la zone des pertuis charentais. Le réseau de surveillance du phytoplancton et des phycotoxines (REPHY) inclut également le suivi de l’hydrologie des masses d’eau. Cet ensemble permet de suivre le schéma classique des évolutions saisonnières des populations phytoplanctoniques, maximales au moment du printemps et minimales en période hivernale, d’observer les taxons dominants et d’identifier les flores toxiques qui peuvent produire des toxines susceptibles de s’accumuler dans les coquillages, toxines lipophiles incluant les toxines diarrhéiques DSP, toxines paralysantes PSP et toxines amnésiantes ASP. Les toxines lipophiles (incluant DSP) induisent des épisodes toxiques sur une très large partie du littoral et à différentes périodes de l’année. En Normandie, en Bretagne dans le Finistère et le Morbihan, ainsi qu’en Loire atlantique et Vendée, les épisodes toxiques apparaissent plutôt en période printanière ou estivale. Les pertuis charentais sont épargnés, alors que des épisodes toxiques sont relevés entre mars et août dans le Bassin d’Arcachon. Les lagunes de la côte méditerranéenne du Languedoc-Roussillon sont également touchées durant toute l’année, alors que ces épisodes sont observés surtout en janvier et février dans les étangs corses. Des épisodes toxiques PSP ne sont observées en 2008 sur aucune zone du littoral. Les toxines ASP conduisent à des épisodes toxiques sur les gisements de pectinidés du Finistère, du Morbihan, et de Loire atlantique. Le réseau d’observation de la contamination chimique (ROCCH) présente les derniers résultats obtenus dans le cadre de la stratégie RNO. On peut observer, sur trois décennies, des tendances décroissantes pour les médianes des concentrations calculées à l’échelle de l’ensemble du littoral. C’est le cas évidemment pour le DDT, mais aussi pour le lindane, le cadmium, le plomb, les PCB. Les niveaux de contamination sont stables pour le mercure, plus variables pour les HAP. A une échelle locale, on trouve des situations contrastées, aux embouchures des fleuves, très fortes contamination en PCB et argent en estuaire de Seine, impact d’anciennes activités minières, comme dans le cas bien connu à présent du cadmium en Gironde, ou moins connu pour le plomb et de l’argent à l’embouchure de l’Aulne au sud de la rade de Brest, conséquences des anciennes mines de plomb argentifères des Monts d’Arrée. Des fonds géochimiques naturels expliquent très probablement les niveaux de chrome et de nickel en baie d’Audierne. Trois métaux, cadmium, plomb et mercure, sont réglementés sur le plan sanitaire. Certains secteurs s’avèrent à ce titre impropres à la production de coquillages, comme la Gironde pour le cadmium. Des concentrations proches des seuils réglementaires sont observées dans le Bassin de Marennes-Oléron pour le cadmium et dans la Baie du Lazaret en rade de Toulon pour le plomb. Le réseau d’observation des mollusques permet de suivre les performances d’élevage et de croissance de deux classes d’âge, juvéniles et adultes, d’huîtres creuses Crassostrea gigas. L’année 2008 a été marquée par de fortes mortalités atteignant surtout les juvéniles et ceci principalement en période estivale. Cet épisode de surmortalité estivale se distingue des évènements passés par sa dimension nouvelle en termes d'intensité, de simultanéité d'apparition sur le littoral français et de configuration spatiale. L'hétérogénéité spatiale habituellement observée entre les différents bassins de production, apparaît en effet gommée en 2008. La dynamique temporelle de progression habituelle du phénomène, s'étalant sur plusieurs mois selon un gradient sud - nord, s'est réduite à quelques semaines. Des situations contrastées peuvent également apparaître, avec des secteurs peu touchés comme la Baie de Morlaix en Bretagne nord, ou des différences marquées entre estran et eau profonde en Bretagne sud. Les huîtres adultes ont été beaucoup moins touchées que les juvéniles, bien que le taux de mortalité soit supérieur pour cette classe d’âge aux années précédentes. La croissance des huîtres, autant juvéniles qu’adultes, ne semble pas corrélée aux épisodes de surmortalités enregistrées, même que des performances tout à fait remarquables sont enregistrées par rapport aux années précédentes. L’année 2008 se caractérise, sur les façades Manche - Atlantique, par un hiver doux et pluvieux. Ces conditions climatiques ont constitué un facteur de fragilisation aggravant pour les huîtres, qui ont maintenu un métabolisme hivernal supérieur à la normal, et a conduit à des blooms de phytoplancton et des teneurs en chlorophylle a très élevés au mois de mai.
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