Dynamique de la mortalité par pêche et impact sur la gestion des ressources halieutiques
Ce mémoire présente une contribution à la recherche sur la dynamique de la mortalité par pêche (F) et son impact sur la gestion des ressources halieutiques. La première étape de cette démarche a été de réduire la complexité des systèmes halieutiques étudiés, en regroupant les bateaux et leurs activités en flottilles et métiers respectivement. Plusieurs méthodes existent pour définir les métiers, certaines basées sur les variables d’entrée (engin, zone de pêche, espèces cibles), d’autres sur les variables de sortie (profils de capture). Une comparaison de ces méthodes pour les flottilles françaises indique que les meilleures correspondances sont obtenues pour les flottilles les plus sélectives (e.g., chalutiers pélagiques, fileyeurs). Une fois les flottilles et métiers identifiés, les activités de pêche peuvent alors être quantifiées au sein de chaque catégorie au moyen d’une métrique : l’effort de pêche. L’effort de pêche a un impact majeur sur la mortalité par pêche, mais cet impact est souvent sous-estimé en raison de l’évolution des puissances de pêche, qui a pu être démontrée, au moyen de méthodes directes et indirectes, pour un large panel de flottilles européennes. Cette évolution est liée au développement technologique (e.g. nombre de treuils, type d’engin, longueur de la corde de dos, type de bourrelet) d’une part, et à l’effet patron (e.g. efficacité dans la recherche des zones de pêche, optimisation des trajectoires spatiales) d’autre part. La collecte récente de données d’effort de pêche à haute résolution spatiale et temporelle (par satellite ou observateurs embarqués) a permis d’analyser les trajectoires de pêche, et ainsi affiner notre connaissance de l’effet patron. L’effort de pêche est impacté par des facteurs externes (dynamique des flottilles). Ainsi, il a été démontré que la dynamique de plusieurs flottilles dans le monde est déterminée par la recherche de profit monétaire, mais également par les habitudes de pêche, la gestion (notamment spatiale) et les portefeuilles de quota dont disposent les pêcheurs. Les connaissances acquises sur les variations des puissances de pêche peuvent alors être intégrées dans des modèles d’évaluation des stocks, dont ils améliorent la précision des estimations de mortalité par pêche et de biomasse, mais pas celle des points de référence biologiques traditionnels. Les processus déterminant la dynamique des flottilles peuvent eux être incorporés dans des modèles de simulation bio-économiques, qui sont utilisables par les gestionnaires souhaitant évaluer l’impact de stratégies actuelles mais également futures. Ainsi, la future « science du F » devra répondre aux prochains défis que représenteront la refonte de la gestion conventionnelle des pêches dans le contexte de la nouvelle Politique des Pêches (e.g. MSY, droits à produire, interdiction des rejets), et son intégration dans la gestion écosystémique de l’ensemble des usages du domaine maritime de l’espace européen.
Marchal Paul (2010). Dynamique de la mortalité par pêche et impact sur la gestion des ressources halieutiques. HDR. https://archimer.ifremer.fr/doc/00031/14251/