La Crépidule : identifier les mécanismes de sa prolifération et caractériser ses effets sur le milieu pour envisager sa gestion (Chantier : Baie de Marennes-Oléron)
Les points forts des résultats acquis sur le chantier Marennes-Oléron au cours du programme LITEAU Crépidule sont énumérés :
1- Introduite dans le bassin de Marennes-Oléron à la fin des années soixante, Crepidula fornicata y a depuis colonisé principalement les bordures de chenaux et fonds subtidaux répondant à ses exigences écologiques. Ce nouveau biotope représente moins de 13% des surfaces de la baie pour un stock vivant ne dépassant pas quelques milliers de tonnes frais. De plus, du fait des opérations de nettoyage organisées depuis 1980 en baie de Marennes-Oléron, une relative stabilité du stock de crépidule est à noter dans cette baie depuis 25 ans. Ce n’est en revanche pas le cas du site de Fouras, où les opérations de nettoyage ne sont pas régulières.
2- La propagation de la crépidule, outre la dispersion naturelle par sa phase larvaire, est facilitée par les activités de chalutage grâce à la dispersion directe sur le fond des chaînes de crépidules par les engins traînants et une dispersion indirecte en surface par rejet lors du tri sélectif manuel des captures.
3- La crépidule a un effet facilitateur sur la faune endogée car celle-ci bénéficie d’une nouvelle complexité architecturale des fonds colonisés et de l’abondance des rejets de matières organiques générés par l’activité de filtration de la crépidule. En d’autres termes, à l’échelle des sites colonisés en baie de Marennes-Oléron, la crépidule accroît la diversité surtout des espèces déposivores et de leur cortège de prédateurs vis-à-vis des secteurs non colonisés abritant un peuplement endogé moins diversifié.
4- Les paramètres de reproduction et de dynamique de population présentent sur le site de Fouras quelques originalités, liés aux très fortes densités observées.
5- L’inférence réalisée sur le régime alimentaire de la crépidule en comparaison des principaux suspensivores de la baie tels la moule, l’huître creuse, l’huître plate et le pétoncle grâce à la technique des isotopes stables du carbone et de l’azote ne permet pas de soutenir le postulat que la crépidule est un compétiteur trophique des huîtres Crassostrea gigas, Ostrea edulis et de la moule Mytilus edulis.
6- En revanche, l’absence de différence de régime alimentaire entre l’huître creuse Crassostrea gigas et la moule Mytilus edulis confirme que ces espèces sont réellement des compétiteurs trophiques sur les sites échantillonnés.
Sauriau Pierre-Guy, de Montaudouin Xavier, Gomez Stéphane, Joassard Lucette, Breret Martine (2002). La Crépidule : identifier les mécanismes de sa prolifération et caractériser ses effets sur le milieu pour envisager sa gestion (Chantier : Baie de Marennes-Oléron). https://archimer.ifremer.fr/doc/00032/14293/