Programme 3 : Gestion durable des productions ostréicoles : les apports de la génétique. Convention 2000 RPC-A-530 Ifremer - Région Poitou-Charentes
L'étude de la variabilité génétique de l' huître creuse Crassastrea gigas est un point essentiel dans la mise en place de programmes de gestion des ressources génétiques et de sélection chez cette espèce. C. gigas, originaire du Japon, a été introduite dans de nombreuses régions du monde et représente aujourd'hui plus de 95 % de la production mondiale d' huîtres. Introduite en France au début des années 1970 pour remplacer l' huître portugaise Crassostrea angulata, c'est aujourd 'hui une ressource de première importance pour notre région. Malgré la maîtrise du cycle de reproduction de l'espèce et son importance commerciale, elle n' a pas été génétiquement améliorée et on peut donc considérer les stocks comme « sauvages» ou « non domestiqués ». De plus, la très grande majorité du naissain mis en élevage en France est issue du milieu naturel. Le développement d' écloseries, visant principalement à approvisionner les producteurs en naissain, permet désormais d' envisager des programmes de sélection ou la diffusion de souches d'origines différentes de celle introduite au début des almées 1970. Une meilleure croissance des ressources génétiques disponibles est donc un élément essentiel au choix des stratégies de gestion et de sélection chez cette espèce. Cette connaissance nécessite: La mise en place d' expérimentations permettant la comparaison d'huîtres de différentes origines géographiques, Le développement de marqueurs génétiques permettant de distinguer les individus au sein de l'espèce, ou les différentes espèces au sein du genre. Dans le cadre du plan Etat-Région 1994-1 998, un programme de conservatoire de souches a été initié au Laboratoire IFREMER de La Tremblade. Ce conservatoire a pour objectif d' acclimater différentes espèces ou souches d'huîtres creuses (genres Crassostrea et Saccostrea) afin d'acquérir des connaissances sur ces espèces et d'évaluer l'intérêt qu'elles pourraient présenter pour l'ostréiculture locale. L'importation d'espèces étrangères sur les côtes françaises est désormais strictement réglementée: la dissémination d'une nouvelle espèce peut se révéler néfaste d'un point de vue écologique et nuire aux productions existantes. De plus, ces huîtres peuvent être porteuses de pathogènes qui, s' il venaient à se répandre dans le milieu, pourraient toucher les stocks locaux. En conséquence, les huîtres importées sont strictement confinées au laboratoire dans une « salle de quarantaine» dont l'eau est traitée à l'ozone avant rejet afin d'éviter à la fois la dissémination des huîtres et d' éventuels pathogènes. Au sein même de l'espèce Crassostrea gigas, certaines populations sont susceptibles de présenter des caractéristiques différentes de celles actuellement produites en France. Ces différences pourraient être liées à des conditions environnementales particulières à chaque zone géographique. L' identification de telles populations représenterait un intérêt immédiat pour l'ostréiculture locale, puisqu'elles pourraient être rapidement diffusées auprès des producteurs (après les contrôles sanitaires indispensables). Suite à l' introduction et la reproduction au sein du conservatoire de différentes souches, nous a permis ces dernières années, de réaliser ce type d'expérimentations, en collaboration avec le Laboratoire Conchylicole de Poitou-Charentes (LCPC, IFREMER La Tremblade) et le Laboratoire Conchylicole des Pays de Loire (LCPL, IFREMER Bouin). D'autre part, le développement de marqueurs moléculaires permettant de différencier ces souches reste une étape essentielle dans ces études. Ainsi, en 2000, les travaux ont essentiellement porté sur la mise au point de nouveaux marqueurs moléculaires pour l'étude des populations de Crassostrea gigas et Crassostrea angulata et de leur hybridation en Europe.