Projet Velyger (2008-2010) : Observer, Analyser et Gérer la variabilité du recrutement de l’huître creuse en France. Rapport de synthèse
L’ostréiculture constitue la principale activité aquacole française. Cette activité de quasi-monoculture, basé sur l’élevage de l’huître creuse, Crassostrea gigas, repose en grande partie sur le recrutement naturel de l’espèce qui assure 70% des besoins en jeunes huîtres (naissain). Or, depuis une dizaine d'années, dans les bassins d'Arcachon et de Marennes-Oléron, principaux centres de captage français pour l’huître creuse, la collecte du naissain ou captage devient encore plus variable qu’auparavant: à des années de captage presque nul (par exemple les années 2002, 2005, 2007) succèdent des années où il est surabondant (par exemple les années 2003 ou 2006). En parallèle, et probablement en raison du progressif réchauffement des eaux, la reproduction de l’huître creuse s’étend de plus en plus vers le nord de la France. Cette mutation écologique a permis aux ostréiculteurs des régions allant de la Baie de Bourgneuf jusqu’à la Rade de Brest de se lancer à leur tour dans l’activité du captage, mais avec là aussi, des irrégularités dans le recrutement qu’il convient de comprendre. Dans ce contexte et à la demande du CNC, l’Ifremer a donc initié, depuis mars 2008, un projet d’envergure nationale sur cette problématique: le projet Velyger (Observer, Analyser et Gérer la variabilité de la reproduction de l’huître creuse sur les côtes françaises). Or, il est connu que comme pour la plupart des poissons et invertébrés marins, le recrutement naturel de l’huître creuse (et donc l’activité de captage qui en dépend) est sous la dépendance des conditions hydro-climatiques. Pour une meilleure visibilité, ce projet a été construit selon les 3 actions complémentaires suivantes : Observer - Analyser - Informer. (1) L’action A ‘Observer’ a consisté à mettre en place, dès 2008, un dispositif complet d’observation de la reproduction de C. gigas sur les différents sites de captage de la côte française, qui sont soit des sites traditionnels (Arcachon et Marennes Oléron) soit des sites émergents pour le recrutement de l’espèce et l’activité de captage (Rade de Brest et Baie de Bourgneuf). Ainsi, sur 4 sites et chaque année, les 4 indicateurs clés suivants ont été suivis: Evolution de la maturation des populations adultes d’huîtres creuses - Abondance et développement des larves - Intensité du recrutement à l’automne - Caractéristiques hydroclimatiques associées à chaque site. (2) L’action B ‘Analyser’, basée sur les résultats du réseau d’observation et sur les données antérieures, a visé à identifier la chaîne de facteurs à l’origine du succès ou de l’échec du recrutement et à proposer un schéma quantitatif expliquant les performances du recrutement pour chaque site et années étudiés. Cette action repose principalement sur une thèse (Bernard, 2011) qui a démarré dès le début du projet en décembre 2007. (3) Enfin, l’action C ‘Informer’ a constitué la pierre angulaire du projet en fournissant, chaque été depuis le démarrage du projet en 2008 et via un site Internet spécialement dédié, un premier niveau d’information aux professionnels, sous formes de bulletins téléchargeables et de pages dynamiques, sur le cycle de reproduction de l’huître dans leurs bassins, pour chaque site atelier du projet : http://www.ifremer.fr/velyger. Ce rapport de synthèse présente donc (1) les résultats du réseau d’observation, (2) une série d’analyses permettant de mettre en évidence, pour chaque année et chaque secteur, la chaîne des facteurs en cause dans la performance du recrutement observé et (3) une vue générale du site Internet du projet. Enfin, une conclusion fournit un schéma de synthèse explicatif des performances du captage associé à des recommandations de gestion pour chaque secteur. En outre, il apparaît à l’issue de cette synthèse, que la partie « réseau d’observation » de ce projet constitue un outil d’avenir totalement opérationnel et particulièrement utile aux professionnels désireux de s’approvisionner en naissain naturel, dans le contexte de la crise ostréicole actuelle.