Evaluation des rejets d'espèces commerciales. Théorie et application aux pêcheries multispécifiques du golfe de Gascogne et de la mer celtique
Du point de vue de la gestion des stocks halieutiques l'estimation des rejets des captures commerciales apparaît comme un maillon indispensable pour une connaissance sans biais du diagramme d'exploitation d'une flottille et pour une évaluation précise du recrutement.
Une estimation périodique de ces rejets s'impose, d'autant que la quantité d'individus rejetée dépend non seulement du maillage utilisé, de la taille marchande en vigueur, de la zone fréquentée par les navires (les juvéniles, donc les rejets, peuvent être très abondants en zone côtière, sur les nourriceries), mais surtout du niveau de recrutement, probablement très variable d'une année à l'autre. L'estimation des rejets de jeunes individus doit absolument être prise en compte dans toutes les mesures de gestion (changements de maillage, de taille
marchande ... ). Parfois, la quantité d'individus, de taille supérieure à la taille marchande, rejetée peut devenir importante pour certaines espèces, lorsque les quotas sont atteints ou dépassés. Ces individus doivent être comptabilisés, dans les estimations de captures, au même titre que les individus effectivement commercialisés.
Il est clair que, si l'on veut continuer de fournir des résultats fiables aux différentes instances internationales, il est fondamental de procéder à une estimation des rejets des captures commerciales pour les flottilles opérant en Mer Celtique et dans le Golfe de Gascogne ; chacune de ces entités ayant des caractéristiques propres (maillage, taille marchande, type d'exploitation).
L'ossature de cette étude sera basée à la fois sur les résultats des travaux réalisés en 1985 (BISEAU, CHARUAU) et sur les impératifs dus à la fourniture de données d'estimation de captures pour chaque pêcherie définie par les groupes de travail du CIEM. Les espèces principales retenues pour cette étude de rejet seront celles prises en considération par ces groupes : la langoustine, le merlu, les baudroies, la morue, la sardine et le merlan, auxquelles on adjoindra des espèces importantes pour certaines flottilles - telles la raie fleurie, la julienne, le lieu jaune et les chiens - ou encore anecdotiques mais faisant l'objet d'un TAC.
Après une brève description des zones géographiques couvertes et des principales pêcheries les constituant, nous décrirons en détail les méthodologies d'échantillonnage utilisées afin de mener à bien cette étude de rejets. Les processus de calculs et les logiciels utilisés pour les réaliser seront également décrits. Si ces techniques méthodologiques ne doivent pas être remises en cause, nous insistons cependant sur le caractère préliminaire des résultats numériques du fait des incertitudes qui entachent encore les données utilisées. Plus que leurs valeurs absolues, ce sont les tendances mises à jour pour chaque pêcherie qui constituent l'essence de ce document. L'analyse des rejets produite ici permet surtout de démontrer l'importance à ne pas négliger ces quantités lors des évaluations faites sur l'état d'un stock.
Peronnet Isabelle (1991). Evaluation des rejets d'espèces commerciales. Théorie et application aux pêcheries multispécifiques du golfe de Gascogne et de la mer celtique. Ref. DG XIV /b/l : 4930 du 22/04/91 - IFREMER : 91/12111322/BF. https://archimer.ifremer.fr/doc/00070/18146/