Expertise des élevages de moules après la canicule estivale : rapport final

La comparaison des rendements de production des moules commercialisables entre les relevés professionnels du mois de juillet et les prélèvements réalisés en présence de la commission montre qu'il y a effectivement eu un évènement particulier qui a entraîné la disparition d'une partie de la ressource. Cette disparition a eu lieu après le 14 août. Elle a été estimée pour' le littoral charentais: à 66% pour la zone Marsilly Esnandes, et à 43% pour la zone Baie d'Yves, Île d'Aix . L'analyse des données biologiques (longueur, poids total) souligne un arrêt de croissance inhabituel. Il est sans doute le reflet d'un stress des animaux. Il n'est pas observé d'amaigrissement important sur les deux sites explorés. La mise en évidence dans la littérature de facteurs sensibles: température de l'eau (>25°C), température de l'air (34°C), sécheresse, convergent vers les limites de survie de l'espèce Mytilus edulis observées début août dans notre région. L'affaiblissement physique et physiologique de l'animal est certainement allé vers un épuisement à la limite de la mortalité massive. Le constat d'un affaiblissement des moules caractérisé par la fragilité extrême du byssus de nombreux individus, laisse penser que plusieurs facteurs environnementaux ont pu fragiliser les animaux. La température de l'eau de mer est supérieure à 26°C pendant 7 jours sur Marsilly, et à 25°C pendant 5 jours sur Yves. Un décrochage des moules situés sur la couronne extérieure de la biomasse en élevage sur le pieu a peu se produire. Les filets de catinage ont néanmoins permis de limiter les chutes. Cette analyse est renforcées par l'absence de mortalité importante observée dans le réseau REMOULA, les moules élevées en poche ne peuvent pas tomber. Tout risque n'est cependant pas écarté surtout si une tempête survenait rapidement. La baisse de la température de l'eau devrait permettre une récupération physiologique progressive des animaux en élevage. Une observation réalisée le 27 août sur les moules du réseau REMOULA a confirmé la fragilité des filaments du byssus. Marsilly était le site le plus défavorisé. Le fait de ne pas retrouver ces animaux aux pieds des pieux d'élevage, laisse penser que la faiblesse des animaux n'a pas permis aux moules de se regrapper après leur chute. Cet élément est très important, il est certainement la clef de l'explication de la diminution du rendement. Des analyses histologiques (REPAMO) réalisées sur les animaux provenant des deux sites sinistrés révèlent un affaiblissement des animaux, mais pas d'agent pathogène actif. L'ensemble des pertes de rendements est estimé entre 831 et 1247 tonnes pour Esnandes Marsilly et entre 742 et 1114 tonnes pour Yves Aix, selon que l'on considère une pêche totale de 60% ou 40% du stock exploitable au moment des faits (le 15 août). On peut considérer que le naissain, plus fragile que les adultes, a pu disparaître dans des proportions similaires aux adultes.

Mot-clé(s)

Rendement production, Mytilus edulis, Moule, Mortalité, Croissance, Pertuis Breton, Baie Aiguillon, Pertuis Antioche

Texte intégral

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289 Mo
Comment citer
Robert Stephane, Le Moine Olivier (2003). Expertise des élevages de moules après la canicule estivale : rapport final. https://archimer.ifremer.fr/doc/00074/18511/

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