Les pêcheries de lagune en Méditerranée. Définition d'une stratégie d'évaluation
INTRODUCTION - Le présent document constitue le rapport final prévu au terme de la Convention XIV-B1-84/2/M03Pl signée le 20.12.1984 entre l'IFREMER et la Commission des Communautés Européennes pour l'exécution d'une étude sur la définition d'une stratégie d'évaluation des pêcheries de lagune en Méditerranée. Les pêches françaises de Méditerranée comportent schématiquement trois composantes: -les chalutiers, senneurs et autres navires de taille suffisante pour ne pas être inféodés au secteur le plus côtier, rentrant dans le cadre "classique" des pêcheries, - . les "petits métiers" littoraux, pratiqués par des navires de petite taille, de faible puissance motrice, - les pêcheries lagunaires, plus éparses encore. L'activité de la première composante est cernable car elle correspond à un effectif connu d'unités relativement importantes et utilise des circuits de commercialisation largement classiques (criées, ... ). Importante par ses apports, cette composante n'est pourtant pas majoritaire au plan des emplois. La seconde composante était beaucoup moins connue, ce qui a justifié le contrat CEE dit « Stratégie d'échantillonnage des petits métiers en Méditerranée », qui a été réalisé en 1984. La troisième composante fait l'objet de la présente étude. Elle est quantitativement importante puisqu'une première estimation conduit a considérer que plus d'un millier d'embarcations sont concernées pour la seule région du Languedoc-Roussillon. Elle est particulièrement complexe, car distribuée sur de nombreux étangs et lagunes, avec une grande diversité dans les types et niveaux d'activité, et une large domination de circuits commerciaux échappant aux criées. Cette activité interfère pourtant avec celle des pêches en mer, car outre des espèces sédentaires, comme les bivalves, elle touche de nombreuses espèces migratrices, et opère notamment sur les juvéniles de plusieurs espèces intéressant également la pêche en mer. Les lagunes jouent d'ailleurs un rôle important pour diverses espèces, notamment de mugilidés et sparidés, en tant que nourricerie, mais aussi parfois comme piège. Au-delà des intéractions biologiques, l'insertion sociologique des pêcheries. en lagunes en fait un volet important au plan local, interférant avec d'autres activités (conchyliculture, tourisme ... ). De nombreux travaux ont été conduits à ce jour, mais ils étaient limités, soit à un secteur, soit à une espèce ou un groupe d'espèces particulier. La vision d'ensemble manque toujours. Il convient enfin de souligner que pour original qu'il soit vis-à-vis des pêches mieux connues d'Europe du Nord, le problème posé n'est nullement spécifique des côtes françaises continentales. Des problèmes analogues se retrouvent en de multiples secteurs du pourtour de la Méditerranée (et au-delà). Pour pouvoir décrire les pêches artisanales lagunaires de façon quantitative et formuler des évaluations réalistes de leur production halieutique, il est indispensable d'étudier en priorité les possibilités de collecter les informations nécessaires et suffisantes pour définir les efforts de pêche et les rendements, et leurs variations dans le temps et dans l'espace. La présente étude a donc pour objectif principal de concevoir une stratégie et de tester en vraie grandeur l'efficacité d'un réseau d'enquêteurs intervenant pour collecter directement sur le terrain les informations nécessaires à l'élaboration de fichiers de référence sur les flottilles et les engins de pêche et à la constitution d'une base de données par échantillonnage des efforts et des rendements de la pêche lagunaire. Cette méthode d'approche s'était avérée fructueuse lors de l'étude menée en 1984 sur les pêches artisanales en mer (Farrugio et Le Corre, Convention CEE XIV-B 1-83/2/M09 P 1). Un second objectif de base était de tester la possibilité de résoudre le problème posé par le recensement des engins fixes (qui ne se rencontrent que dans les lagunes) et d'en réaliser une cartographie spatio-temporelle dynamique.Un troisième objectif important était enfin de concevoir, réaliser et mettre au point un ensemble de programmes informatiques pour exploiter nos bases de données - utilisant dans ce domaine les acquis précédents, à savoir les programmes de saisie et d'archivage et la méthodologie statistique que nous avions mise au point en 1984, nous nous sommes attachés en 1985 à en bâtir la suite logique, afin d'achever un logiciel complet qui permette d'automatiser les traitements conduisant aux évaluations de production des pêches artisanales.
Farrugio Henri, Le Corre Gildas (1985). Les pêcheries de lagune en Méditerranée. Définition d'une stratégie d'évaluation. Ref. DRV-85-1/PE/SETE. https://archimer.ifremer.fr/doc/00075/18608/