Evaluation de l'état d'eutrophisation des eaux côtières et estuariennes de Basse-Normandie - Octobre 2000 - Septembre 2001
Dans le cadre du deuxième réexamen de la délimitation des zones vulnérables, la DIREN de Basse Normandie a demandé au Laboratoire Environnement Littoral de l'Ifremer à Port en Bessin d'évaluer l'état d'eutrophisation des eaux côtières en réalisant un suivi hydrologique sur 9 points du littoral des départements de la Manche et du Calvados d'octobre 2000 à fin septembre 2001.
Cette étude a pour base les réseaux de mesure déjà existants (REPHY, RNO eau, IGA, MAREL) auxquels ont été rajoutés des prélèvements et des analyses : la chlorophylle a et les phéopigments, les sels nutritifs (nitrate+nitrite, ammonium, phosphate, silicate) et l'oxygène dissous dans les eaux de surface et, dans les eaux de fond, la température, la salinité et l'oxygène dissous. La fréquence de prélèvement a été bimensuelle en hiver et hebdomadaire en été. Enfin, des images de type "couleur de l'eau" du satellite SeaWiFs de la NASA ont également été utilisées.
Ni la France, ni l'Union Européenne n'ont défini à ce jour de valeur seuil pour aucun des indicateurs permettant d'évaluer le niveau d'eutrophisation des masses d'eau marines. Néanmoins, en utilisant les seuils présentés par différents pays du nord de l'Europe et par les Etats Unis ainsi que les recommandations du rapport Ifremer "L'eutrophisation des eaux marines et saumâtres en Europe, en particulier en France" (Ménesguen et al., 2001), nous constatons que la partie orientale de la baie de Seine, c'est-à-dire la zone comprise entre Ouistreham (embouchure de l'Orne) dans l'ouest et le cap d'Antifer dans l'est, est sujette à une eutrophisation marquée. En effet, les seuils basés sur les teneurs moyennes ou maximales en chlorophylle, sur le nombre de blooms annuels, sur l'apparition d'espèces phytoplanctoniques toxiques ou d'eaux colorées, ou encore sur la richesse en nutriments sont largement dépassés. Il faut cependant remarquer qu'aucune sous oxygénation des eaux de surface et du fond ainsi qu'aucun développement important de macroalgues n'ont été observés, sans doute en raison de l'importance de l'hydrodynamisme du secteur. Sur les autres points du littoral Bas Normand, la situation est satisfaisante. Une attention particulière reste toutefois à porter à la période de fin de premier bloom lorsque les eaux sont épuisées en phosphate mais toujours riches en nitrate. Cette courte période a en effet permis l'apparition d'espèces phytoplanctoniques toxiques et nuisibles à l'environnement : Pseudonitzchia et Phaeocytis sur la côte ouest Cotentin et Phaeocystis en baie des Veys. Fort heureusement, les concentrations de ces espèces n'ont pas été assez importantes pour entraîner des fermetures de zone de production, ni pour générer des nuisances environnementales.
Daniel Anne, Le Goff Ronan (2002). Evaluation de l'état d'eutrophisation des eaux côtières et estuariennes de Basse-Normandie - Octobre 2000 - Septembre 2001. Ref. RST.DEL/02.02/PB. https://archimer.ifremer.fr/doc/00087/19781/