La forêt de Laminaires des côtes bretonnes est un élément important de l'environnement littoral. La biologie des principales espèces qui la compose est bien connue. On note une adaptation aux difficiles conditions de milieu. Le fonctionnement de la reproduction vise à une occupation puissante des fonds, la croissance peut s'adapter aux conditions de densité sur les fonds. Elle est ralentie en situation de forte colonisation du milieu. L'acquisition de la maturité sexuelle obéit au mêmes lois. Elle est plus précoce sur les champs éclaircis du fait de l'accélération de la croissance. La durée de vie des algues est brève et ne dépasse pas 5 années. Bien que l'on ne dispose pas d'une estimation précise des populations, on en connaît toutefois leur évolution dans le temps. Les champs subissent de fortes réductions d'abondance au cors de l'hiver. Cette réduction peut atteindre 70% de la biomasse estivale.
Cette forêt fait l'objet d'une exploitation depuis plus d'un siècle. Longtemps restées traditionnelles, les méthodes de travail ont fortement évoluées depuis 1971. Cette modification de la structure d'exploitation s'est accompagnée d'une régulation imposée par les structures interprofessionnelles. Il est apparu toutefois qu'en dépit d'une volonté affirmée de contrôler l'accès à la ressource, la structure d'exploitation s'est modifiée. La mise en place d'un système de licences a permis de bloquer la flottille à 70 unités. A cette limitation du nombre des bateaux, s'est trouvée associée, une augmentation des capacités de charge individuelles. Le potentiel d'apport journalier est ainsi passé de 1980 à nos jours de 800 à 1200 tonnes. Ce mouvement qui correspond à un accroissement des coûts de production ne s'est pas accompagné d'une progression continue des apports. En effet, les stocks disponibles actuellement sont pleinement exploités; la production globale est de 60 000 tonnes. Bien que de nombreux secteurs affichent une stabilité des apports, on note en certains endroits l'apparition de variations d'une année à l'autre. Les écarts sont de plus ou moins 10%. On a même remarqué des altérations durable des productions, notamment sur la région des Abers.
Face à une situation où les pêcheurs doivent en permanence songer à amortir leurs outils de travail au plus vite, le comportement de la flottille continue d'évoluer de façon inadéquate. Dans la mesure où les contraintes des marchés internationaux ne permettent pas de revaloriser le prix des algues, les goémoniers cherchent à compenser le manque de gain par une augmentation du tonnage individuel. Cette intention se concrétise de différentes façons.
*Il y a une recherche des secteurs les plus faciles à travailler. Cela conduit automatiquement à une concentration de l'effort de pêche. C'est le cas sur l'archipel de Molène, mais aussi sur les roches de Portsall. Il en résulte, au niveau des zones de concentrations, des pertes de production individuelle. Elles ont été chiffrées à près de 30% sur Molène. En même temps, d'autres zones plus difficiles ou moins fournies sont abandonnées. C'est le cas du secteur de Kerlouan, de Plouescat, des Sept Iles.
*Il y a une tendance nette à mettre en service des unités de plus en plus grosses. Les capacités de pêche de la flottille augmentent sans pour autant que, de façon générale, la ressource suive. Sur les secteurs de cohabitation d'unités disposant de capacités inégales, la répartition de la ressource avantage de plus en plus les gros porteurs. Le risque de voir disparaître les petits bateaux est réel. Une trop forte réduction de la flottille conduirait à des approvisionnements insuffisants et mettrait l'industrie en difficulté. La survie de l'intégrité de la flottille passe par un réaménagement des dispositions limitant l'effort de pêche.
*La maximisation des apports passe aussi par une prise de risques. Pour ne pas perdre de marées, les bateaux sortent quand même, les jours où les conditions météorologiques ne sont pas favorables; les incidents ne sont pas rares.
Une révision des conditions de fonctionnement de la flottille est nécessaire. Les actions qui peuvent être développées sont nombreuses. Elles concernent la ressource, les outils, les modes de gestion et la recherche d'activités nouvelles.
*Le champ d'algues présente une production insuffisante. Une augmentation de la production est souhaitée. Une restauration de la productivité des champs peut être obtenue par une meilleure compréhension des causes de prolifération des algues envahissantes, et en particulier du Saccorhiza polyschides. Elle peut être aussi obtenue par une modification des stratégies d'exploitation. La recherche de nouvelles zones de production est possible.
*Elle demeure toutefois liée à une meilleure connaissance du fonctionnement de l'outil et de son impact sur les fonds. Il ne faut pas exclure la possibilité de voir apparaître de nouveaux outils, la coupe est une des pistes possibles.
*Une modification des règles d'accès permettrait un meilleur partage de la ressource entre usagers. Des quotas individuels par bateaux pourrait conduire à une meilleure maîtrise des coûts de production. Cette mesure réclame un meilleur contrôle de la flottille Elle est d'autant plus facile à mettre en oeuvre que les caractéristiques des bateaux sont homogènes. Une réflexion sur l'avenir d'une flottille déjà vieillissante est à conduire en parallèle. La moyenne d'âge des bateaux est de 17 ans.
*L'émergence de nouveaux métiers est possible. La flottille s'est déjà largement investie dans la pêche des coquillages. Cette occupation qui permet de maintenir les bateaux en activité tout au long de l'année n'est toutefois pas en relation directe avec la filière algue. Les essais d'exploitation du Laminaria hyperborea représente une opportunité pour lier les intérêts des deux partenaires de la filière. La mise en route de ce métier est progressive. Les modalités d'exploitation retenues sont plus exigeantes que dans le cas du Laminaria digitata. Dans l'état actuel du projet, il a été constaté que l'interaction avec les fonds est plus sensible. La création récente des parcs marins exige qu'une attention particulière soit accordée aux risques d'impact des différents métiers qui y sont pratiqués, qu'il s'agisse de la pêche des algues ou de toutesespèces animales.