D'un point de vue purement écologique, le milieu marin est particulièrement agressif pour les bactéries d'origine entérique. Jusqu'à la fin des années soixante dix, il était généralement admis que ces bactéries pathogènes étaient détruites en quelques heures dans l'eau de mer, ou selon l'espèce en quelques jours. On parlait alors du "pouvoir auto-épurateur" de l'eau de mer. Depuis des travaux plus récents ont démontré la persistance de microorganismes dans les zones littorales. En fait, la survie en mer des bactéries d'origine fécale dans le milieu marin dépend de deux grands facteurs : la qualité de l'eau ou du sédiment permettant aux bactéries de mettre en oeuvre plus ou moins facilement des mécanismes de "résistance", et leur historique avant leur rejet en mer. Si le premier facteur, bien que complexe vu sa diversité (influence de la température, de la lumière solaire, de la salinité... ) a été largement étudié, il n'en est pas de même du second pour lequel seules des observations ont été réalisées. Ainsi, l'état physiologique des bactéries lors de leur arrivée en mer conditionne leur survie dans ce milieu : si elles se trouvent en phase exponentielle de croissance, leur résistance sera moindre que si elles sont en phase stationnaire. L'entrée en phase stationnaire des bactéries entraîne des modifications métaboliques et des réorientations majeures de l'expression génétique se traduisant en particulier par la dégradation de certaines protéines préexistantes, et la synthèse de nouvelles protéines indispensables pour la survie des bactéries en état de carence. Il a été montré ensuite que le gène rpoS, activé par l'arrêt de croissance, contrôle par l'intermédiaire de son produit RpoS, l'expression de nombreux gènes codant pour des protéines aux fonctions adaptatives aux différents stress. Il semblerait que ces processus d'adaptation et de protection contre le stress puissent être induits lors du transit en eaux usées. Cette étude a pour objectif, d'une part, d'évaluer le rôle du gène rpoS chez Escherichia coli, bactérie d'origine entérique placée dans des conditions stressantes rencontrées lors d'un transit dans les réseaux d'assainissement puis lors du rejet en mer et d'autre part, de mettre en oeuvre une méthode d'évaluation de l'expression de ce gène.