Un accroissement général de l'effort de pêche et en particulier de l'effort chalutier au cours de la dernière décennie a conduit la pêcherie démersale intéractive du Golfe du Lion jusqu'à une limite de productivité que les conditions d'exploitation actuelles semblent impuissantes à surpasser. Cette limite situe les captures récentes aux environs du sommet des modèles de production globaux, lesquels ne peuvent permettre que de prédire, pour les stocks halieutiques de cette région, le passage à un état de surpêche si la tendance à l'augmentation de l'effort des divers métiers se poursuivait suivant le schéma qui a prévalu jusqu'à présent. La question se pose d'évaluer les effets d'éventuelles mesures nouvelles d'aménagement de la pêcherie mais en ce sens l'utilisation de modèles de ce type est obsolète car leur conception ne permet pas d'envisager l'analyse de variations des régimes d'exploitation. Les connaissances disponibles sur les ressources biologiques démersales du Golfe du Lion, sur les caractéristiques techniques de la pêcherie intéractive et sur quelques composantes élémentaires de son économie peuvent par contre faire valablement l'objet d'une modélisation analytique. Les méthodes d'analyse des populations virtuelles et les techniques de simulation, en autorisant la prise en compte simultanée de plusieurs espèces exploitées par divers métiers, ont commencé à lever depuis une dizaine d'années les handicaps liés jusqu'alors à la multispécificité des stocks et à l'exploitation halieutique partagée sur tout ou partie des espèces et des classes d'âge en présence dans ce type de pêcherie. L'étude présentée ici illustre l'application de ces instruments d'analyse à la pêcherie démersale intéractive du Golfe du Lion représentée par des espèces test d'importance commerciale majeure.