Etude technico-économique sur les DCP côtiers ancrés de La Réunion. Rapport final
Reconnus dans toute la zone intertropicale comme outils d'aménagement incontournables des petites pêches côtières, les DCP (Dispositifs de Concentration de Poissons) ont été implantés autour de La Réunion à partir de 1988 et gérés collectivement par le Comité Régional des Pêches. Ces DCP côtiers, ancrés à quelques milles des ports de pêche ont permis un redéploiement d'une grande partie de l'effort de pêche vers les espèces pélagiques du large, diminuant ainsi la pression exercée sur les espèces récifales côtières. La présente étude a pour objectifs de mettre à jour les connaissances techniques et économiques sur le "système DCP", autour des pêcheurs, de la pêche sur DCP et des DCP eux-mêmes.
Une enquête des usages et des perceptions des pêcheurs vis-à-vis des DCP ancrés a été réalisée auprès de plus de la moitié des patrons de la petite pêche réunionnaise. Les principaux types d’usages et de stratégies mettent en évidence la forte polyvalence des pêcheurs, qui pratiquent quasiment tous la pêche sur DCP dont une majorité (51%) montrant un degré de dépendance élevé vis-à-vis de l’outil. Les DCP sont plébiscité par l’ensemble des pêcheurs, au titre de l’aménagement durable de la zone côtière, pour éviter report de la pression de pêche sur les ressources démersales. La pêche plaisance sur DCP est pointée du doigt, comme un facteur important de perturbation du système (conflits sur DCP, non-respect de la règlementation, etc…).
Des sorties en mer ont rapporté les activités de pêche de façon détaillée : description des opérations de pêche, variabilité spatiale de la productivité de chaque DCP, apports des DCP ancrés dans la compétitivité économique des entreprises. Mais avec 25 marées seulement et le parc de DCP à moitié en place, seule la méthode et de premiers résultats ont pu être obtenus Ces sorties en mer doivent être poursuivies.
L'exploitation des données 2002-2012 du Comité Régional des Pêches de La Réunion sur sa gestion du parc de DCP permet une description précise des évènements et des coûts concernant les DCP : poses, entretiens, pertes, etc. Il en ressort que la durée de vie moyenne des DCP ne dépasse guère 14 mois, avec une grande disparité géographique (durées de vie plus faibles au nord et à l’est), et un délai de repose conséquent de 5 mois1/2 en moyenne. L'analyse des coûts de maintenance et de main d'œuvre met en lumière la nécessité de stabiliser les financements sur un budget de 70 à 80 k€ /an pour permettre un taux optimum de remplissage du parc (> 80 %).
Des perspectives d’amélioration technologique des dispositifs sont également présentées, tant sur la ligne de mouillage que sur le choix des flotteurs. Le modèle intermédiaire PLK à chapelet renforcé testé à la Réunion en mai 2012 sur 5 DCP semble être un compromis intéressant pour la Réunion à court et moyen terme pour les DCP ancrés les plus au large.
Outre la poursuite des sorties en mer pour le suivi halieutique détaillé il convient maintenant d'engager une réflexion globale sur la gouvernance du "système DCP" à La Réunion (financement, gestion). Les enjeux sont essentiels pour le secteur de la petite pêche artisanale réunionnaise.
Mot-clé(s)
DCP ancrés, pêche artisanale, typologie, suivi halieutique, rentabilité, technologie, Ile de La Réunion, océan Indien
Guyomard David, Hohmann Sandra, Fleury Pierre-Gildas, Bissery Claire (2012). Etude technico-économique sur les DCP côtiers ancrés de La Réunion. Rapport final. Ref. Rapport CRPMEM La Réunion 2012-01. https://archimer.ifremer.fr/doc/00109/22027/