Coût d’opportunité versus coût du maintien des potentialités écologiques : deux indicateurs économiques pour mesurer les coûts de l’érosion de la biodiversité
La question des coûts de l’érosion des services écologiques est un sujet très important, comme l’a souligné le programme TEEB (The Economics of Ecosystems and Biodiversity), qui a proposé une évaluation des coûts de l’inaction politique dans le domaine de la conservation de la biodiversité. Dans la même veine, le rapport du Centre d’analyse stratégique, intitulé Approche économique de la biodiversité et des services liés aux écosystèmes, s’est intéressé à la question de la valeur des services écosystémiques et a proposé quelques éléments qui permettraient d’évaluer le coût de leur érosion. Il existe cependant une certaine confusion autour de cette notion de coût. Ainsi, dans le cas du TEEB, l’évaluation proposée des coûts traduit en termes monétaires la perte de bénéfices potentiels que les services écologiques perdus auraient pu délivrer à l’horizon 2050. Mais une autre manière d’évaluer ces coûts aurait pu être d’estimer les investissements à réaliser pour maintenir les capacités écologiques des écosystèmes à délivrer ces services. En approfondissant ce point, le présent article permet de souligner les différences entre les implications opérationnelles de ces deux approches, mais aussi leurs connexions avec des processus décisionnels précis. Une de nos conclusions est que l’approche économique de la biodiversité a tendance à se focaliser systématiquement sur la question de la valeur monétaire des services écologiques, alors que l’évaluation des coûts de maintien des potentialités écologiques dont dispose la biodiversité pour délivrer des services écosystémiques semble être aujourd’hui privilégiée dans les textes réglementaires.
The cost of ecosystem services degradation is a major topic as underlined by the TEEB program (The Economics of Ecosystems and Biodiversity), which proposed an assessment of the costs of policy inaction in the field of biodiversity conservation. In the same vein, the report of the French Centre for Strategic Analysis on the Economic Approach to Biodiversity and Ecosystem Services turns its attention to the value of ecosystem services, suggesting some elements that could help measure the cost of biodiversity degradation. There is however some confusion regarding the notion of cost. Thus, in the case of TEEB the proposed cost assessment translates into monetary terms the loss of potential profits from ecological services. Yet, another way of assessing these costs could be to estimate the investment required to maintain the ecological potential of ecosystems to deliver these services. This latter approach may be considered better suited to the concept of “inaction” proposed by the TEEB report. In addressing this point, the paper attempts to identify the operational implications of these two assessment methods and their links with decision-making. One of our findings is that the economic approach to biodiversity tends to focus systematically on the question of the monetary value of ecosystem services while regulatory texts increasingly consider the cost assessment of maintaining ecosystem services.
Levrel Harold, Hay Julien, Bas Adeline, Gastineau Pascal, Pioch Sylvain (2012). Coût d’opportunité versus coût du maintien des potentialités écologiques : deux indicateurs économiques pour mesurer les coûts de l’érosion de la biodiversité. Natures Sciences et Sociétés. 20. 16-29. https://doi.org/10.1051/nss/2012003, https://archimer.ifremer.fr/doc/00120/23115/