Mise au point technique de l'élevage de l'ombrine Sciaenops ocellata. Document 2 : Maturation et pontes
Depuis de nombreuses années, les biologistes étudiant des poissons d'eau douce, ont mis en évidence les relations existant entre le cycle de maturation et les facteurs environnementaux tels que la température et la photopériode (Bullough, 1940 ; Merinan & Schedl, 1941 ; Harrington 1957, Henderson, 1963...). En aquaculture, pour des espèces tempérées comme le loup, la dorade, le turbot, dès 1973, l'opportunité du décalage de la saison de ponte grâce au raccourcissement des cycles environnementaux naturels, est démontré (Girin & Devauchelle, 1978). Sur le loup (Dicentrarchus labrax), des pontes décalées ont pu être obtenues par manipulation du seuil facteur est également reprise par Suquet (1987) puis par Bouget (1988), sur la dorade (Sparus aurata). Devauchelle (1980) démontre que la maturation et la ponte du turbot (Scophthalmus maximus) se réalisent à température constante sans problème majeur. Bacon (1973) présente les plans d'un laboratoire à environnement contrôle utilisé par Kuo & al. (1974) pour des travaux sur le mullet (Mugil cephalus). D'autres travaux sont réalisés sur des espèces subtropicales comme Trachintous carolinus (Hoff & al. 1972, 1978). Pour une espèce tropicale telle que le milkfish Chanos chanos, Lee & al. (1987) concluent à une prépondérance du facteur photophase sur la température pour l'induction de la maturation. Chez Siganus guttatus, espèce tropicale à rythme de ponte mensuel, le facteur lumineux (cycle lunaire) semble être le plus important dans un milieu ou la température de l'eau est stade tout le long de l'année (plus ou moins 1 degré centigrade) (Soletchnik, non publié). Ainsi, chez les poissons tempérés, l'initiation de la maturation serait clairement déclenchée par l'augmentation de la photopériode (Bye & Htun Han, 1979). Harrington (1959), quant à lui, pense que l'influence de la température sur les poissons à longue saison de ponte est plus importante que celle de la photopériode. L'importance relative de l'un ou l'autre de ces deux facteurs, température et photopériode dans les processus physiologiques de maturation et de ponte de l'ombrine, sont actuellement à l'étude aux Etats Unis (Robert, Comm. pers.). L'opération envisagée en Martinique dès 987 est celle des transférer et d'adapter en conditions tropicales et dans un environnement insulaire une technologie développée dans différents états américains depuis le début des années 70. Les premiers cycles de maturation et ponte ont été initiés début 1989 avec la mise en fonctionnement des salles géniteurs à environnement contrôle. Les premiers résultats obtenus dans cette structure, et en cages flottantes sont décrits dans ce chapitre.
Soletchnik Patrick, Goyard Emmanuel, Thouard Emmanuel (1990). Mise au point technique de l'élevage de l'ombrine Sciaenops ocellata. Document 2 : Maturation et pontes. Ref. Rapport Interne Ifremer. https://archimer.ifremer.fr/doc/00133/24408/