Le réseau d’observations conchylicoles RESCO assure, depuis 2009, le suivi de lots sentinelles d'huîtres creuses Crassostrea gigas sur des sites ateliers disposés sur l'ensemble du littoral français. Leur suivi permet d'acquérir des données nationales de croissance et de mortalité, de traduire la dynamique spatio-temporelle des performances d’élevage et ainsi de participer à la compréhension des phénomènes observés. Pour ce faire, des lots sentinelles d’huîtres correspondant à différentes origines (captage ou écloserie, diploïdes ou triploïdes) et à différents stades d’élevage (naissain ou adultes 18 mois) sont déployés simultanément sur 13 sites ateliers représentant les grandes régions conchylicoles du littoral français. En parallèle des suivis de croissance et de mortalité, des données associées à la présence d’agents infectieux dans ces huîtres, ainsi que des variables environnementales (température, salinité, flores sur certains sites) sont acquises.
L’ensemble des données acquises par le RESCO est diffusé en temps quasi-réel, par l’intermédiaire d’un site internet dédié (http://wwz.ifremer.fr/observatoire_conchylicole) affichant les courbes de mortalité, de croissance et de température sur chaque site. Des bulletins résumant les évolutions des divers paramètres sont également téléchargeables sur le site. Enfin, les mesures haute fréquence de température, pression et salinité des différents sites sont accessibles en temps réel sur un serveur spécifique (http://www.ifremer.fr/co-en/).
Les résultats des suivis 2012 mettent en évidence des différences significatives entre les lots, les origines et les sites testés. Plus précisément, les taux de mortalité cumulée obtenus sur les différents lots de naissains sont respectivement de 64, 76 et 75% pour les trois lots issus de captage naturel, de 55, 73 et 67% respectivement pour les trois lots d’écloserie. Certains sites, tels que les sites de ‘Men Er Roué’ (eau profonde), ‘Morlaix’ ou ‘Géfosse’ apparaissent ainsi globalement moins touchés par la mortalité que d’autres sites situés plus au Sud tels que ‘Marseillan’, ‘Loix-en-Ré’ ou d’Agnas. La mortalité moyenne observée sur les lots d’huîtres adultes est de 13%, ce qui représente une augmentation du taux de mortalité obtenu pour des huîtres de la même classe d’âge en 2011 (6%). En terme de données hydrologiques, l’année 2012 se caractérise par rapport aux normales de saison par un hiver doux, et un printemps frais à l’exception de la première quinzaine du mois de Juin. Ainsi, les premières mortalités sont apparues plus tardivement en 2012 qu’en 2011, la vague la plus importante de mortalité ayant touché la plupart des sites au mois de Juin. D’autres vagues de mortalité plus tardives ont également été identifiées, parfois jusque fin Juillet pour les sites les plus au Nord. Les analyses pathologiques réalisées sur des prélèvements d’individus des différents lots de naissain à chaque début de mois (de Mai à Septembre) ont révélé qu’un faible pourcentage d’individus présentait de fortes charges d’Herpes virus OsHV-1 (i.e. supérieures à 104 copies d’ADN/mg de tissu) au début du mois de Mai. Les pourcentages d’individus présentant des charges significatives d’Herpes augmentent ensuite considérablement lors des analyses réalisées début Juin à l’exception des sites de ‘Morlaix’ et ‘Géfosse’. Les analyses effectuées au début des mois de Juillet, Août, et mi-Septembre révèlent une diminution du pourcentage d’individus portant une charge significative d’Herpes pour les sites situés le plus au Sud (tels que ‘Marseillan’, ‘le Tes’, ‘D’Agnas’, ‘Loix-en-Ré’ ou ‘Coupelasse’), alors que le pourcentage reste élevé pour les sites les plus au Nord (Brest, ‘Morlaix’, ‘Cancale’ ou ‘Géfosse’). Parallèlement à ces analyses la recherche de la bactérie Vibrio aesturianus n’a été détectée que dans très peu d’échantillons, et de façon très ponctuelle.