Les poissons herbivores dans l’écosystème récifal des Antilles
Le problème de la dégradation des récifs coralliens est actuellement au centre de nombreuses recherches en écologie. Le présent travail apporte des résultats concernant le rôle des poissons herbivores dans la dynamique des récifs et a permis d’évaluer l’importance de ces poissons pour la résilience des communautés benthiques récifales de Guadeloupe. Le peuplement de poissons herbivores a été étudié en plongée à l’aide de relevés visuels quantitatifs sur plusieurs platiers et pentes externes repartis autour de la Guadeloupe. Les données recueillies ont été analysées par le calcul de descripteurs synthétiques de la biodiversité, par des méthodes d’ordination et de groupement et à l’aide d’autocorrélogrammes. L’étude temporelle éalisée sur une période de 18 mois a montré que le peuplement de poissons herbivores fluctue au long de l’année et laisse supposer l’existence de variations saisonnières. Celles-ci semblent cependant masquées par des facteurs écologiques qui influencent le peuplement. Ainsi, les poissons herbivores quittent les platiers récifaux lorsque la houle est forte. Le vent semble avoir le même effet que la houle sur les poissons herbivores, en les incitant à fuir les platiers. Les poissons ont également tendance à quitter le platier récifal lorsque la hauteur d’eau y est faible pour y retourner avec la marée montante. L’étude de la variabilité spatiale a montré l’existence d’une structuration du peuplement de poissons herbivores en fonction de la profondeur, avec un peuplement des platiers et de la partie supérieure de la pente externe récifale distinct d’un peuplement plus profond installé sur les pentes externes. Les variables environnementales influençant la distribution spatiale des poissons herbivores sont les grands types de peuplements algaux, la couverture corallienne, la profondeur et le statut de protection des récifs. L’étude de la consommation en algues des poissons herbivores
sur les récifs coralliens a révélé que ceux-ci ont du mal à réguler la croissance des algues lorsqu’ils sont surpêchés. L’attraction des espèces envers certains faciès de peuplements algaux (gazon algal, débris coralliens, macroalgues brunes, macroalgues vertes calcifiées), évaluée par comptage des coups de dents donnés par les poissons herbivores (bites), a montré que ceux-ci évitent les faciès à macroalgues brunes.
Kopp Dorothee (2007). Les poissons herbivores dans l’écosystème récifal des Antilles. PhD Thesis, Université Antilles-Guyane. https://archimer.ifremer.fr/doc/00177/28780/