Lors des fouilles archéologiques du Taillis des Coteaux, plus de 791 écailles ont été mises au jour dans une zone attribuée chronologiquement au Magdalénien inférieur. L’origine (animale ou anthropique) des accumulations de poissons dans les sites archéologiques est souvent méconnue. L’application de la sclérochronologie à l’étude de ces restes nous permet non seulement d’avoir une estimation de l’âge du poisson, mais aussi de préciser la période de capture. La connaissance de la saison de mort des individus est un bon indicateur des activités humaines et/ou d’autres prédateurs (carnivores, oiseaux). La majorité des écailles est attribuable aux salmonidae. Parmi les espèces identifiées, seul l’ombre commun Thymallus thymallus (L., 1758) est bien représenté. Ses écailles sont les mieux préservées et ont permis de tester sur un échantillon (n=50) l’interprétation des marques de croissance de périodicité annuelle. Une collection de référence actuelle (France, Suisse, Finlande) a été créée afin d’estimer le rythme de croissance de cette espèce et d’établir un modèle de référence pour comparer la croissance globale des ombres archéologiques. Notre protocole repose sur une série de mesures standardisées allant du foyer (ou focus) au bord externe de l’écaille, en passant par les différents annulii. L’estimation des âges de nos individus archéologiques a aussi été réalisée. Les résultats de l’étude nous ont permis de comparer la croissance des spécimens archéologiques avec celles de nos spécimens actuels et de mettre en évidence que la croissance des poissons du Magdalénien inférieur est très comparable à celle des poissons actuels peuplant la France et la Suisse. De plus, la période « estivale » constitue une saison préférentielle de capture pour les ombres communs au Magdalénien inférieur.