Le bassin versant du Bélon : vers une restauration durable de la qualité bactériologique des eaux estuariennes
Le projet européen Cycleau, initié à l'échelle locale sur la problèmatique de l'envasement et de l'ensablement de l'estuaire du Bélon, y a également intégré un volet bactériologique en raison des contraintes fortes que faisaient peser les pics conjoncturels de contamination sur la profession conchylicole (fermetures temporaires, déclassement éventuel) mais plus largement sur l'image du territoire (impact touristique) et en définitive sur son développement durable.
Pour satisfaire la restauration de la qualité des eaux estuariennes, l'IFREMER a fait appel à un certain nombre d'outils susceptibles de contribuer à la formulation d'un diagnostic pertinent et ainsi de répondre aux préoccupations des acteurs du littoral. Pour ce faire, nous avons créé un réseau "apports à l'estuaire", comprenant un suivi des concentrations et des flux bactériens (Escherichia coli) apportés à l'estuaire par le réseau hydrographique ainsi qu'un suivi des concentrations dans les coquillages (moules) pour évaluer l'impact de ces apports anthropiques sur la zone conchylicole. Parallèlement, nous avons élaboré un Système d'information Géographique, alimenté par les informations émanant des différents acteurs du bassin versant et celles obtenues par des investigations de terrain (points d'abreuvage,...), ceci afin de bénéficier d'une vision holistique des sources potentielles de contamination du bassin versant.
Par ailleurs, nous avons mis en oeuvre, dans le cadre de la coopération internationale (Agence de l'Environnement en Angleterre), des outils novateurs faisant appel à la biologie moléculaire pour tenter de mieux cerner l'origine (animale ou humaine) de la contamination fécale des eaux (génotypage des bactériophages F+ARN spécifiques et polymorphisme HH2+ d'Escherichia coli).
Les données analytiques obtenues ont permis de souligner l'importance du facteur pluviométrie sur la dégradation qualitative des eaux superficielles (perte de 1 à 2 classes de qualité) et de facto, sur l'augmentation significative du risque de fermeture de la zone conchylicole. Si les trois principaux sous-bassins versants apportent à eux seuls 95% de la contamination bactériologique, les pics de contamination observés montrent une multiplicité de points critiques sur le bassin versant qu'il convient de circonscrire. Les techniques analytiques mises en oeuvre pour tenter d'identifier l'origine de la contamination fécale, tout en s'inscrivant dans une perspective prometteuse, supposent la poursuite d'investigations complémentaires en matière de recherche-développement pour optimiser leur efficacité.
Enfin, fort des informations recensées et d'une bonne connaissance du bassin versant, nous avons formulé des propositions d'actions et alimenté la réflexion dur l'évaluation des actions, volet incontournable de tout programme ou de toute politique publique.