Les zones côtières telles que les baies et les estuaires constituent des nourriceries pour les juvéniles de nombreuses espèces de poissons marins et en particulier les poissons plats. In fine, la fonction de nourricerie d’un habitat repose sur sa capacité à produire des individus qui vont contribuer à la population adulte. La composition élémentaire des otolithes de poissons est devenue un outil important pour étudier la connectivité entre les habitats des juvéniles et des adultes. Cette approche majeure en écologie halieutique repose sur l’identification de signatures multi-élémentaires caractérisant les nourriceries. Il est donc important de considérer les processus spatiaux à plus petite échelle de manière à identifier localement les habitats de nourriceries et d’obtenir une signature multi-élémentaire représentative. L’objectif de cette étude était donc d’analyser la variabilité spatiale de la signature multi-élémentaire des otolithes du groupe d’âge G0 de deux espèces de poissons plats (sole commune, Solea solea et plie commune, Pleuronectes platessa) au sein de la baie de Seine. Les individus (sole : n=77 ; plie : n = 98) ont été capturés au cours d’une même campagne scientifique en septembre-octobre 2008 sur un total de 18 stations dont 8 stations en commun pour les deux espèces. La composition multi-élémentaire des otolithes (sagittae) a été déterminée in toto par ICMP-MS en solution. De plus, l’âge en jours des individus a aussi été estimé à partir d’otolithes (lapilli) entiers polis, la donnée d’âge permettant d’obtenir à la fois la durée d’intégration de la signature chimique et la croissance des individus sur les différentes zones étudiées. Différents patrons spatiaux ont pu être obtenus pour les éléments suivants Li, B, Zn, Rb, Y, Mo, Ag, Ba, Na, Mg, Mn, Cu, Sr et K chez les deux espèces. Les résultats des signatures multi-élémentaires seront présentés de manière à aborder et discuter la zonation spatiale et la représentativité de ces signatures au sein de l’estuaire de Seine ; l’identification de zone(s) de nourriceries potentielles (en lien avec la croissance) et enfin les différences entre ces deux espèces.