La lagune de Merja Zerga, située sur la côte atlantique marocaine, présente un intérêt international (Site Ramsar) pour sa diversité ornithologique. Toutefois, elle est très exploitée pour ses palourdes et ses poissons. Dans le but de bien connaître le fonctionnement de l’écosystème lagunaire pour aider à sa gestion et la conservation de ses ressources, un suivi écologique a été mené sur l’écosystème benthique, compartiment–proie essentiel pour les oiseaux et pour l’homme. Ce travail vise à identifier les communautés macrozoobenthiques et à préciser leur répartition spatiale. L’étude est basée sur un échantillonnage mensuel de la zone intertidale et sur des prélèvements saisonniers de la zone subtidale, sur une période d’une année. En zone intertidale, la salinité, la médiane granulométrique et les taux de pélites présentent des gradients allant de l’ouverture vers l’intérieur de la lagune, en suivant le flot engendré par la marée. Les caractéristiques granulométriques traduisent l’affaiblissement progressif des courants de marée de l’aval à l’amont, i.e. les teneurs de pélites augmentent en s’éloignant de l’ouverture. En zone subtidale, les courants de marée restent assez forts tout au long de la lagune, ce qui conduit à la présence de sédiments plus grossiers qu’en zone intertidale. Selon ce schéma de structure physico-chimique et édaphique, trois communautés sont identifiées : les communautés à (i) Cerastoderma edule et à (ii) Scrobicularia plana, localisées à la fois en zones intertidale et subtidale et (iii) une communauté à Tapes decussata, présente uniquement en zone subtidale. Les assemblages sont plus diversifiés en zone subtidale et les abondances moyennes des espèces y sont plus fortes qu’en zone intertidale, ce qui constitue une originalité pour un milieu lagunaire. Les communautés se distribuent le long d’un gradient écologique sans stade de transition ou écotone. La lagune fonctionne selon un modèle estuarien dans lequel la structure des communautés est contrôlée par les facteurs édaphiques en zone intertidale et par les facteurs hydrologiques en zone subtidale.

Merja Zerga lagoon, located on the Moroccan Atlantic coast, is a site of international value (Ramsar Site) in terms of its ornithological diversity. However, the lagoon is heavily exploited for its clams and fishes. In an effort to further understanding of lagoon ecosystems, and thus to facilitate the management and conservation of their resources, an ecological survey of its benthic component was carried out. Benthos is a valuable food source for birds, fishes and humans. This work involved identifying the macrozoobenthic communities in the lagoon and assessing their spatial distribution. The study was based on monthly sampling of the intertidal zone and seasonal sampling in subtidal zone, over a one-year period. In the intertidal zone, salinity and median diameter and silt content of the sediment exhibited a gradient extending from the entrance to the inner lagoon, according to tidal flow. Sediment grain size characteristics reflected a gradual decrease of tidal currents from the lagoon entrance towards the inner parts of the lagoon, i.e. silt content increased with distance from the entrance. In the subtidal zone, the tidal currents were fairly strong throughout the lagoon, leading to the presence of coats er sediments than in the intertidal zone. Based on these physical, chemical and substratum characteristics, three communities were identified:, (i) Cerastoderma edule and (ii) Scrobicularia Plana communities were located in both the intertidal and subtidal zones; and (iii) a Tapes decussata community that was only found in the subtidal zone. The assemblages in the subtidal zone were more diverse and the mean abundances of the constituent species were higher than in the intertidal zone, which is an interesting feature for a lagoon environment. Communities were distributed along an ecological gradient, without showing a discontinuity or ecotone. The lagoon functioned like an estuary in which the community structure was controlled by edaphic factors in the intertidal zone, and by the hydrological factors in the subtidal zone.