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Observer, Analyser et Gérer la variabilité de la reproduction et du recrutement de l’huître creuse en France : Le Réseau Velyger. Rapport scientifique annuel du réseau national Velyger, convention DPMA-Ifremer 2016
La conchyliculture, et principalement l’élevage de l’huître creuse, Crassostrea gigas, constitue la principale activité aquacole française. Cette activité repose, en grande partie, sur le recrutement naturel de l’espèce qui assure 60 à 70% des besoins en jeunes huîtres (naissain) : cette activité de collecte s’appelle le captage.
Les deux principaux centres de captage en France sont les bassins d’Arcachon et de Marennes-Oléron. Or, depuis une quinzaine d'années, sur le bassin d'Arcachon, le captage devient très variable: à des années de captage nul (par exemple 2002, 2005, 2007) ou faible (2009, 2010, 2011) succèdent des années excellentes voire pléthoriques (2003, 2006, 2008, 2012, 2014). A Marennes-Oléron, cette variabilité existe, mais s’avère beaucoup moins marquée. En outre, à la faveur du lent réchauffement des eaux, le captage peut désormais se pratiquer de plus en plus vers le nord. Ainsi, la baie de Bourgneuf, mais aussi la rade de Brest sont devenues, depuis quelques années, des secteurs où un nombre croissant d’ostréiculteurs pratiquent le captage avec succès, mais avec, là aussi, des irrégularités dans le recrutement qu’il convient de comprendre. Enfin, depuis les épisodes de fortes mortalités récurrents depuis 2008, il se développe aussi sur la lagune de Thau, mais aussi en baie de Vilaine, une volonté de pratiquer le captage localement.
Afin de mieux comprendre les facteurs de variations du recrutement et du captage qui en dépend, l’Ifremer a mis en place, à la demande du Comité National de la Conchyliculture, un réseau national de suivi de la reproduction : le Réseau Velyger. Créé en 2008 sur financements européens et financé désormais par la Direction des Pêches Maritimes et de l’Aquaculture, ce réseau apporte, chaque année, sur les écosystèmes cités précédemment, une série d’indicateurs biologiques (maturation, fécondité, date de ponte, abondance et survie larvaire, intensité du recrutement, survie du naissain) dont l’analyse croisée avec des indicateurs hydrologiques et climatiques permet progressivement de mieux appréhender les causes de variabilité du recrutement de l’huître creuse en France, modèle biologique et espèce clé de la conchyliculture française.
Ce rapport présente donc les résultats 2016 de ce réseau d’observation et fait appel, pour la partie hydro-climatique, à des données acquises par d’autres réseaux régionaux et nationaux. Il détaille et analyse par site toutes les caractéristiques du cycle de reproduction de l’huître creuse : maturation et fécondité des adultes, période de ponte, abondance et survie des larves, intensité du captage à l’automne. Il fournit ensuite une interprétation et une synthèse des résultats 2016 à la lueur des résultats des années antérieures.
Ainsi, pour l’année 2016, on retient les faits majeurs suivants :
· Sur le plan hydro-climatique, cette année se caractérise par un hiver doux et un printemps dans les normales, suivis d’un été là aussi très proches des normales à une exception près : la rade de Brest a bénéficié d’une température de l’eau supérieure aux normales dés le début de l’été. Compte tenu d’une pluviométrie plutôt excédentaire, les concentrations en phytoplancton sont restées à des niveaux assez élevés de la rade de Brest aux pertuis charentais et toujours déficitaires dans le bassin d’Arcachon et la lagune de Thau.
· En termes de biologie, ces conditions hydro-climatiques se sont traduites, chez les populations d’huîtres adultes, par des indices de condition, proxy de la fécondité, assez élevés, avec toujours l’existence d’un gradient nord-sud observé chaque année, corrélativement à la concentration en phytoplancton. En outre, l’absence d’excédent thermique au printemps et en début d’été n’a pas permis de pontes précoces (à l’exception de la lagune de Thau), elles ont même été plutôt tardives (e.g. bassin d’Arcachon) et plutôt asynchrones. Les quantités de jeunes larves sont donc restées faibles (pic < 100 000 larves/1.5m3).
· Sur la façade atlantique, les températures de l’eau lors du développement larvaire des principales cohortes ont été tout justes dans les normes, voire un peu faible en août. En conséquence, il y a donc eu peu de larves grosses dans l’eau à l’exception des secteurs rade de Brest et lagune de Thau : avec, en moyenne sur l’été, moins de 10 larves grosses/1,5m3, certains secteurs enregistrent leur score le plus faible depuis le début des suivis.
· La lagune de Thau fait aussi figure d’exception : les températures élevées tout au long de l’été ont permis une concentration moyenne de larves ‘grosses’ modérée (243 larves/1,5m3). Cependant, les méthodes et les techniques de captage sont encore en cours d’optimisation sur ce secteur et cette année, malgré cette p résence de larves grosses, le captage est resté faible (< 10 naissains par coupelle à l’automne).
· En conséquence, l’année 2016, se caractérise par un captage globalement « faible à modéré » dans tous les secteurs s’échelonnant autour de 1 naissain/coupelle en baie de Bourgneuf à plus de 114 naissains/coupelle dans certains secteurs de rade de Brest (secteur de Landévennec-Poulmic).
Enfin, à partir de l’ensemble des résultats acquis depuis 2008, ce rapport fournit en conclusion une série de recommandations à prendre en compte pour préserver le captage dans les années à venir.
Mot-clé(s)
Huître creuse, Naissain, Cycle de reproduction, Captage, Recrutement, Changement climatique, Larves
Keyword(s)
Pacific oyster, Spat, Recruitment, Seed collecting, Larvae, Reproductive cycle, Climate change
Emprises
48.82778N, 42.576477S, 5.361328E, -4.833984W
Texte intégral
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Version officielle éditeur | 55 | 13 Mo |