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Forces, failles et opportunités de la recherche française en écologie trophique
Strengths, weaknesses, and opportunities of French research in trophic ecology
La recherche française en écologie trophique montre des clivages thématiques et géographiques qui ont motivé la création d’un groupement de recherche dédié (GDR GRET), financé par l’Institut national d’écologie et d’environnement du CNRS et l’Inra. Les GDR sont des outils incitatifs visant justement à favoriser la pluridisciplinarité en écologie pour lisser ces hétérogénéités. Néanmoins, la capacité de telles initiatives à atteindre cet objectif dépend nécessairement des causes initiales de clivage. Nous présentons ici les résultats d’un sondage réalisé en 2016 à l’initiative du GRET afin de décrire la communauté française des chercheurs en écologie trophique, de quantifier et caractériser ces clivages et d’identifier leurs causes. Trois césures principales ont été détectées. La première porte sur le manque d’intégration des microbiologistes dans les concepts de l’écologie trophique : les microbes ont virtuellement disparu des concepts trophiques. Le second clivage découle du fait que l’écologie trophique reste une recherche de terrain, un domaine territorial dans lequel les questions de recherche sont intimement dépendantes de l’écosystème d’étude. Enfin, la recherche en écologie trophique est limitée par les frontières de l’écosystème même, avec peu de recherches aux interfaces ou connectant différents types d’écosystèmes. Ces clivages, s’ils limitent l’avancement de la recherche, sont davantage le fait d’héritages culturels que réellement d’enjeux socio-économiques ou de motivations scientifiques. Une comparaison avec la littérature confirme que ces clivages ne sont pas uniquement des particularités de la recherche française, mais font écho aux faiblesses à l’échelle internationale. En ce sens, des initiatives de communication et de mise en place de réseaux tel que le GRET peuvent efficacement contribuer à lisser ces hétérogénéités à l’échelle nationale, en mettant notamment en lumière le bénéfice scientifique à réintégrer les microbes dans les réseaux trophiques, mais également les outils, opportunités et enjeux à conduire des programmes trans- et méta-écosystémiques en écologie trophique. Transformer l’essai demandera néanmoins, à terme, que des programmes de recherches émergent de ce réseau, en dépit du goulet d’étranglement que constitue le financement de la recherche aujourd’hui en France.
The French National Institute of Ecology and Environment (INEE) aims at fostering pluridisciplinarity in Environmental Science and, for that purpose, funds ex muros research groups (GDR) on thematic topics. Trophic ecology has been identified as a scientific field in ecology that would greatly benefit from such networking activity, as being profoundly scattered. This has motivated the seeding of a GDR, entitled “GRET”. The contours of the GRET's action, and its ability to fill these gaps within trophic ecology at the French national scale, will depend on the causes of this relative scattering. This study relied on a nationally broadcasted poll aiming at characterizing the field of trophic ecology in France. Amongst all the unique individuals that fulfilled the poll, over 300 belonged at least partly to the field of trophic ecology. The sample included all French public research institutes and career stages. Three main disruptions within the community of scientist in trophic ecology were identified. The first highlighted the lack of interfaces between microbial and trophic ecology. The second evidenced that research questions were strongly linked to single study fields or ecosystem type. Last, research activities are still quite restricted to the ecosystem boundaries. All three rupture points limit the conceptual and applied progression in the field of trophic ecology. Here we show that most of the disruptions within French Trophic Ecology are culturally inherited, rather than motivated by scientific reasons or justified by socio-economic stakes. Comparison with the current literature confirms that these disruptions are not necessarily typical of the French research landscape, but instead echo the general weaknesses of the international research in ecology. Thereby, communication and networking actions within and toward the community of trophic ecologists, as planned within the GRET's objectives, should contribute to fill these gaps, by reintegrating microbes within trophic concepts and setting the seeds for trans- and meta-ecosystemic research opportunities. Once the community of trophic ecologists is aware of the scientific benefit in pushing its boundaries forwards, turning words and good intentions into concrete research projects will depend on the opportunities to obtain research funding.
Keyword(s)
Trans-ecosystem, Scientific network, Cleavage, Ecology, Population, Community
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Publisher's official version | 14 | 2 Mo |