L'acétylcholinestérase, marqueur de neurotoxicité. Application à la surveillance des effets biologiques des polluants chez les organismes marins

Les cholinestérases et particulièrement l'acétylcholinestérase (AChE) constituent la cible privilégiée de nombreuses molécules neurotoxiques notamment des insecticides organophosphorés (OP) et carbamates. La sensibilité des cholinestérases à ces inhibiteurs est aussi complexe que le polymorphisme de ces enzymes. L'utilisation des niveaux d'activité des cholinestérases comme marqueur d'exposition aux neurotoxiques dans le milieu marin implique donc une connaissance approfondie du polymorphisme de i'enzyme, de Ja sensibilité des formes AChE identifiées et des contaminants neurotoxiques susceptibles de provoquer des variations dans l'activité de cette enzyme chez les organismes marins. Aprés une synthèse des connaissances sur le polymorphisme des cholinestérases, les activités cholinestérasiques sont caractérisées chez plusieurs espèces marines. Chez l'huître, deux acétylcholinestérases sont séparées et décrites. La forme AChE membranaire montre une très forte sensibilité aux organophosphorés et carbamates tandis que sa congénère AChE soluble se révèle insensible. L'intéret de n'utiliser que la forme membranaire comme biomarqueur des effets des contaminants neurotoxiques est démontré. Le caractère synergique de l'effet d'associations d'organophosphorés et de carbamates est mis en évidence avec les effets les plus synergiques observés dans les cas de combinaisons d'un organophosphate et d'un carbamate. La présence dans le milieu marin de contaminants métalliques tels que les chlorures de zinc et de cadmium induit des effets inhibiteurs et la présence de trioxide d'arsenite renforce le pouvoir toxique de plusieurs inhibiteurs. Des variations significatives dans les niveaux d'activité AChE sont mesurées dans diverses zones contaminées et notamment chez la limande en Mer du Nord ou les poissons chirurgiens en Martinique. D'importants effets inhibiteurs sont constatés chez l'huitre et la palourde traitées avec le dichorvos (OP) aux concentrations qui sont utilisées en aquaculture dans le traitement d'épizooties liées à la présence de parasites chez les salmonidés. Les mesures d'inhibiteurs dans les différents compartiments marins sont indispensables à l'interprétation des variations d'activités constatées chez les organismes exposés à des contaminants. Une meilleure connaissance du polymorphisme des cholinestérases  et les possibilités de produire des formes hypersensibles par mutagénèse dirigée vont  permettre d'améliorer les performances de ce biomarqueur.

Mot-clé(s)

Biomarqueur, Cholinestérases, Pollution marine, Huître, Organophosphorés, Carbamates

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Version officielle éditeur
25456 Mo
Comment citer
Bocquene Gilles (1996). L'acétylcholinestérase, marqueur de neurotoxicité. Application à la surveillance des effets biologiques des polluants chez les organismes marins. PhD Thesis, Ecole Pratique des Hautes Etudes Montpellier. https://archimer.ifremer.fr/doc/00443/55435/

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