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L'ostréiculture du bassin de Marennes-Oléron : fonctionnement des unités de production et réflexion autour du projet de culture d'huîtres en eaux-profondes
Le bassin de Marennes-Oléron est l'un des principaux pôles de l'ostréiculture française, avec environ 25 % de la production nationale d'huîtres et près de la moitié de la commercialisation nationale grâce à la présence sur son sol de claires permettant l'affinage. Depuis quelques années, la production du bassin, qui se fait sur l'estran selon des techniques traditionnelles, se trouve confrontée à des problèmes croissants de productivité. Les ostréiculteurs se voient alors dans l'obligation d'adapter leur système de production au contexte afin de survivre. Cela passe par l'amélioration des techniques existantes ainsi que par la recherche de nouvelles techniques de production. Parmi ces nouvelles techniques, la culture d'huîtres en eaux-profondes, pratiquée en Bretagne depuis le milieu du XXème siècle, apparaît comme une solution possible à ces problèmes en offrant une perspective de baisse du coût de production et une baisse de la surcharge de l'estran. Certains ostréiculteurs du bassin ont donc été légitimement intéressés par cette technique. Le projet de développement de son introduction dans le département de Charente-Maritime est en cours d'étude: la phase expérimentale menée par l'IFREMER prend fin en 2005. Mais les structures professionnelles et les pouvoirs publics sont encore indécis sur le mode de mise en place du projet: en effet, outre les problèmes externes à la profession ostréicole, le positionnement des ostréiculteurs par rapport à cette technique est mal connu. Notre étude vise à étudier ce positionnement dans un contexte où le fonctionnement des exploitations ostréicoles du bassin et les processus d'adbésion de leurs exploitants à une nouvelle technique sont mal connus. Dans un premier temps, nous nous sommes attardés à réaliser une étude socio-économique basée sur une série de trois visites sur chacune de 24 exploitations sélectionnées pour leur diversité. Ces visites s'inspirent de la méthode d'Approche Globale de l'Exploitation Agricole mise au point par BONNEVIALE et al., (I989) que nous avons ici adaptée aux exploitations ostréicoles. De l'ensemble de ces visites nous avons rédigé une synthèse mettant en valeur: la diversité des situations dans lesquelles les exploitations ostréicoles évoluent, les principaux paramètres intervenant dans le processus de décision des exploitants Parmi ces derniers, la force du "projet ostréicole" (notion englobant l'âge, la perspective de succession sur l'exploitation, le capital culturel et social et les finalités de l'exploitant) est apparue comme un critère fort. L'importance de la présence familiale sur les exploitations et l'individualisme de la profession ont été mis en avant. A partir de ce travail réalisé sur la connaissance du fonctionnement des exploitations ostréicoles, nous avons conclu, par rapport au projet de cultures en eaux-profondes qu'il n'existait pas de réponse simple à apporter et qu'une étude plus approfondie autour de ce projet et de ses composantes devait être réalisée. Ainsi, notre dernière partie s'attarde à présenter les différentes composantes du projet en eauxprofondes : incertitudes et problèmes liés à la gestion commune de la ressource, au mode de mise en place de la production (système collectif ou système individuel) et aux résultats biologiques de la technique. Les hypothèses retenues face à ces incertitudes et leur mise en relation avec notre étude du fonctionnement des unités de production nous ont permis de mettre en place un modèle de positionnement des ostréiculteurs. Ce modèle intègre les différents paramètres entrant en jeu dans l'acceptation de la technique en eaux-profondes par l'exploitant et son choix du mode d'organisation de la production. Grâce à la mise en place d'un questionnaire fermé que nous avons ici proposé, ce modèle pourra être utilisé pour déterminer quantitativement le positionnement des ostréiculteurs. Nous avons pu voir que la mise en place d'un tel projet au niveau du bassin se trouve confrontée à de nombreux problèmes, internes et externes, qui entraînent, au niveau politique, des difficultés à prendre des décisions, que ce soit sur la surface attribuée, le mode d'organisation de la production et les systèmes de gestion des concessions. De plus, l'incertitude technique autour de ce mode de culture d'huître reste forte. Il apparaît urgent de faire des expérimentations professionnelles à plus grande échelle pour déterminer la faisabilité réelle du projet.
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Version officielle éditeur | 154 | 70 Mo |