Le nom de "population" désigne l'ensemble des individus d'une même espèce vivant dans un espace déterminé et partageant le même "pool de gènes". L'individu ne détient qu'une infime partie de ce pool de gènes il représente l 'unité de sélection. Sa contribution est minime par rapport à l'ensemble des génomes de la population, mais il peut, grâce à la mutation, apporter des gènes nouveaux ou accroître légèrement la fréquence de certains gènes du pool s'il possède un génome particulièrement viable et productif. La population est l'unité évolutive qui assure constamment l'échange et la recombinaison de la réserve génétique constituée par l'ensemble des génomes individuels . Elle est le champ d'expérimentation des nouveaux gènes et des nouvelles combinaisons génétiques. Les populations, comme les individus d'une même espèce, ne sont jamais totalement identiques. On définit ainsi deux grands types de variations :
- les variations individuelles concernant les différences entre les individus d'une même population. On peut les séparer en variations non génétiques du phénotype (adaptation individuelle aux conditions de milieu...) et en variations phénotypiques ayant un support génétique;
- les variations géographiques qui se rapportent aux différences constatées entre les populations.
"L'espèce est composée dans le temps et dans l'espace d'un certain nombre de populations locales dont chacune intercommunique et intergrade avec les autres" (MAYR , 1970).
L' identification d'une espèce est désormais fondée sur l'étude de la variabilité des populations en mettant en oeuvre des méthodes morphologiques, biométriques, génétiques, physiologiques, écologiques, et biochimiques. Pratiquement toutes les branches de la biologie peuvent apporter leur contribution aux connaissances des processus évolutifs. Peu de recherches sur les Bivalves ont été entreprises dans cette optique. Toutefois, le développement de l'aquaculture durant ces dernières années a donné un nouvel essor aux recherches fondamentales sur les espèces qui font l'objet d'élevages. C' est dans ce cadre que se situe la présente étude sur les caractéristiques et la variabilité des populations de deux espèces de palourdes : Ruditapes decussatus (LINNE, 1758) originaire de l'Atlantique et de la Méditerranée, et Ruditapes philippinarum (ADAMS & REEVE , 1850) originaire du Pacifique et récemment introduite en France pour l'aquaculture. Ce travail a un double but :
- faire progresser la recherche fondamentale sur les caractéristiques morphologiques des deux espèces, leurs variabilités, leurs caryotypes jusqu'ici inconnus et sur les possibilités d'hybridations et de sélection
- apporter des éléments précis pouvant déboucher sur une application dans le domaine de l'aquaculture, l'étude de la variabilité étant à la base des méthodes de sélections.