Cette conférence se plaçait dans la perspective de celle tenue à Kyoto en 1976, première tentative d'évaluer le potentiel de ce jeune secteur. Les progrès faits par l'aquaculture mondiale ont incité la FAO à rassembler des experts du monde entier (600 personnes de 72 pays) pendant cinq jours afin de proposer un cadre global de développement durable de l'aquaculture pour le moyen terme (2025). La conférence prévoyait d' analyser tous les domaines impliqués dans cette évolution: aspects légaux, politiques, scientifiques, technologiques et socio-économiques. Co-organisée par la FAO et le réseau asiatique NACA, cette conférence a emprunté la forme classique des ateliers de la FAO, avec des exposés en séance plénière, des commissions spécialisées d'experts et une mise en commun des recommandations en vue d'une décIaration finale. Sur le plan conceptuel, cette ambitieuse conférence présente deux carences importantes:
1. Absence de bilan critique des recommandations de Kyoto: 25 années aprés, il paraissait utile de faire le bilan des conclusions de cette première conférence: analyse de la pertinence des recommandations, pointage des domaines oubliés ou sous-évalués (génétique, environnement, conflits d'usage du littoral, etc), recalage des estimations d'évolution des productions par familles d'espèces et par régions. Cette évaluation n'a été ni demandée ni évoquée.
2. Absence d'analyse des variables qui détermineront les contraintes et le potentiel de l'aquaculture dans les 2S prochaines années. C' était pourtant l'ambition de la conférence. Pour raisonner valablement à l'horizon 2025, il est indispensable de prendre en compte l'évolution des grandes variables susceptibles d'avoir un impact sur le futur de l'aquaculture: changement global du climat (réchauffement, instabilité, etc), écart technologique croissant entre Nord et Sud, manque d'eau douce pour un nombre croissant de pays, retard de l' Mrique alors que la croissance démographique n'y est pas maîtrisée, déficit juridique à l'échelle internationale, faiblesse des financements consacrés à l'aménagement de la bande côtière, etc. En regard de ces enjeux, les recommandations finales paraissent bien théoriques, convenues et à courte vue. Faute de bilan critique et de vision prospective, la conférence a conduit à une déclaration qui reprend pour partie les recommandations classiques de la FAO en fonction des contraintes de l'aquaculture d'aujourd'hui:  rappel de l'importance de la formation, de la recherche multidisciplinaire en coopération, de la nécessité de mieux prendre en compte l'environnement, etc. Les recommandations font aussi émerger plusieurs  éléments nouveaux: utilité des réseaux d'information, recherche d'indicateurs de durabilité, diffusion de codes de bonne conduite, priorité de la prévention en pathologie, valeur du principe de précaution, importance de la bande côtière ...
Ces recommandations s' inscrivent dans le cadre d'une vision optimiste de la poursuite du développement de l'aquaculture: 60 millions de t. en 2005 (Banque mondiale), 185 millions de t. en 2025 (De Senna), avec des tendances lourdes stables sur 25 années. La conférence a également souligné la nécessité de prendre en compte trois groupes d'acteurs qui jouent un rôle important en matière de développement: les  organisations régionales (U.E., Asean, Commissions régionales, etc), les réseaux, qu'ils soient généralistes comme Naca ou spécialisés comme FishBase, Infofish ou Sipam, et enfin les associations de producteurs ou de scientifiques qui disposent d'une forte capacité de synthèse et d'un pouvoir d'influence croissant (Was, Eas, Feap, Eastlish, etc).
lfremer, en raison de son expérience et de la variété de ses compétences, a vocation et intérêt à jouer un rôle actif dans ces démarches de réflexion, de proposition, de partenariat. Cette action est d' autant plus nécessaire qu' il apparait le besoin croissant de capacité de synthèse opérationnelle et d'anticipation dans un contexte difficile de développement de l'aquaculture dont nous savons déjà qu'il sera plus chaud, plus compétitif et plus instable

This conference was the second step of a long development process launched in Kyoto, in 1976, first trial to estimate the potential of aquaculture, recent but promising activity. Progress made by aquaculture have stressed F AO to organise an overview of this activity with an ambitious goal: to establish the frame of a sustainable development for the next 25 years. For that purpose, FAO, supported by NACA network welcomed 600 scientists from 72 countries during 5 days in Bangkok in order to screen all aspects of aquaculture development: legal frame, scientitic research, technical transfer, extension services, education &  training, socio-economics, etc. The conference was managed as a FAO workshop: keynote speeches, specialised sessions concluding in recommandations collected in a final declaration. From a conceptual point ofview, this conference presents two deticiencies:
1. Lack of critical analysis of Kyoto recommandations: 25 years later, it should had been profitable to assess the declaration of this tirst conference: analysis of the relevancy of the main recommandations, listing of underestimated or forgotten topics (genetics, environment, global coastal management..), checking of production estimations by group of species and main regions. This useful work had never been asked, nor cited.
2. Lack of screening of the main parameters which wiu determine the constraints and the potential of aquaculture for the ned 25 years. lnasmuch the general objective of this conference was to draw a prospective view of aquaculture, it seems to be necessary to take into account the evolution of all determining factors which could have a significant impact on the future of aquaculture: global climate change (warming,  nstability, ... ), technological gap between North and South, scarcity of fresh water in an increasing number of countries, failure of aquaculture development in Africa although demographics are not managed, lack of laws and regulations at the international scale, low level of investments and research in coastal management, etc. Facing those issues, the final recommandations of Bangkok show to be theoritical, conventionnaL and shortsighted.
Therefore, the conference work, which was huge, led to FAO-type c1assical recommandations, accounting mainly current constraints: importance of teaching and training, need of multidisciplinary approach of problems and projects, priority to environment sustainability, etc. New aspects have been also considered in the final declaration: usefulness of information networks and specialised databanks, identification of sustainibility indicators, codes of conduct, priority to prevention in pathology, principle of precaution, importance and vulnerability of the coastal area ... Those recommandations were elaborated in the general optimistic view of aquaculture development as if the production, value and consumption trends should remain steadily increasing for 25 years: 60 millions T. in 2005 (World Bank), 185 Millions T. in 2025 (De Senna). The conference underlined the emergence of three new important groups of stakeholders: the regional organisations (European Union, Asean, regional Commissions ... ), the networks, like Naca, FishBase, InfoFish or Sipam, and the producers associations or scientific societies which have now a capacity to undertake operation al and updated synthesis or reviews for of decision-makers at various levels (Was, Eas, Feap,  astFish, etc). Ifremer, thanks to its experience and its broad range of expertise and research skills, has a c1ear interest to play a major role in those general studies, proposais and partnerships. This involvement is all the more necessary because development management requires a greatercapacity of synthesis and anticipation as we already know that the global context of this development will be more and more competitive, « hot » and unstable.