Rapport des campagnes MARACAS 7 & 8

En 2014 le gouvernement de la Nouvelle-Caledonie a cree le parc naturel de la mer de Corail, l'une des plus grandes zones protegees au monde. Afin de renseigner les zones de conservation prioritaires et de faciliter la mise en place de mesures qui puissent efficacement proteger la megafaune marine, il est necessaire d'acquerir des informations sur sa distribution et l'usage des habitats. C'est pourquoi en 2016, l'IRD a lance le programme WHERE1 qui vise a explorer la distribution spatiale et l'habitat des baleines a bosse pour ameliorer leur gestion spatiale dans le parc naturel de la mer de Corail.
Les principaux objectifs du programme WHERE consistent a etablir la distribution des baleines a bosse au sein du parc naturel de la mer de Corail, a evaluer la connectivite entre les differentes zones du parc et avec les regions voisines, a identifier les corridors migratoires et a collecter des informations sur la distribution des autres especes de cetaces rencontrees dans la ZEE. Ces objectifs ont ete en grande partie remplis grace aux campagnes MARACAS (MARine mAmmals of the CorAl Sea) menees dans le parc naturel de la mer de Corail depuis 2016. De facon generale, ces campagnes ont revele la diversite des habitats utilises par les baleines a bosse en Nouvelle-Caledonie, et les nombreuses connexions qui existent au sein du parc. Les recifs, bancs et monts sous-marins peu profonds de la ride de Norfolk, des Loyaute et de l'alignement des Chesterfield ont ete identifies comme des zones de conservation et de recherche prioritaires de par l¡¦importance de ces habitats dans le cycle de vie des baleines a bosse.
Ce rapport presente les resultats des missions MARACAS 7 et 8 conduites au cours de l¡¦hiver austral 2019 et qui se sont concentrees sur l''utilisation des monts sous-marins par les baleines a bosse, ainsi que par la megafaune marine de facon plus generale. D'une part, une etude pluridisciplinaire a ete menee a bord du N.O. Alis sur la ride de Norfolk (monts sous-marins d'Antigonia, Crypthelia et Munida) en collaboration avec la Communaute du Pacifique au cours de la campagne MARACAS 7, divisee en 4 legs (juin, juillet, aout, et septembre 2019). D'autre part, le sud de la ride des Loyaute (banc de l'Orne, banc Ellet, ile de Walpole) a ete echantillonne au cours de la campagne MARACAS 8 a bord de l'Amborella (juillet 2019).

MARACAS 7 - la ride de Norfolk : Effort : Entre juillet et septembre 2019, 90h de transects linéaires ont été réalisées sur la zone d’étude, ainsi que 35 traits de chalut (répartis sur 13 stations), 29 CTD et 25 XBT. Un hydrophone acoustique autonome a été déployé sur Antigonia ; il a permis d’enregistrer environ 140 heures. Diversité : Sept espèces de cétacés ont été identifiées, et 16 taxa d’oiseaux marins dont 8 identifiés au niveau spécifique. Densité : Au total, 390 observations de mégafaune marine ont été effectuées dans la zone d’étude, incluant 94 groupes de baleines à bosse et 166 groupes d’oiseaux marins. Les plus fortes densités de baleines à bosse ont été estimées sur le sommet du mont sous-marin d’Antigonia en août (2.72 baleines/km2, corrigée pour la disponibilité). Les sommets de Crypthelia et Munida affichent des densités moindres, mais qui restent généralement supérieures à celles mesurées dans l’espace pélagique environnant. Synthèse préliminaire : Les trois monts sous-marins étudiés ont été le lieu d’observations de nombreuses espèces d’oiseaux marins et de cétacés, et semblent donc jouer un rôle attracteur de la mégafaune marine en comparaison de l’espace pélagique environnant. Antigonia apparait comme un site de regroupement majeur de baleines à bosse par rapport à Crypthelia et Munida, en particulier au mois d’août.

MARACAS 8 - la ride des Loyauté – Effort : cinq jours ont été passés dans la région de Walpole où l’effort d’échantillonnage représente 27h10 et 9h04 ont été passées à échantillonner le mont Ellet au cours une seule journée. Densité : Les taux de rencontre mesurés au banc de l’Orne et à Ellet (0,14 et 0,09 baleines/km) sont moins élevés qu’en 2017 (0,47 et 0,23 baleines/km respectivement). Connectivité : Parmi les 13 baleines photo-identifiées et les 12 baleines génotypées, un tiers environ avait déjà été recensé principalement dans le lagon Sud (n = 6) mais également sur le mont sous-marin Antigonia (n = 1). Le faible nombre de données collectées cette année ne nous a pas permis d’approfondir l’étude de la différence génétique précédemment observée entre le banc de l’Orme et Antigonia. Usage : La taille des groupes est faible et les femelles se trouvent majoritairement dans des paires en association avec un mâle. Synthèse préliminaire : Un faible nombre d’échantillon a été collecté en 2019. Au cours de cette dernière saison une faible fréquentation de baleines à bosse a été notée sur les zones de reproduction de Nouvelle-Calédonie mais également de l’océan Indien. C’est pourquoi nous avons sollicité une nouvelle campagne en 2020.

 

Texte intégral

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Version officielle éditeur
937 Mo
Comment citer
Garrigue Claire, Bonneville Claire, Derville Solène, Allain Valérie, Aucan Jérôme, Bourgogne Hugo, Bachelier Celine, Dutheil Cyril, Grelet Jacques, Laran Sophie, Menkes Christophe, Niksic Sara, Pallin Logan, Pérard Véronique, Portal Annie, Receveur Aurore, Renaud Armelle, Roger Jean, Varillon David, Vourey Elodie (2020). Rapport des campagnes MARACAS 7 & 8. IRD. https://doi.org/10.13155/72338

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