Les annexes hydrauliques du fleuve Meuse constituent des zones humides alluviales riches en biodiversité et potentiellement favorables à la reproduction du brochet (Esox lucius). Depuis deux décennies, la Fédération de la Meuse pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique (FDPPMA 55) réalise régulièrement des opérations de restauration sur ces milieux afin d’en améliorer leur fonctionnalité. Un suivi télémétrique par radiopistage a été utilisé pour suivre les déplacements de 100 brochets, 44 capturés dans le fleuve et 56 provenant de repeuplements, sur un linéaire de 7,6 km du fleuve Meuse. 188 campagnes de radiopistage ont permis de collecter près de 4000 détections de brochets vivants et ainsi de retracer leurs déplacements.
C’est en hiver et au printemps, lorsque le débit du fleuve est élevé, que les densités les plus importantes de brochets ont été observées dans les annexes hydrauliques, confirmant ainsi leur rôle de refuge et de frayère pour l’espèce. Les plus attractives pendant la période de reproduction du brochet étaient celles de type « noue », possédant une connexion permanente avec le lit mineur, une grande surface de berges submergées et une importante diversité d’habitats. Les travaux, qui ont favorisé le développement de ces paramètres, ont été bénéfiques pour la reproduction des géniteurs ainsi que pour la migration des juvéniles vers le lit mineur. Aujourd’hui, la capacité de recrutement sur le secteur d’étude est estimée à 1093 brochets adultes. Elle est bien supérieure à la capacité d’accueil qui se situe entre 376 et 538 brochets adultes. Sur ce type de contexte, il semble nécessaire d’orienter les futures opérations de restauration sur des zones d’habitats et de nurserie pour l’espèce à l’intérieur du lit mineur. Les regroupements de brochets à proximité des ouvrages transversaux et le piégeage de certains d’entre eux dans les plans d’eau lors des crues ont démontré que ces aménagements anthropiques perturbaient leurs déplacements. Le prélèvement de brochets par les pêcheurs de loisir a été probablement à l’origine de la disparition de 56% de l’effectif d’individus marqués. Ces résultats doivent amener les gestionnaires de la pêche de loisir et des milieux aquatiques à améliorer leur gestion en faveur de la protection de l’espèce brochet. La dernière partie de ce rapport expose plusieurs pistes d’actions qui vont dans ce sens.

Meuse river secondary channels are alluvial wetlands with a great biodiversity potentially favorable for pike reproduction (Esox lucius). Since two decades, the Federation of the Meuse for Fishing and the Protection of the Aquatic Environment (FDPPMA 55) did restoration operations on these wetlands for to improve their functionality. The technic of radio tracking was used to track the movements of 100 pike, 44 caught in the river and 56 from stocking, over a 7.6 km from the Meuse river. 188 radio-tracking campaigns have collected nearly 4 000 detections of live pike and thus track their movements.
It is in winter and spring, when the river flow is high, that the highest densities of pike were observed in the secondary channels, thus confirming their role of refuge and spawning ground for the species. The most attractive during the pike breeding period were the pond with a permanent connection with the minor bed and with a large area of submerged banks and a large diversity of habitats. The restauration of secondary channel, which favored the development of these parameters, has been beneficial for the reproduction of pike spawners as well as for the migration of juveniles towards the minor bed. Today, the recruiting capacity in the study area is estimated at 1 093 adult pike. It is much higher than the carrying capacity, which is between 376 and 538 adult pike. On this type of context, it seems necessary to orient future restoration operations on areas of habitats and nursery for the species inside the minor bed. The grouping of pike near the dams and the trapping of some of them in the old alluvial quarry during the floods demonstrated that these anthropic developments disturbed their movements. The fishing of pike by recreational anglers was probably responsible for the disappearance of 56% of the number of tagged individuals. These results should lead managers of recreational fisheries and aquatic environments to improve their management in favor of the protection of the pike species. The last part of this report sets out several courses of action that go in this direction.